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mercredi 13 mars 2013

Opération marketing pour Xi Jinping

Par Martine Bulard
01/03/2013
Source : http://blog.mondediplo.net
English  Marketing operation for Xi Jinping

On ne peut pas dire que M. Xi Jinping soit resté inactif entre le 14 novembre, où il a été porté à la tête du parti communiste chinois (PCC), et le 10 mars, où il est officiellement nommé président de la République, lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP) [1],. Il a multiplié les voyages en province et les discours sur les sujets les plus divers : pauvreté en zones rurales, inégalités, droits des migrants, corruption, justice, éthique des communistes, pollution, sans oublier les questions militaires...

Le nouveau leader s’est ainsi attaché à sculpter une image d’homme populaire, simple et volontariste. Il était jusqu’alors peu connu du grand public, à la différence de sa femme Peng Liyuan (49 ans), chanteuse de l’Armée populaire de libération (APL), vedette régulière des galas du nouvel an chinois à la télévision officielle. Célèbre dans tout le pays, elle lui apporte d’emblée une touche glamour, plutôt inattendue chez les dirigeants chinois. Mais il lui en faut plus.

M. Xi Jinping a donc pris son bâton de pèlerin, calculé chacune de ses sorties, joué des caméras, manié les symboles. Son premier déplacement s’est effectué dans le sud du pays, réputé pour son dynamisme et son innovation — à la manière de Deng Xiaoping, qui avait lancé les réformes et ouvert le pays lors d’un périple dans la région, à la fin des années 1970. En se mettant délibérément dans les pas de ce dernier, le secrétaire général du PCC entend montrer sa volonté « d’approfondir les réformes », comme il l’a déclaré, sans toutefois en préciser les contours. Il s’est ensuite rendu auprès des militaires affirmant haut et fort sa volonté de prêter attention à l’armée et lui fixer un cap clair. Pour son troisième voyage ultra médiatisé, il s’est rendu dans un village rural du Hebei, l’une des provinces les plus pauvres du pays. Enfin, en plein nouvel an chinois, il a rendu hommage aux migrants (mingongs), ces ruraux venus travailler dans les villes se pliant à des conditions de travail et de vie souvent très difficiles.

Rompu au marketing, il a fait nommer des personnalités très populaires à la Conférence consultative politique du peuple chinois qui compte 2 337 membres [2] et qui se réunit un jour avant l’ANP : le prix Nobel de littérature Mo Yan ; l’ancien joueur de basket de la NBA Yao Ming ; l’acteur Jackie Chan... Succès assuré. Mais le rôle de la docte Conférence sera-t-il valorisé pour autant ? Rien n’est moins sûr.
L’ANP entérine également la constitution du gouvernement dirigé par M. Li Keqiang, vice premier ministre exécutif dans le précédent. De toute évidence, la nouvelle équipe a du pain sur la planche. Les dossiers à traiter d’urgence sont nombreux.

- Corruption. Il s’agit là de l’une des questions les plus sensibles. M. Xi ne prend pas de gants pour souligner l’urgence d’un plan d’attaque, parlant du « combat du tigre et des mouches » : « les problèmes de corruption, a t-il déclaré, mettent un mur entre notre parti et le peuple, et nous allons perdre nos racines, notre force vitale et notre force tout court ». [Xinhua, 11 janvier]
Depuis le Congrès, plusieurs responsables ont été mis sur la touche : le secrétaire adjoint de la province du Sichuan, qui avait été propulsé au Comité central du PCC, a été démis de ses fonctions pour avoir fricoté avec le groupe Borui (hôtellerie, pharmacie, construction...) et empoché de sérieuses commissions. Le cas n’est pas unique. La traque, souvent menée avec l’aide des réseaux sociaux, est prise au sérieux par les fonctionnaires et les cadres communistes. La presse officielle et les microblogs regorgent d’exemples de biens immobiliers soudainement vendus, de voitures officielles un peu moins luxueuses...

A la veille du nouvel an, période de fêtes dans tout le pays, M. Xi a appelé les responsables à modérer leurs dépenses et à faire preuve de « frugalité ». Appel immédiatement compris comme une directive politique et des « millions de repas d’affaires [dans les restaurants de luxe] ont été annulés » si l’on en croit le quotidien hongkongais South China Morning Post (9 février). Toujours sous l’œil des internautes. Le (futur) président de la République semble déterminé à entreprendre un grand nettoyage, sans pour autant remettre en cause bien des positions acquises, y compris au plus haut niveau de l’Etat. A la veille du Congrès, il avait été envisagé que les dirigeants nationaux et provinciaux déclarent leurs revenus et leur patrimoine au début de leur mandat. La proposition a été enterrée... Faut-il y voir un signe prémonitoire ?

- Inégalités. C’est le deuxième gros dossier de la nouvelle équipe. Lors de son déplacement dans le village rural du Hebei, M. Xi est passé de maison en maison, a mangé une pomme de terre cuite au feu de bois, tandis que les caméras de la télévision s’attardaient sur le délabrement des maisons, la misère des habitants. Quelques jours plus tard, ses rencontres avec les paysans et les migrants de Lanzhou au Gansu ont été sous le feu des projecteurs. « Il faut, a-t-il dit alors, que les dirigeants passent plus de temps avec les populations afin de mieux comprendre leurs problèmes et de travailler résolument à développer les régions restées à l’écart. [3] »

En tout cas, pour la première fois depuis dix ans, l’agence officielle Xinhua a publié le dernier indice de Gini (de mesure des inégalités) qui frôle les 0,5 — soit l’un des plus hauts du monde. Dans la foulée, le gouvernement sortant a dévoilé les trente-cinq points d’une future réforme pour « une nouvelle redistribution des revenus » : hausse du salaire minimum devant représenter 40 % du salaire moyen, augmentation des traitements des fonctionnaires du bas de l’échelle dans les zones rurales, hausse des dépenses publiques pour l’éducation et la santé... Le calendrier de la mise en œuvre n’a pas encore été fixé. Mais la nouvelle équipe ne pourra pas différer trop longtemps les initiatives, tant le mécontentement est grand et le risque d’explosion sociale prégnant.

- Droits des migrants. Ils sont plus de 253 millions dans tout le pays. Or en Chine, les droits sociaux (faibles mais néanmoins essentiels) sont attachés au lieu de naissance, notés sur un houku (sorte de passeport intérieur) et non au lieu de vie. Les migrants n’ont donc pas les mêmes avantages que les urbains notamment pour le logement, la santé, l’inscription des enfants à l’école. Si la première génération, trop heureuse d’avoir un travail et portée par l’espoir de rentrer un jour au village, a accepté la situation, il n’en va pas de même pour la seconde. Plus éduquée, plus sûre d’elle-même et apte à faire jouer la concurrence entre les entreprises à la recherche de main-d’œuvre, elle s’avère plus revendicative. Du côté du patronat, le besoin d’un personnel plus qualifié le pousse à essayer de fidéliser les salariés. Cela pourrait se traduire par une égalisation des droits et une réforme en profondeur du houku, qui pour les riches et pour certains cadres qualifiés n’existe déjà plus.

