Pour http://fr.globalvoicesonline.org
De nouveaux développements se sont produits dans la controverse autour de la centrale hydroélectrique de Belo Monte et ses barrages. La troisième plus grande centrale hydroélectrique au monde en terme de capacité électrique doit être construite au cœur de l’Amazonie, dans l’Etat brésilien de Pará. Le 1er juin 2011, Curt Trennepohl, avocat et actuel Président d’Ibama (Institut brésilien pour l’Environnement et les Ressources naturelles renouvelables) a fait ce que ses prédécesseurs avaient refusé de faire: il a approuvé le permis de construire de Belo Monte .
Les organes fédéraux de l’Environnement ont regimbé tout particulièrement depuis 2008, date à laquelle l’ancienne Ministre de l’Environnement Marina Silva a démissionné, à pleinement accorder un permis de construire pour ce projet. Les populations autochtones et les organisations environnementales s’y sont opposées à travers tout le pays. Néanmoins, ces mouvements n’ont pas suffi à convaincre le Gouvernement brésilien de changer d’avis sur la centrale. Belo Monte doit être achevée d’ici 2015 et devrait générer 11 000 MW afin d’approvisionner en électricité 26 millions de personnes.
Pour aller plus loin : Deux autres billets analysent la centrale hydroélectrique de Belo Monte dans la période précédant l’approbation par l'Ibama, en juin, du permis de construire:
Brésil : Le Rio Xingu sacrifié par le projet du barrage de Belo Monte (Octobre 2010); et Belo Monte dam returns to the spotlight (Janvier 2011).
Ce billet a été édité par Lou Gold.
Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais Gros plan sur les forêts: l’Amazonie.
De nouveaux développements se sont produits dans la controverse autour de la centrale hydroélectrique de Belo Monte et ses barrages. La troisième plus grande centrale hydroélectrique au monde en terme de capacité électrique doit être construite au cœur de l’Amazonie, dans l’Etat brésilien de Pará. Le 1er juin 2011, Curt Trennepohl, avocat et actuel Président d’Ibama (Institut brésilien pour l’Environnement et les Ressources naturelles renouvelables) a fait ce que ses prédécesseurs avaient refusé de faire: il a approuvé le permis de construire de Belo Monte .
Les organes fédéraux de l’Environnement ont regimbé tout particulièrement depuis 2008, date à laquelle l’ancienne Ministre de l’Environnement Marina Silva a démissionné, à pleinement accorder un permis de construire pour ce projet. Les populations autochtones et les organisations environnementales s’y sont opposées à travers tout le pays. Néanmoins, ces mouvements n’ont pas suffi à convaincre le Gouvernement brésilien de changer d’avis sur la centrale. Belo Monte doit être achevée d’ici 2015 et devrait générer 11 000 MW afin d’approvisionner en électricité 26 millions de personnes.
Même l’appel lancé début avril par la Commission interaméricaine des Droits de l’Homme (IACHR) de l’Organisation des États américains (OAS) n’a pu avoir de quelconque influence. Cet appel à l’octroi d’une mesure de précaution pour les communautés locales était une réponse de l’OAS en soutien à la plainte déposée par les autochtones et les groupes de défense de l’Environnement. Le gouvernement a répondu via un communiqué de presse qu’il considérait les demandes de l’IACHR “précipitées et non justifiées”. Le Sénat brésilien a rejeté la décision de l’organisation et approuvé le 11 juin un vote de censure contre l’OAS .
Le journaliste et blogueur Leonardo Sakamoto a jugé enfantine la réponse du Gouvernement, publiée fin mai. Il en a fait une analyse ironique :
Le journaliste et blogueur Leonardo Sakamoto a jugé enfantine la réponse du Gouvernement, publiée fin mai. Il en a fait une analyse ironique :
Mesmo que ele não quisesse mudar uma pedrinha no planejamento da hidrelétrica, poderia ter respondido de forma amena, enrolando a história, passando a imagem de democrata preocupado com as minorias e de respeitoso às demandas de organismos internacionais, enquanto faria o seu trabalho de rolo-compressor nos bastidores.
