La péninsule arabique fut pendant des millénaires le carrefour désertique de toutes les caravanes, offrant puissance et richesses aux tribus nomades vivant au cœur des sables. La découverte de pétrole en mars 1938 transforme le pays sur le plan économique et marque le début d’une alliance stratégique avec les
États-Unis devenus le protecteur armé de la dynastie. L’esclavage est aboli en 1968. Pendant des siècles, les habitants de la péninsule arabique avaient importé des esclaves étrangers en masse, notamment des Noirs d´Afrique orientale dont les descendants sont encore nombreux dans le royaume. L’Arabie Saoudite est vaste (plus de 2 millions de km²) est moyennement peuplée (27 millions) répartis majoritairement sur les côtes et dans les grandes villes. La géographie démographique des Émirats est à peu près la même, à ceci près que ces minuscules et très riches principautés hébergent une majorité de travailleurs étrangers (pauvres d’Asie et riches d’occidents).
Les libertés sont très restreintes, seul l’Islam fondamental est toléré et encouragé. Le régime tribal sunnite accepte les variations dans la croyance mais seulement du fondamentalisme jusqu’à l’extrémisme. La Constitution du pays se fonde sur le Coran et la
sunna selon la compréhension des
compagnons de Mahomet. Aucune manifestation ou culte d’une autre religion n’est acceptée et ceux qui expriment à ce titre une opinion différente sont déclarés apostats et passibles de la peine de mort. La liberté de religion de la population non-musulmane d’origine y est très restreinte, et doit s’exercer exclusivement dans le domaine privé. Les irréligieux, personnes de confession juive, ou simplement personnes ayant un visa pour
Israël sur leur passeport, sont interdits de séjour. De plus, l’accès des villes de La Mecque et Médine est uniquement réservé aux musulmans. Les partis politiques et les syndicats ne sont pas autorisés. Pendant les années 1990, le Parti socialiste arabe d’action et le Parti communiste d’Arabie saoudite furent dissous et leurs membres libérés de prisons après leur engagement à ne pas poursuivre leurs activités politiques. Le Parti vert d’Arabie saoudite est la seule formation politique active dans le royaume, mais son existence n’est pas reconnue légalement. Les premières élections, au niveau municipal uniquement, eurent lieu en 2005, et il est important de noter que deux femmes furent élues au Conseil de Jeddah. Une première dans le royaume. Le vote devrait être autorisé pour les femmes lors des prochaines municipales selon le roi Abdallah.
Les gisements de pétrole étant limités et leur emplacement géographique ne coïncidant généralement pas avec celui des pays consommateurs, l’exploitation des ressources pétrolifères est source de tension. Les pays consommateurs, généralement de grandes puissances militaires, sont alors tentés d’employer des moyens violents pour avoir accès à ces ressources. La géostratégie des détroits par lesquels passent les pétroliers constitue le second enjeu : celui du transport pétrolier. Près de 20% du commerce mondial dont 40% des exportations du pétrole emprunte le détroit d’Ormuz. Aujourd’hui, il est inconcevable que ce dernier soit fermé ou même menacé. Les pays limitrophes (
Iran, Oman, Émirats arabes unis et Arabie saoudite) sont au cœur de l’une des régions les plus convoitées de la planète. La Cinquième flotte américaine y mouille d’ailleurs en permanence.
La politique américaine est expliquée par ces facteurs, son influence doit être forte et unique dans la péninsule. Le soutien politique à la famille princière est donc inconditionnel et tout est toléré (avec quelques exceptions médiatiquement symboliques). L’aide militaire est avec les pétrodollars la principale entrée de devise du pays, l’armée saoudienne est très bien équipée et les unités américaines sont déployées sur toute la zone. La politique saoudienne est bornée, elle doit plaire au géant impérialiste plus qu’à la population locale. Cependant la famille princière forte d’un lobbying important se permet quelques libertés en politique intérieure. Jusqu’alors les
États-Unis toléraient tout sur le territoire national tant que l’Arabie Saoudite respectait une certaine ligne pro-américaine en politique étrangère. Les pétrodollars ont permis aux riches dirigeants arabes de prendre possession du capital de nombreuses entreprises américaines, ainsi la famille
Ben Laden rencontre régulièrement la famille Bush lors des assemblés d’actionnaires de CARLYLE (entre autre). L’Arabie Saoudite héberge donc de grands clans puissants qui possèdent une partie de la richesse américaine, leur influence est donc naturelle au sein de l’administration américaine.
L’Arabie Saoudite se range toujours du côté américain en terme de politique internationale mais elle joue ses propres cartes. La pression fondamentaliste du peuple l’oblige à ne pas soutenir trop directement le protecteur gênant. Ainsi le pays héberge aussi les principaux financiers du terrorisme, bien plus que ceux affichés dans une liste noire trompeuse (Le Venezuela de
Chavez soutiendrait le terrorisme mais pas l’Arabie Saoudite). L’Arabie Saoudite est donc très différente des Émirats : ceux-ci sont très riches de leurs ressources et son composés à majorité de travailleurs étrangers qui construisent les grands symboles de richesse à l’aide de tours de verre ou d’iles artificielles ; L’Arabie Saoudite possède elle aussi ces grands palais mais elle est composée d’une population nombreuse qui profite plus ou moins des dollars tout en étant étroitement bridée par des religieux intolérants. Le point commun étant la forte présence américaine, en devises comme en soldats.
Pour conclure on peut noter que l’influence américaine a sans doute rendue impossible l’alliance redoutée des pays arabes qui aurait permis un contrôle accrue des prix et un front uni face au conflit israélo-palestinien. Mais comme toujours les USA se font mordre la queue à leur propre jeu. En soutenant inconditionnellement un régime autoritaire les États-Unis ont permis une poussée fondamentaliste et anti-impérialiste qui leur fera du tort rapidement.
source :
LGV
livre à ce sujet : Or noir et Maison Blanche : Comment l’Amérique a vendu son âme pour le pétrole saoudien