- Pollution. L’épais brouillard qui s’est abattu sur Pékin a révélé l’ampleur de la dégradation. Il suffit d’avoir expérimenté un voyage en voiture au-delà du cinquième périphérique pour comprendre que la saturation menace, malgré les restrictions de circulation. Les usines polluantes autour de la capitale et le chauffage au charbon (pourtant interdit dans Pékin) ont fait le reste. Moins spectaculaires, la contamination et la raréfaction de l’eau entraînent également des conséquences humaines désastreuses. L’ancienne équipe avait commencé à s’attaquer à la tâche, avec notamment la fermeture de certaines unités de production, la construction de transports en commun, le financement de recherche sur le moteur électrique et les nouveaux matériaux... . Mais lentement. Trop lentement. Celle-ci ira-t-elle plus vite ? Impossible de répondre. En revanche, elle a reconnu publiquement le problème en faisant publier la liste de quatre cents « villages cancer », où la maladie s’est propagée et la mortalité envolée. Des analyses de terres y sont lancées. Des taxes pénalisant l’émission de carbone sont dans les tuyaux.

- Réforme politique. Pas encore président, M. Xi a déjà insisté à plusieurs reprises sur les bienfaits d’une justice qui protége les faibles contre les forts : « Le contrôle de l’application de la loi devrait être renforcé, toute ingérence [des pouvoirs] illégale éliminée, tout protectionnisme local et départemental empêché, et toute corruption pénalisée. » (« Xi stresses judicial indenpdance », Xinhua, 24 février). Et d’émailler son discours de référence à l’« Etat de droit » — expression jusqu’alors quasiment jamais utilisée par les dirigeants. S’il insiste sur l’indépendance de la justice, il l’assortit d’un « aux caractéristiques chinoises », dont les contours restent encore flous. La séparation de la justice et de l’Etat ne semble pas à l’ordre du jour. Toutefois, la fermeture des camps de travail, toujours si sombrement actifs, a été annoncée. Ce qui peut augurer d’un réel tournant.

Dans le domaine strictement politique, on perçoit peu de signes d’ouverture, si ce n’est une volonté de placer les dirigeants sous la vigie des citoyens et des internautes... Au moins tant que cela n’entrave pas les objectifs du pouvoir. Hier absente, l’opinion publique commence à peser, à l’instar de la campagne contre la corruption locale ou contre la pollution (Lire Cholé Froissart, « Visage de la démocratisation chinoise », blog Planète Asie du Monde diplomatique, 12 décembre 2012.). Pour le PCC, l’avantage est double : prendre le pouls de la population afin d’éviter les débordements incontrôlés et rester maître du jeu, puisque la censure peut s’abattre à tout moment.

Toutefois, un début de progrès démocratique pourrait voir le jour dans les très grandes entreprises, marquées par un flot continu de grèves et par le discrédit du syndicat maison. Foxconn, le sous-traitant d’Apple et premier employeur privé de Chine, a annoncé haut et fort dans la presse anglo-saxonne, qu’il organiserait des élections « libres » dans ses usines (Lire « Foxconn plans Chinese Union vote », Financial Times, 3 février 2013, ). Sans doute cherche-t-il avant tout à calmer les consommateurs occidentaux qui mettent en cause ses méthodes archaïques et inhumaines d’exploitation des ouvriers. Mais, cela reflète également le rejet par les salariés du syndicat unique — la Fédération des syndicats de toute la Chine (All-China Federation of Trade Unions, ACFTU), véritable émanation du Parti communiste — qui choisit les représentants des travailleurs en coopération avec les directions d’entreprises (publiques ou privées). Chez Foxconn, le dirigeant syndical qui s’appelle Chen Peng n’est autre que l’ancien directeur de cabinet du grand patron du groupe taïwanais Terry Gou... Inutile de dire qu’il était peu revendicatif. _A la veille du Congrès, le dirigeant communiste du Guangdong Wang Yang promettait d’organiser de telles élections dans trois cents grandes entreprises de la province, conscient qu’il valait mieux avoir de vrais interlocuteurs pour négocier que d’être contraints d’éteindre des incendies. Il espérait alors bénéficier d’une promotion au sein du PCC ; il est resté à la porte. M. Xi le laissera-t-il expérimenter cette démarche pour éventuellement en tirer des leçons plus générales ?

- Mer de Chine. La fin de règne du président Hu Jintao a été marquée par la multiplication des incidents, notamment avec les Philippines autour du récif de Scarborough [4], mais aussi avec le Vietnam autour des îles Spratleys et avec le Japon à propos des îles Senkaku/ Diaoyou. L’affirmation de la puissance maritime chinoise, tout comme la montée des nationalismes de part et d’autre, ont ravivé les querelles régionales, largement attisées par les Etats-Unis qui cherchent à contenir le rôle de Pékin en Asie. Longtemps discret, M. Xi a fini par mettre en garde Washington contre toute intervention dans ce que Pékin considère comme des problèmes bilatéraux.

Devant l’armée, il a tenu un discours aussi musclé qu’étonnant autour de ce qu’il nomme le « rêve chinois » de régénération du pays. « Ce rêve, a t-il précisé, peut être considéré comme le rêve d’une nation forte, et pour les militaires, c’est le rêve d’une armée forte. Nous devons atteindre le grand renouveau de la nation chinoise, et nous devons assurer l’union entre un pays prospère et une armée forte. » De quoi plaire aux nationalistes chinois dont une partie considère que l’ancien président Hu était beaucoup trop mou, face à Washington et Tokyo.

- Corée du Nord. Cela fait des années que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et ses velléités nucléaires donnent des sueurs froides aux dirigeants chinois. Pékin voit d’un mauvais œil l’arrivée d’une puissance nucléaire sur ses marges et redoute que Tokyo s’en serve comme prétexte pour relancer ses projets. Pour la première fois, la Chine a condamné le dernier essai nucléaire de Pyongyang et réclamé des sanctions aux côtés de Washington et de Moscou. Les pressions plus ou moins discrètes, dont les restrictions dans les livraisons de pétrole, comme l’avait indiqué le spécialiste chinois Shen Dingli dans Le Monde diplomatique dès novembre 2006, se sont avérées inefficaces. Aujourd’hui, l’entêtement nord-coréen « décrédibilise la diplomatie chinoise », explique-t-il dans Foreign Policy. Pourtant Pékin ira t-il au-delà de la simple condamnation verbale, au risque de déstabiliser son voisin réfractaire ? M. Xi est resté d’une discrétion exemplaire.

- Cyberespionnage. Ces derniers mois, les relations avec les Etats-Unis se sont détériorées, en raison des condamnations verbales de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton dans les conflits en mer de Chine et, plus récemment, à cause de l’accusation de cyberespionnage. Les révélations de Mandiant, au sujet d’une société de cybersécurité, ont mis le feu aux poudres. Une unité de l’armée chinoise, connue sous le numéro 61 398 coordonnerait l’activité de « hackers », ayant recours à 1 000 serveurs localisés dans une dizaine de pays afin de s’approprier aussi bien des données économiques que techniques ou militaires un peu partout dans le monde. Quelle est la part de vérité dans ces révélations qui fleurent bon la guerre froide ? Evidemment les dirigeants chinois démentent, faisant valoir qu’en matière de cybertechonologie, les Etats-Unis et le Pentagone n’ont rien à envier à la Chine et son armée. Le récent rapport des deux spécialistes américains Keneth Liberthal et Peter W. Singer appelle à se débarrasser des mentalités de guerre froide pour instaurer un dialogue et un code de bonne conduite (Lire « Cybersecurity ans US-China Relations », Brookings, février 2013).