Même si le Gouvernement n’a pas changé d’un iota quant au projet hydroélectrique, il aurait pu répondre de manière modérée, contourner le sujet, véhiculer l’image d’un pays démocratique concerné par ses minorités et respectueux des demandes des organes internationaux tout en poursuivant quand même son travail de passage en force en coulisse.
Arrêt du projet Belo Monte : sur internet et dans la rue .
Début juin, un mouvement original a pris place sur Facebook. Plusieurs utilisateurs ont changé la photo de leur profil pour présenter des photos d’autochtones d’Amazonie. Bien qu’on ne puisse préciser le nombre de ceux qui ont suivi le mouvement, celui des supporters a cru au fil des jours, avec ce message:
Le 26 mai, une photo du chef kayapó Raoni en pleurs a été publiée sur internet. D’après la légende, le chef aurait éclaté en sanglots parce que la Présidente Dilma avait approuvé le permis de Belo Monte. De nombreux citoyens ont partagé cette information, laquelle s’est avérée être plus tard fausse. Le blogueur Robson de Souza a dénoncé la rumeur deux jours plus tard sur son blog. Il a récusé l’information (car le permis devait être apprécié par Ibama, non par le Président), et l’a rectifiée, signalant que la photo avait été prise en 2002, lors de l’enterrement d’Orlando Villas-Bôas, un ami autochtone de Raoni et il a ajouté :
PROTESTO CONTRA BELO MONTE from Lucas Tanajura on Vimeo.
Début juin, un mouvement original a pris place sur Facebook. Plusieurs utilisateurs ont changé la photo de leur profil pour présenter des photos d’autochtones d’Amazonie. Bien qu’on ne puisse préciser le nombre de ceux qui ont suivi le mouvement, celui des supporters a cru au fil des jours, avec ce message:
Troque a foto do seu perfil pela foto de um índio do Xingu.
E vamos parar Belo Monte. Compartilhe.
Essa é a nossa tribo. Somos todos índios!
Changez la photo de votre profil contre une photo d’un autochtone de la région du Xingu.
Et faisons arrêter Belo Monte. Faites passer ce message.
Voici notre tribu. Nous sommes tous des autochtones!
Le 20 mai après-midi, des membres des communautés autochtones du bassin fluvial du Xingu sont allés à São Paulo où ils ont manifesté contre Belo Monte face au Musée d’Art de la ville (MASP).Et faisons arrêter Belo Monte. Faites passer ce message.
Voici notre tribu. Nous sommes tous des autochtones!
Le 26 mai, une photo du chef kayapó Raoni en pleurs a été publiée sur internet. D’après la légende, le chef aurait éclaté en sanglots parce que la Présidente Dilma avait approuvé le permis de Belo Monte. De nombreux citoyens ont partagé cette information, laquelle s’est avérée être plus tard fausse. Le blogueur Robson de Souza a dénoncé la rumeur deux jours plus tard sur son blog. Il a récusé l’information (car le permis devait être apprécié par Ibama, non par le Président), et l’a rectifiée, signalant que la photo avait été prise en 2002, lors de l’enterrement d’Orlando Villas-Bôas, un ami autochtone de Raoni et il a ajouté :
Não sou defensor de Belo Monte, muito pelo contrário. Sou totalmente contra a construção daquela usina, que poderá inundar mais de 500km² de floresta e, de quebra, prejudicar muitos indígenas. Mas também sou contra a divulgação de boatos. Se é para impedir Belo Monte de ser construída, que seja com a verdade, não com mentiras.
Je ne suis pas favorable à Belo Monte. Au contraire, je suis totalement opposé à la construction de cette centrale, laquelle noiera plus de 500km² de forêts et, par dessus le marché, nuira à de nombreuses communautés autochtones. Mais je suis aussi opposé au fait de répandre des rumeurs. Si nous voulons éviter la construction de Belo Monte, nous devons le faire en disant la vérité, non des mensonges.