Entre l’affirmation par Pékin de son émergence sur la scène mondiale et la volonté américaine de reprendre la main dans le Pacifique, les relations entre les deux premières économies mondiale connaissent un tournant. Mais aucune des deux n’a intérêt à l’affrontement. En tout cas, c’est à Moscou que M. Xi effectuera sa première sortie en tant que président de la République.

Notes

 

[1] L’Assemblée nationale populaire se tient du 3 au 10 mars.
[2] Elle comprend des membres du PCC (40 %) des huit « partis démocratiques » officiellement reconnus (parmi lesquels le Comité révolutionnaire du Guomindang de Chine, la Ligue démocratique de Chine, l’Association pour la construction démocratique de la Chine, l’Association chinoise pour la Démocratie, le Parti démocratique paysan et ouvrier de Chine, la Ligue pour l’Autonomie démocratique de Taiwan...), des personnalités sans parti.
[3] China daily, Pékin, 6 février 2013.
[4] Lire Stephanie Kleine-Ahlbrandt, « Guerre des nationalismes en mer de Chine, Le Monde diplomatique, novembre 2012.

lundi 5 novembre 2012

Reportage : Nigéria , Etats-Unis/Mexique , Pennsylvanie

Source : http://videos.arte.tv


DL


Nigéria : l'éternelle marée noire

Pour la première fois aux Pays-Bas, une multinationale est assignée devant les tribunaux pour répondre de dommages créés par une de ses filiales à l'étranger.
Le géant pétrolier Shell comparaît devant un tribunal néerlandais pour des accusations de pollution dans le Delta du Niger.

C'est l'une des plus grandes catastrophes écologiques au monde.

Depuis plus d’un demi-siècle, une marée noire perpétuelle souille le delta du Niger. Une histoire qui a commencé en 1956 quand Shell, la compagnie historique, ouvrait son premier puits à Oloibiri.

Depuis, chaque année, l'équivalent d'un Exxon-Valdez, ce tanker de 180.000 tonnes échoué sur les côtes d'Alaska en 1989, se déverserait dans la mangrove. Résultat : un environnement dévasté, des populations locales incapables d'assurer leur subsistance et une rébellion qui menace la stabilité de la région.

A qui la faute ? Les écologistes dénoncent le laxisme des compagnies pétrolières et les avaries à répétition. Shell, Total, Agip, Chevron et les autres estiment que l'immense majorité des marées noires est due à des actes de sabotage sur les pipelines qui traversent le delta. Dans ce débat, le gouvernement ferme les yeux et se contente de toucher sa rente pétrolière qui assure 80% des revenus du pays.

La situation est telle que des groupes armés se sont formés pour réclamer une meilleure répartition des richesses. Kidnappings à la chaîne, sabotages à grande échelle, conflit ouvert avec l'armée…

Les habitants du delta sont pris entre deux feux et ne reçoivent de l'or noir que les fuites et les pollutions. Des villages entiers voient leur terre et leur mode de vie dévastés. Ils attendent souvent en vain des compensations que les compagnies pétrolières ne versent pas ou si peu.

Quel contraste avec le Golfe du Mexique où l'administration Obama et la pression internationale ont obligé BP à verser 20 milliards de dollars aux sinistrés ! Mais le delta du Niger n'est pas la Louisiane, l'Afrique n'est pas l'Amérique…

Le pétrole était une chance pour le Nigéria, il est devenu au fil des ans une véritable malédiction.




Etats-Unis/Mexique : la frontière familiale

Quand le policier l’a arrêtée, Juanita n’avait pas payé son ticket de parking, elle n’avait pas de titre de séjour non plus, mais elle avait sept enfants qui l’attendaient à la maison.

Juanita a été arrêtée et expulsée des Etats-Unis comme le sont 400 000 travailleurs mexicains chaque année.
Chaque matin, l’autobus qui arrive de Tucson en Arizona à Nogales au Mexique débarque son lot d’ « indocumentados », les sans-papiers expulsés. Des hommes, des femmes qui ont tout perdu, leur maison, leur travail, leur rêve et parfois même leurs enfants…

C’est une histoire de fou. Ces hommes, ces femmes sont Mexicains. Ils vivaient clandestinement aux Etats-Unis, parfois depuis des années. Leurs enfants, eux, sont nés aux Etats-Unis. Ils sont donc citoyens américains. Alors, quand les parents « sans-papiers » se font arrêter pour une simple infraction au code de la route, la police les expulse et leurs enfants « américains » sont confiés à l’administration américaine.

La plupart d’entre eux ne reverront plus jamais leurs parents. Certains seront déclarés « adoptables » par des familles américaines. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui le mur qui sépare le Mexique des Etats-Unis déchire plus d’un millier de familles mexicaines.

A Tucson, où la lutte contre l’immigration sauvage est un bon thème de campagne électorale, les femmes mexicaines s’organisent pour lutter contre la peur et résister à la pression psychologique de l’administration américaine.

Selon les statistiques, d’ici 2017, 15 000 enfants mexicains nés aux Etats-Unis pourraient ainsi être séparés de leurs parents. Simple monstruosité administrative ou effet pervers d’une mondialisation qui garantit la libre circulation des marchandises, mais pas celle des familles.


Pennsylvanie : plein gaz sur la présidentielle

En Pennsylvanie, comme dans tous les Etats-Unis, à quelques jours de l’élection présidentielle, le 6 novembre prochain, l’économie est la préoccupation numéro un des électeurs. Qu’elle est loin, l’élection de 2008, où Barack Obama s’était distingué de son adversaire en promettant beaucoup pour défendre l’environnement.

Depuis la découverte du premier puits de pétrole en 1859, la Pennsylvanie est un haut-lieu de l’énergie aux Etats-Unis. Aujourd’hui, l’exploitation du gaz de schiste y est en pleine expansion. Dans une Amérique en crise, qui ne pense qu’à sauver des emplois, l’état de la planète ne semble plus vraiment à l’ordre du jour. Oubliés, Al Gore et son constant alarmant.

Découvert il y a moins de 10 ans en Pennsylvanie, le gisement de Marcellus constitue l’une des plus grandes réserves de gaz souterraine. Une alternative au pétrole qui permet aux Américains de continuer à consommer toujours autant, en toute indépendance énergétique.

Le phénomène a pris une ampleur spectaculaire. Des millions de dollars ont été investis dans des coins perdus. 4500 puits ont déjà été forés. Un énorme business qui a offert à une population, fermiers depuis plusieurs générations, l’opportunité de louer leurs terres pour l’exploitation du pétrole de schiste.
Pourtant, la nouvelle technique de fracturation hydraulique de la roche qui permet de forer à 2300 mètres de profondeur comporte bien des risques : des sols transformés en gruyère, des eaux polluées et la menace de tremblements de terre.

Malgré cela, la Pennsylvanie se prend à rêver d'une folle prospérité. Les opposants au « fracking » ne pèseront pas lourd face à la promesse d’un nouvel eldorado.

(France, 2012, 52mn)
ARTE

Reportage : Nigéria , Etats-Unis/Mexique , Pennsylvanie

Source : http://videos.arte.tv


DL


Nigéria : l'éternelle marée noire

Pour la première fois aux Pays-Bas, une multinationale est assignée devant les tribunaux pour répondre de dommages créés par une de ses filiales à l'étranger.
Le géant pétrolier Shell comparaît devant un tribunal néerlandais pour des accusations de pollution dans le Delta du Niger.

C'est l'une des plus grandes catastrophes écologiques au monde.

Depuis plus d’un demi-siècle, une marée noire perpétuelle souille le delta du Niger. Une histoire qui a commencé en 1956 quand Shell, la compagnie historique, ouvrait son premier puits à Oloibiri.

Depuis, chaque année, l'équivalent d'un Exxon-Valdez, ce tanker de 180.000 tonnes échoué sur les côtes d'Alaska en 1989, se déverserait dans la mangrove. Résultat : un environnement dévasté, des populations locales incapables d'assurer leur subsistance et une rébellion qui menace la stabilité de la région.

A qui la faute ? Les écologistes dénoncent le laxisme des compagnies pétrolières et les avaries à répétition. Shell, Total, Agip, Chevron et les autres estiment que l'immense majorité des marées noires est due à des actes de sabotage sur les pipelines qui traversent le delta. Dans ce débat, le gouvernement ferme les yeux et se contente de toucher sa rente pétrolière qui assure 80% des revenus du pays.

La situation est telle que des groupes armés se sont formés pour réclamer une meilleure répartition des richesses. Kidnappings à la chaîne, sabotages à grande échelle, conflit ouvert avec l'armée…

Les habitants du delta sont pris entre deux feux et ne reçoivent de l'or noir que les fuites et les pollutions. Des villages entiers voient leur terre et leur mode de vie dévastés. Ils attendent souvent en vain des compensations que les compagnies pétrolières ne versent pas ou si peu.

Quel contraste avec le Golfe du Mexique où l'administration Obama et la pression internationale ont obligé BP à verser 20 milliards de dollars aux sinistrés ! Mais le delta du Niger n'est pas la Louisiane, l'Afrique n'est pas l'Amérique…

Le pétrole était une chance pour le Nigéria, il est devenu au fil des ans une véritable malédiction.




Etats-Unis/Mexique : la frontière familiale

Quand le policier l’a arrêtée, Juanita n’avait pas payé son ticket de parking, elle n’avait pas de titre de séjour non plus, mais elle avait sept enfants qui l’attendaient à la maison.

Juanita a été arrêtée et expulsée des Etats-Unis comme le sont 400 000 travailleurs mexicains chaque année.
Chaque matin, l’autobus qui arrive de Tucson en Arizona à Nogales au Mexique débarque son lot d’ « indocumentados », les sans-papiers expulsés. Des hommes, des femmes qui ont tout perdu, leur maison, leur travail, leur rêve et parfois même leurs enfants…

C’est une histoire de fou. Ces hommes, ces femmes sont Mexicains. Ils vivaient clandestinement aux Etats-Unis, parfois depuis des années. Leurs enfants, eux, sont nés aux Etats-Unis. Ils sont donc citoyens américains. Alors, quand les parents « sans-papiers » se font arrêter pour une simple infraction au code de la route, la police les expulse et leurs enfants « américains » sont confiés à l’administration américaine.

La plupart d’entre eux ne reverront plus jamais leurs parents. Certains seront déclarés « adoptables » par des familles américaines. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui le mur qui sépare le Mexique des Etats-Unis déchire plus d’un millier de familles mexicaines.

A Tucson, où la lutte contre l’immigration sauvage est un bon thème de campagne électorale, les femmes mexicaines s’organisent pour lutter contre la peur et résister à la pression psychologique de l’administration américaine.

Selon les statistiques, d’ici 2017, 15 000 enfants mexicains nés aux Etats-Unis pourraient ainsi être séparés de leurs parents. Simple monstruosité administrative ou effet pervers d’une mondialisation qui garantit la libre circulation des marchandises, mais pas celle des familles.


Pennsylvanie : plein gaz sur la présidentielle

En Pennsylvanie, comme dans tous les Etats-Unis, à quelques jours de l’élection présidentielle, le 6 novembre prochain, l’économie est la préoccupation numéro un des électeurs. Qu’elle est loin, l’élection de 2008, où Barack Obama s’était distingué de son adversaire en promettant beaucoup pour défendre l’environnement.

Depuis la découverte du premier puits de pétrole en 1859, la Pennsylvanie est un haut-lieu de l’énergie aux Etats-Unis. Aujourd’hui, l’exploitation du gaz de schiste y est en pleine expansion. Dans une Amérique en crise, qui ne pense qu’à sauver des emplois, l’état de la planète ne semble plus vraiment à l’ordre du jour. Oubliés, Al Gore et son constant alarmant.

Découvert il y a moins de 10 ans en Pennsylvanie, le gisement de Marcellus constitue l’une des plus grandes réserves de gaz souterraine. Une alternative au pétrole qui permet aux Américains de continuer à consommer toujours autant, en toute indépendance énergétique.

Le phénomène a pris une ampleur spectaculaire. Des millions de dollars ont été investis dans des coins perdus. 4500 puits ont déjà été forés. Un énorme business qui a offert à une population, fermiers depuis plusieurs générations, l’opportunité de louer leurs terres pour l’exploitation du pétrole de schiste.
Pourtant, la nouvelle technique de fracturation hydraulique de la roche qui permet de forer à 2300 mètres de profondeur comporte bien des risques : des sols transformés en gruyère, des eaux polluées et la menace de tremblements de terre.

Malgré cela, la Pennsylvanie se prend à rêver d'une folle prospérité. Les opposants au « fracking » ne pèseront pas lourd face à la promesse d’un nouvel eldorado.

(France, 2012, 52mn)
ARTE

vendredi 31 août 2012

Etats Unis : Tentation du pire

Par Serge Halimi
Septembre 2012
pour http://www.monde-diplomatique.fr

english version

Que ferait Barack Obama d’un second mandat après avoir dilapidé les promesses du premier  ? Une fois de plus, un système verrouillé par deux partis rivalisant de faveurs accordées aux milieux d’affaires va contraindre des millions d’Américains à choisir entre le mal et le pire. 

La gangrène de la finance américaine a provoqué une crise économique mondiale dont on connaît les résultats : hémorragie d’emplois, faillite de millions de propriétaires immobiliers, recul de la protection sociale. Pourtant, cinq ans plus tard, par l’effet d’un singulier paradoxe, nul ne peut tout à fait exclure l’arrivée à la Maison Blanche d’un homme, M. Willard Mitt Romney, qui doit son immense fortune à la finance spéculative, à la délocalisation d’emplois et aux charmes (fiscaux) des îles Caïmans.

Son choix du parlementaire Paul Ryan comme candidat républicain à la vice-présidence donne un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler les Etats-Unis si, le 6 novembre prochain, les électeurs cédaient à la tentation du pire. Alors que M. Barack Obama a déjà accepté un plan de réduction du déficit budgétaire qui ampute les dépenses sociales sans relever le niveau — anormalement bas — de la fiscalité sur les plus hauts revenus (1), M. Ryan juge tout à fait insuffisante cette capitulation démocrate. Son programme, auquel M. Romney s’est rallié et que la Chambre des représentants (majoritairement républicaine) a déjà entériné, réduirait encore les impôts de 20 %, ramenant leur taux maximal à 25 %, un plancher jamais atteint depuis 1931 ; il accroîtrait simultanément les dépenses militaires ; et il accomplirait le tout en divisant par dix la part du déficit budgétaire dans le produit intérieur brut américain. Comment M. Ryan espère-t-il réaliser une telle performance ? En abandonnant à terme au privé — ou à la charité — l’essentiel des missions civiles de l’Etat. Ainsi, le budget consacré à la couverture médicale des indigents serait réduit de… 78 % (2).