Le grand public a été informé de ce permis de construire le 1er juin. Deux jours plus tard, le 3 juin, les citoyens opposés au projet ont manifesté à Salvador, dénonçant l’impact environnemental que le barrage aura sur les populations avoisinantes:PROTESTO CONTRA BELO MONTE from Lucas Tanajura on Vimeo.
Il a été appelé à des manifestations nationales le 5 et le 19 juin dans les villes de Salvador, Rio de Janeiro, Campo Grande et São Paulo, comme ceci a été rapporté par le site Xingu Vivo. Outre le rejet du barrage hydroélectrique de Belo Monte, il y avait à l’ordre du jour pour les manifestants la critique d’une autre question pertinente: l’approbation du nouveau et controversé Code forestier à la Chambre des députés. Les visages peints pour ressembler aux autochtones de la région du Xingu, les manifestants ont joué du tambour tout le long de la marche et ont diffusé des messages de désapprobation sur leurs affiches et bannières.
Les photos suivantes appartiennent au compte Flickr de Guima San :
Les photos suivantes appartiennent au compte Flickr de Guima San :
Toutes ces critiques émises sur le projet annoncent plus de mobilisations. Le 16 juin, des groupes de défense qui travaillent avec les communautés du bassin fluvial du Xingu, dans l’Etat de Para en Amazonie brésilienne, en ont appelé une nouvelle fois aux organes internationaux. Ils ont déposé une pétition pour se plaindre d'une atteinte aux Droits de l’Homme par le Gouvernement brésilien car celui-ci n’a pas mené de vraie consultation des populations locales et a ignoré la mesure de précaution émise par l’Organisation interaméricaine des Droits de l’Homme en avril. Le Brésil pourrait être poursuivi et jugé par la Cour interaméricaine des Droits de l’Homme de l’Organisation des Etats américains.
Pendant ce temps, des familles des régions les plus pauvres d’Altamira qui seront probablement inondées par le barrage de Belo Monte ont commencé à chercher des propriétés abandonnées à occuper à la périphérie de la ville,. Il y a aurait déjà des rapports selon lesquels la police recourerait à la force pour s’opposer aux occupations.
Un groupe de Brésiliens a produit un court documentaire sur l’impact de la centrale hydroélectrique, intitulé Belo Monte: l’annonce d’une guerre. La vidéo est une production indépendante diffusée sur internet il y a un mois, et ses créateurs cherchent de l’aide afin de continuer ce projet via un financement communautaire:
BELO MONTE, ANNOUNCEMENT OF A WAR from André Vilela D'Elia on Vimeo.
“Le combat pour un lieu se transforme en un combat pour tous nos autres espaces”, rappelle Lou Gold sur son blog tandis qu’il décrit “Belo Monte comme un lutte emblématique pour des choix aux conséquences mondiales qui trace notre futur.”Pendant ce temps, des familles des régions les plus pauvres d’Altamira qui seront probablement inondées par le barrage de Belo Monte ont commencé à chercher des propriétés abandonnées à occuper à la périphérie de la ville,. Il y a aurait déjà des rapports selon lesquels la police recourerait à la force pour s’opposer aux occupations.
Un groupe de Brésiliens a produit un court documentaire sur l’impact de la centrale hydroélectrique, intitulé Belo Monte: l’annonce d’une guerre. La vidéo est une production indépendante diffusée sur internet il y a un mois, et ses créateurs cherchent de l’aide afin de continuer ce projet via un financement communautaire:
BELO MONTE, ANNOUNCEMENT OF A WAR from André Vilela D'Elia on Vimeo.
Pour aller plus loin : Deux autres billets analysent la centrale hydroélectrique de Belo Monte dans la période précédant l’approbation par l'Ibama, en juin, du permis de construire:
Brésil : Le Rio Xingu sacrifié par le projet du barrage de Belo Monte (Octobre 2010); et Belo Monte dam returns to the spotlight (Janvier 2011).
Ce billet a été édité par Lou Gold.
Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais Gros plan sur les forêts: l’Amazonie.
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