Depuis le début de l’année dernière, M. Obama applique une politique d’austérité aussi inefficace et cruelle aux Etats-Unis qu’ailleurs. Tantôt il se félicite des (rares) bonnes nouvelles économiques, qu’il porte alors au crédit de sa présidence, tantôt il impute les mauvaises (dont la situation de l’emploi) à l’obstruction parlementaire républicaine. Une telle dialectique n’étant guère susceptible de remobiliser son électorat, le président américain escompte que la crainte du radicalisme droitier de ses adversaires lui assurera un second mandat. Mais qu’en ferait-il après avoir dilapidé les promesses du premier et alors qu’il paraît acquis que le Congrès élu en novembre prochain sera plus à droite que celui qu’il a trouvé en entrant à la Maison Blanche ?

Une fois de plus, un système verrouillé par deux partis rivalisant de faveurs accordées aux milieux d’affaires va contraindre des millions d’Américains découragés par la mollesse de leur président à revoter néanmoins pour lui. Ils se résigneront alors au choix, habituel aux Etats-Unis, entre le mal et le pire. Leur verdict ne sera toutefois pas sans conséquence ailleurs : la victoire d’un Parti républicain déterminé à anéantir l’Etat social, indigné par l’« assistanat », installé à la remorque des fondamentalistes chrétiens et porté à la paranoïa par la haine de l’islam galvaniserait une droite européenne déjà démangée par de telles tentations.

Serge Halimi


(1) Lire «  Chantage à Washington  », Le Monde diplomatique, août 2011.
(2) David Wessel, «  Ryan reflects arc of GOP fiscal thinking  », The Wall Street Journal, New York, 16 août 2012.

Etats Unis : Tentation du pire

Par Serge Halimi
Septembre 2012
pour http://www.monde-diplomatique.fr

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Que ferait Barack Obama d’un second mandat après avoir dilapidé les promesses du premier  ? Une fois de plus, un système verrouillé par deux partis rivalisant de faveurs accordées aux milieux d’affaires va contraindre des millions d’Américains à choisir entre le mal et le pire. 

La gangrène de la finance américaine a provoqué une crise économique mondiale dont on connaît les résultats : hémorragie d’emplois, faillite de millions de propriétaires immobiliers, recul de la protection sociale. Pourtant, cinq ans plus tard, par l’effet d’un singulier paradoxe, nul ne peut tout à fait exclure l’arrivée à la Maison Blanche d’un homme, M. Willard Mitt Romney, qui doit son immense fortune à la finance spéculative, à la délocalisation d’emplois et aux charmes (fiscaux) des îles Caïmans.

Son choix du parlementaire Paul Ryan comme candidat républicain à la vice-présidence donne un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler les Etats-Unis si, le 6 novembre prochain, les électeurs cédaient à la tentation du pire. Alors que M. Barack Obama a déjà accepté un plan de réduction du déficit budgétaire qui ampute les dépenses sociales sans relever le niveau — anormalement bas — de la fiscalité sur les plus hauts revenus (1), M. Ryan juge tout à fait insuffisante cette capitulation démocrate. Son programme, auquel M. Romney s’est rallié et que la Chambre des représentants (majoritairement républicaine) a déjà entériné, réduirait encore les impôts de 20 %, ramenant leur taux maximal à 25 %, un plancher jamais atteint depuis 1931 ; il accroîtrait simultanément les dépenses militaires ; et il accomplirait le tout en divisant par dix la part du déficit budgétaire dans le produit intérieur brut américain. Comment M. Ryan espère-t-il réaliser une telle performance ? En abandonnant à terme au privé — ou à la charité — l’essentiel des missions civiles de l’Etat. Ainsi, le budget consacré à la couverture médicale des indigents serait réduit de… 78 % (2).

Depuis le début de l’année dernière, M. Obama applique une politique d’austérité aussi inefficace et cruelle aux Etats-Unis qu’ailleurs. Tantôt il se félicite des (rares) bonnes nouvelles économiques, qu’il porte alors au crédit de sa présidence, tantôt il impute les mauvaises (dont la situation de l’emploi) à l’obstruction parlementaire républicaine. Une telle dialectique n’étant guère susceptible de remobiliser son électorat, le président américain escompte que la crainte du radicalisme droitier de ses adversaires lui assurera un second mandat. Mais qu’en ferait-il après avoir dilapidé les promesses du premier et alors qu’il paraît acquis que le Congrès élu en novembre prochain sera plus à droite que celui qu’il a trouvé en entrant à la Maison Blanche ?

Une fois de plus, un système verrouillé par deux partis rivalisant de faveurs accordées aux milieux d’affaires va contraindre des millions d’Américains découragés par la mollesse de leur président à revoter néanmoins pour lui. Ils se résigneront alors au choix, habituel aux Etats-Unis, entre le mal et le pire. Leur verdict ne sera toutefois pas sans conséquence ailleurs : la victoire d’un Parti républicain déterminé à anéantir l’Etat social, indigné par l’« assistanat », installé à la remorque des fondamentalistes chrétiens et porté à la paranoïa par la haine de l’islam galvaniserait une droite européenne déjà démangée par de telles tentations.

Serge Halimi


(1) Lire «  Chantage à Washington  », Le Monde diplomatique, août 2011.
(2) David Wessel, «  Ryan reflects arc of GOP fiscal thinking  », The Wall Street Journal, New York, 16 août 2012.

mardi 10 juillet 2012

Percées électorales de l’extrême droite au Nord et à l’Est de l’Europe

Par Cécile Marin Mars 2012 pour http://www.monde-diplomatique.fr
Cette carte fait partie d’une double page de l’Atlas 2012, « Mondes émergents » intitulée « Les habits respectables de l’extrême droite européenne ».
  • Grand format

dimanche 8 juillet 2012

Percées électorales de l’extrême droite au Nord et à l’Est de l’Europe

Par Cécile Marin
Mars 2012
pour http://www.monde-diplomatique.fr


Cette carte fait partie d’une double page de l’Atlas 2012, « Mondes émergents » intitulée « Les habits respectables de l’extrême droite européenne ».
  • Grand format




mardi 17 janvier 2012

Taiwan, des élections sous influence

Par Martine Bulard
mercredi 11 janvier 2012
pour http://blog.mondediplo.net

Deux grands enjeux seront déterminants pour les scrutins présidentiel et législatifs qui se tiennent à Taiwan le 14 janvier : les relations avec Pékin et les questions sociales. Les deux principaux partis – les nationalistes et les indépendantistes – restent au coude à coude.
« Pour des gens comme nous, les élections, ça ne change rien », explique avec le sourire une jeune femme qui, à l’entrée du temple de la Montagne des dragons (Longshan) – l’un des plus vieux de Taipeh –, assemble des pétales de fleurs fraîches aux odeurs sucrées qu’elle vend aux visiteurs venus faire leurs offrandes aux divinités pour que leurs vœux soient exaucés. C’est dit comme une évidence, quelques semaines avant l’élection présidentielle, le 14 janvier prochain à Taiwan.

A deux pas de là, dans la célèbre rue aux herbes médicinales (Dihua Street), une « mama », assise à l’entrée de son stand, nous raconte avec force détails tous les bienfaits de ses tisanes (à l’aspect et aux parfums étranges) avant de consentir à aborder la question des élections. Son verdict est sans appel : « Il faut que cela change. Le changement de personnes ne suffit pas. Il faudrait quelqu’un qui sache écouter les petites gens comme nous, comme les pauvres qui sont sur la place », juste devant le temple et le début de cette ruelle. De fait, les sans domicile fixe que le gouvernement avait chassés du centre ville afin de rendre l’endroit plus attrayant pour les touristes ont repris peu à peu leur place, aux cotés des vendeurs à la sauvette de produits les plus improbables, tel ce paysan complètement édenté qui, pour 1 dollar taïwanais (0,20 centime d’euro), vous accorde le droit de laisser s’envoler un oiseau capturé la veille dans la campagne et enfermé dans un sac – l’envol étant le gage d’une longue vie.

Cet univers est aux antipodes de l’ambiance aseptisée du quartier « Taipei 101 », à quelques stations de métro, où s’élevait la tour plus haute du monde avant que celle de Dubaï ne vienne la détrôner. En se bouchant les oreilles, on pourrait se croire à New York, tant le paysage est américanisé. Costume-cravate, tailleurs stricts et talons fins y tiennent le haut du pavé. Ici, nul n’est très prolixe sur les élections. Sans préciser pour quel parti ils voteront, deux employés d’une banque d’affaires, avalant leur repas à la va-vite, s’accordent pour insister sur les « relations avec la “Grande Chine”[qui] se sont pacifiées grâce à l’actuel président et c’est bien pour tout le monde ». Nous n’en saurons pas plus.
Entre ces deux quartiers, la capitale de Taiwan abrite toute la palette des catégories sociales, dans une société qui s’est fortement développée au cours de ces dernières décennies mais qui a vu grandir les inégalités et l’inquiétude des couches moyennes sur l’avenir.

Lequel des candidats va l’emporter, de M. Ma Ying-jeou, actuel président de la République, partant pour un deuxième mandat sous l’étiquette du parti nationaliste Guomindang (KMT), ou de Mme Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste (PDP), partisan d’une prise de distance avec Pékin ? Ceux qui veulent souligner leurs penchants centristes et leur formation technocratique les surnomment les « deux Ying  [1] : M. Ma, 61 ans, a fait ses études à la New York University School of Law et à Harvard ; Mme Tsai, 55 ans, est diplômée de la London School of Economics et de Yale. Pour l’heure, aucun ne se détache et, depuis la fin de la dictature nationaliste en 1986 et l’élection au suffrage universel du président de la République, il y a seulement seize ans, les Taïwanais ont déjà imposé trois alternances.

En 1996, lors de la première élection, le KMT, qui avait régné d’une main de fer sur l’île et en possédait toutes les richesses [2], gagna la présidentielle ; il fut balayé en 2000 par le PDP sur la base d’un renouveau démocratique et d’une voie inédite vers l’indépendance. Deux mandats plus tard, le PDP fut lui aussi renvoyé à ses turpitudes, le président Chen Shui-ban se retrouvant en prison pour corruption. Depuis 2008, c’est donc un élu du KMT qui occupe la plus haute fonction de l’Etat.

Jusqu’à la rentrée 2011, tout le monde le donnait gagnant. Mais les écarts avec Mme Tsai se sont réduits – et même inversés dans les derniers jours. Un troisième larron, M. Jame Soong, 70 ans, ancien du KMT, fondateur du Parti du peuple, est venu perturber encore un peu plus le jeu. Plus à droite et accroché à l’idée d’une seule Chine, il peut prendre des voix à M. Ma, dont une fraction du parti est déstabilisée par ses choix plus modérés vis-à-vis de Pékin et une autre déçue par son bilan social et économique.
Après les tensions qui avaient marqué la présidence précédente, M. Ma s’est attaché à pacifier les relations avec la Chine continentale, qui ne voit toujours dans Taiwan qu’une province plus ou moins renégate, tentée par le séparatisme – voire par une indépendance proclamée à la face du monde. Ce que Pékin aurait du mal à faire avaler à ses militaires. De leur côté, les nationalistes du KMT (les « bleus », comme on les appelle ici), arrivés en 1949 après avoir perdu la guerre civile en Chine continentale, ont longtemps considéré Taiwan comme base de leur reconquête du continent chinois.

Autrement dit, des deux rives du détroit, les ennemis avaient le même objectif : une seule Chine. Les communistes rêvaient d’avaler ce caillou de 36 000 kilomètres carrés. Les nationalistes se voyaient battre à plate couture les communistes de la « grande Chine » (avec l’appui éventuel des Japonais et des Américains) avant de se réinstaller à Pékin. Aucun de ces projets n’a vu le jour et ni les uns ni les autres ne peuvent espérer les concrétiser rapidement. Du côté de Pékin, on parle donc « d’une Chine, deux systèmes » (en référence involontaire au système démocratique taïwanais) ; du côté de Taipeh (et du KMT), on évoque l’idée « d’une Chine, différentes interprétations » (selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre de la rive). Chacun garde la face et tout le monde s’embrasse.

De poignées de main en rencontres, de réalisme politique en opportunisme affairiste, les présidents chinois et taïwanais ont multiplié les accords. Aujourd’hui, on peut aller de Taipeh à Pékin en trois heures, alors qu’il y a trois ans encore, il fallait passer par Hongkong, New Delhi ou Tokyo. Chaque jour, plusieurs vols relient Taiwan aux plus grandes villes chinoises. Les grands groupes taïwanais ont investi plus de 100 milliards de dollars américains en territoire chinois – certains parlent même du double. La nouvelle entente s’est concrétisée, en juin 2010, par la signature d’un vaste accord cadre de coopération économique (Economic Cooperation Framework Agreement – ECFA), qui exonère de droits de douane certains produits, facilite les investissements réciproques, les échanges touristiques… Un accord contesté par l’opposition démocrate qui estime que M. Ma « a vendu Taiwan à Pékin », comme on peut le lire dans certains tracts électoraux.
Le PDP, né de la lutte contre la dictature imposée par le KMT et pour la reconnaissance de Taiwan comme un pays à part entière, a fait de l’indépendance le pilier de sa politique. Le précédent président démocrate, M. Chen Shui-ban, avait d’ailleurs porté cette question au cœur de la campagne électorale de 2008, en liant l’élection présidentielle à un référendum sur les relations avec la Chine – ce qui avait entraîné une vive réaction chinoise, verbale et militaire (des missiles supplémentaires pointés sur l’île), un appel américain à la modération et finalement le rejet des électeurs.

L’actuelle candidate n’a pas fait ce choix. Sans rien abandonner de l’affirmation identitaire de Taïwan, elle sait que plus de 40 % des exportations taiwanaises aboutissent de l’autre côté du détroit. Nul, donc, ne peut se permettre une confrontation directe. Telle est d’ailleurs l’opinion des jeunes générations, pour qui la Chine n’est plus le mal absolu, et qui se polarisent sur la question centrale de l’emploi et du salaire [3].
Il faut bien se rendre compte qu’en à peine plus de trois générations, cette petite île a tout connu : l’occupation par un Japon militariste (de 1895 à 1945) qui n’a eu de cesse de détruire ses racines historiques ; la « libération » par les troupes chinoises en 1945 ; la dictature des nationalistes du Guomindang (1947- 1986), qui ont imposé une sinisation du territoire, des esprits, de la langue…

Aujourd’hui encore, les origines ethniques pèsent : 13 % de la population sont constitués de waishengren (extérieurs à la nation), arrivés de Chine en 1947-1949, d’où sont issues les élites étatiques et économique du KMT ; 85 % sont des han taiwanais (Bendiren – Chinois venus du Fujan ou du Guangdong à partir du XVIIe siècle) qui se considèrent comme Taiwanais de souche. Les premiers se sont plutôt installés au Nord, très largement modernisé, et constituent le gros des troupes électorales du KMT ; les seconds vivent principalement au Sud, qui s’est développé autour du commerce (avec le port de Kaohsiung) et de l’agriculture et qui représente le bastion du PDP.

Ces clivages ethniques continueront-ils à déterminer le vote de dimanche prochain ? Pékin préfèrerait un statu quo, même si ses relations avec les représentants de PDP se sont normalisées. Washington y verrait également un avantage au moment où les Etats-Unis cherchent à se recentrer sur l’Asie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, dès le début de la campagne électorale, la modernisation des chasseurs F16 [américains], réclamée depuis longtemps par le gouvernement taïwanais, a été annoncée. Candidat de Pékin et de Washington, l’actuel président réussira t-il à faire oublier son bilan social ?

Rendez-vous dans le numéro de février du Monde diplomatique – où sera publié un reportage sur le résultat du vote et ses conséquences, mais également des rencontres avec des jeunes, des intellectuels, des dirigeants… – pour tenter de comprendre comment les nationalistes d’hier sont devenus les amis des communistes et les démocrates des nationalistes vigilants ; comment Taiwan – qui dispose d’un Président élu, d’un gouvernement, d’un Parlement, d’une monnaie – n’a aucune existence reconnue…

Notes

[1] Jeu de mot à partir du premier caractère de chacun de leurs prénoms – le yin s’opposant au yang dans l’harmonie.
[2] La corruption était généralisée, le KMT confondant biens publics et biens de son parti.
[3] Lire Tanguy Le Pesant, « Les jeunes diplômés taïwanais, victimes collatérales du rapprochement avec la Chine » (PDF), 4e Congrès des réseaux Asie Pacifique.

lundi 16 janvier 2012

Taiwan, des élections sous influence

Par Martine Bulard
mercredi 11 janvier 2012
pour http://blog.mondediplo.net

Deux grands enjeux seront déterminants pour les scrutins présidentiel et législatifs qui se tiennent à Taiwan le 14 janvier : les relations avec Pékin et les questions sociales. Les deux principaux partis – les nationalistes et les indépendantistes – restent au coude à coude.
« Pour des gens comme nous, les élections, ça ne change rien », explique avec le sourire une jeune femme qui, à l’entrée du temple de la Montagne des dragons (Longshan) – l’un des plus vieux de Taipeh –, assemble des pétales de fleurs fraîches aux odeurs sucrées qu’elle vend aux visiteurs venus faire leurs offrandes aux divinités pour que leurs vœux soient exaucés. C’est dit comme une évidence, quelques semaines avant l’élection présidentielle, le 14 janvier prochain à Taiwan.

A deux pas de là, dans la célèbre rue aux herbes médicinales (Dihua Street), une « mama », assise à l’entrée de son stand, nous raconte avec force détails tous les bienfaits de ses tisanes (à l’aspect et aux parfums étranges) avant de consentir à aborder la question des élections. Son verdict est sans appel : « Il faut que cela change. Le changement de personnes ne suffit pas. Il faudrait quelqu’un qui sache écouter les petites gens comme nous, comme les pauvres qui sont sur la place », juste devant le temple et le début de cette ruelle. De fait, les sans domicile fixe que le gouvernement avait chassés du centre ville afin de rendre l’endroit plus attrayant pour les touristes ont repris peu à peu leur place, aux cotés des vendeurs à la sauvette de produits les plus improbables, tel ce paysan complètement édenté qui, pour 1 dollar taïwanais (0,20 centime d’euro), vous accorde le droit de laisser s’envoler un oiseau capturé la veille dans la campagne et enfermé dans un sac – l’envol étant le gage d’une longue vie.

Cet univers est aux antipodes de l’ambiance aseptisée du quartier « Taipei 101 », à quelques stations de métro, où s’élevait la tour plus haute du monde avant que celle de Dubaï ne vienne la détrôner. En se bouchant les oreilles, on pourrait se croire à New York, tant le paysage est américanisé. Costume-cravate, tailleurs stricts et talons fins y tiennent le haut du pavé. Ici, nul n’est très prolixe sur les élections. Sans préciser pour quel parti ils voteront, deux employés d’une banque d’affaires, avalant leur repas à la va-vite, s’accordent pour insister sur les « relations avec la “Grande Chine”[qui] se sont pacifiées grâce à l’actuel président et c’est bien pour tout le monde ». Nous n’en saurons pas plus.
Entre ces deux quartiers, la capitale de Taiwan abrite toute la palette des catégories sociales, dans une société qui s’est fortement développée au cours de ces dernières décennies mais qui a vu grandir les inégalités et l’inquiétude des couches moyennes sur l’avenir.

Lequel des candidats va l’emporter, de M. Ma Ying-jeou, actuel président de la République, partant pour un deuxième mandat sous l’étiquette du parti nationaliste Guomindang (KMT), ou de Mme Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste (PDP), partisan d’une prise de distance avec Pékin ? Ceux qui veulent souligner leurs penchants centristes et leur formation technocratique les surnomment les « deux Ying  [1] : M. Ma, 61 ans, a fait ses études à la New York University School of Law et à Harvard ; Mme Tsai, 55 ans, est diplômée de la London School of Economics et de Yale. Pour l’heure, aucun ne se détache et, depuis la fin de la dictature nationaliste en 1986 et l’élection au suffrage universel du président de la République, il y a seulement seize ans, les Taïwanais ont déjà imposé trois alternances.

En 1996, lors de la première élection, le KMT, qui avait régné d’une main de fer sur l’île et en possédait toutes les richesses [2], gagna la présidentielle ; il fut balayé en 2000 par le PDP sur la base d’un renouveau démocratique et d’une voie inédite vers l’indépendance. Deux mandats plus tard, le PDP fut lui aussi renvoyé à ses turpitudes, le président Chen Shui-ban se retrouvant en prison pour corruption. Depuis 2008, c’est donc un élu du KMT qui occupe la plus haute fonction de l’Etat.

Jusqu’à la rentrée 2011, tout le monde le donnait gagnant. Mais les écarts avec Mme Tsai se sont réduits – et même inversés dans les derniers jours. Un troisième larron, M. Jame Soong, 70 ans, ancien du KMT, fondateur du Parti du peuple, est venu perturber encore un peu plus le jeu. Plus à droite et accroché à l’idée d’une seule Chine, il peut prendre des voix à M. Ma, dont une fraction du parti est déstabilisée par ses choix plus modérés vis-à-vis de Pékin et une autre déçue par son bilan social et économique.
Après les tensions qui avaient marqué la présidence précédente, M. Ma s’est attaché à pacifier les relations avec la Chine continentale, qui ne voit toujours dans Taiwan qu’une province plus ou moins renégate, tentée par le séparatisme – voire par une indépendance proclamée à la face du monde. Ce que Pékin aurait du mal à faire avaler à ses militaires. De leur côté, les nationalistes du KMT (les « bleus », comme on les appelle ici), arrivés en 1949 après avoir perdu la guerre civile en Chine continentale, ont longtemps considéré Taiwan comme base de leur reconquête du continent chinois.

Autrement dit, des deux rives du détroit, les ennemis avaient le même objectif : une seule Chine. Les communistes rêvaient d’avaler ce caillou de 36 000 kilomètres carrés. Les nationalistes se voyaient battre à plate couture les communistes de la « grande Chine » (avec l’appui éventuel des Japonais et des Américains) avant de se réinstaller à Pékin. Aucun de ces projets n’a vu le jour et ni les uns ni les autres ne peuvent espérer les concrétiser rapidement. Du côté de Pékin, on parle donc « d’une Chine, deux systèmes » (en référence involontaire au système démocratique taïwanais) ; du côté de Taipeh (et du KMT), on évoque l’idée « d’une Chine, différentes interprétations » (selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre de la rive). Chacun garde la face et tout le monde s’embrasse.

De poignées de main en rencontres, de réalisme politique en opportunisme affairiste, les présidents chinois et taïwanais ont multiplié les accords. Aujourd’hui, on peut aller de Taipeh à Pékin en trois heures, alors qu’il y a trois ans encore, il fallait passer par Hongkong, New Delhi ou Tokyo. Chaque jour, plusieurs vols relient Taiwan aux plus grandes villes chinoises. Les grands groupes taïwanais ont investi plus de 100 milliards de dollars américains en territoire chinois – certains parlent même du double. La nouvelle entente s’est concrétisée, en juin 2010, par la signature d’un vaste accord cadre de coopération économique (Economic Cooperation Framework Agreement – ECFA), qui exonère de droits de douane certains produits, facilite les investissements réciproques, les échanges touristiques… Un accord contesté par l’opposition démocrate qui estime que M. Ma « a vendu Taiwan à Pékin », comme on peut le lire dans certains tracts électoraux.
Le PDP, né de la lutte contre la dictature imposée par le KMT et pour la reconnaissance de Taiwan comme un pays à part entière, a fait de l’indépendance le pilier de sa politique. Le précédent président démocrate, M. Chen Shui-ban, avait d’ailleurs porté cette question au cœur de la campagne électorale de 2008, en liant l’élection présidentielle à un référendum sur les relations avec la Chine – ce qui avait entraîné une vive réaction chinoise, verbale et militaire (des missiles supplémentaires pointés sur l’île), un appel américain à la modération et finalement le rejet des électeurs.

L’actuelle candidate n’a pas fait ce choix. Sans rien abandonner de l’affirmation identitaire de Taïwan, elle sait que plus de 40 % des exportations taiwanaises aboutissent de l’autre côté du détroit. Nul, donc, ne peut se permettre une confrontation directe. Telle est d’ailleurs l’opinion des jeunes générations, pour qui la Chine n’est plus le mal absolu, et qui se polarisent sur la question centrale de l’emploi et du salaire [3].
Il faut bien se rendre compte qu’en à peine plus de trois générations, cette petite île a tout connu : l’occupation par un Japon militariste (de 1895 à 1945) qui n’a eu de cesse de détruire ses racines historiques ; la « libération » par les troupes chinoises en 1945 ; la dictature des nationalistes du Guomindang (1947- 1986), qui ont imposé une sinisation du territoire, des esprits, de la langue…

Aujourd’hui encore, les origines ethniques pèsent : 13 % de la population sont constitués de waishengren (extérieurs à la nation), arrivés de Chine en 1947-1949, d’où sont issues les élites étatiques et économique du KMT ; 85 % sont des han taiwanais (Bendiren – Chinois venus du Fujan ou du Guangdong à partir du XVIIe siècle) qui se considèrent comme Taiwanais de souche. Les premiers se sont plutôt installés au Nord, très largement modernisé, et constituent le gros des troupes électorales du KMT ; les seconds vivent principalement au Sud, qui s’est développé autour du commerce (avec le port de Kaohsiung) et de l’agriculture et qui représente le bastion du PDP.

Ces clivages ethniques continueront-ils à déterminer le vote de dimanche prochain ? Pékin préfèrerait un statu quo, même si ses relations avec les représentants de PDP se sont normalisées. Washington y verrait également un avantage au moment où les Etats-Unis cherchent à se recentrer sur l’Asie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, dès le début de la campagne électorale, la modernisation des chasseurs F16 [américains], réclamée depuis longtemps par le gouvernement taïwanais, a été annoncée. Candidat de Pékin et de Washington, l’actuel président réussira t-il à faire oublier son bilan social ?

Rendez-vous dans le numéro de février du Monde diplomatique – où sera publié un reportage sur le résultat du vote et ses conséquences, mais également des rencontres avec des jeunes, des intellectuels, des dirigeants… – pour tenter de comprendre comment les nationalistes d’hier sont devenus les amis des communistes et les démocrates des nationalistes vigilants ; comment Taiwan – qui dispose d’un Président élu, d’un gouvernement, d’un Parlement, d’une monnaie – n’a aucune existence reconnue…

Notes

[1] Jeu de mot à partir du premier caractère de chacun de leurs prénoms – le yin s’opposant au yang dans l’harmonie.
[2] La corruption était généralisée, le KMT confondant biens publics et biens de son parti.
[3] Lire Tanguy Le Pesant, « Les jeunes diplômés taïwanais, victimes collatérales du rapprochement avec la Chine » (PDF), 4e Congrès des réseaux Asie Pacifique.

mardi 5 avril 2011

Elections au pays du « Sultan de la lumière »

Par Régis Genté
pour http://blog.mondediplo.net

Dimanche 3 avril, l’ex-république soviétique d’Asie centrale élit son Président. Une farce électorale que Noursoultan Nazarbaïev a imposée deux ans avant le terme de son mandat, sans aucune justification. Le « khan kazakh » (« sultan kazakh »), à la tête du pays depuis 1989, doit faire des envieux au Proche-Orient. Son secret : un peu de redistribution de la manne pétrolière et de bonnes vieilles recettes soviétiques, à commencer par un culte de la personnalité découvert sur le tard.
Fiat lux, et la lumière fut… et les rayons de lumière (« Nour », en kazakh) jaillirent un peu partout au Kazakhstan. Un peu partout dans le nom des institutions et de certains lieux. Entre flagornerie d’affidés et décisions de conseillers, à partir de 2007 l’entourage du Président Noursoultan Nazarbaïev se mit à tout va à emprunter le « Nour » du prénom du chef de l’Etat pour rebaptiser toutes choses. « Les blagues ont alors commencé à fuser sur internet, du genre : Comme cela, on aura de la vitamine D pour nos hivers bien gris ! », raconte Adil Nourmakov, un jeune politologue et blogueur. Fin 2006, le parti présidentiel “Otan” [“Patrie”] était renommé “Nour Otan” [“Les rayons de lumière de la patrie”]. Nous ne le savions pas à l’époque, mais c’était le premier d’une belle série. Aujourd’hui, l’entrée principale du quartier général de “Nour Otan” donne sur la “Nour Zhol” [“Le chemin de la lumière”], récemment encore appelée “Chemin vert”, la perspective centrale de la nouvelle capitale Astana. Vous voyez, à deux pas de la nouvelle mosquée récemment rebaptisée “Nour Astana”. »
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Les nationalités en Asie centrale
Carte : Philippe Rekacewicz, 2000, mise à jour en 2010.
Astana, qui veut simplement dire « Capitale » en kazakh, pourrait être rebaptisée « Noursoultan », quelques députés y travaillent. « Il faut renommer Astana du vivant de M. Nazarbaïev. Pourquoi attendre sa mort ? C’est grâce à lui qu’existe cette ville, avec ses superbes édifices tantôt ultra-modernes à l’occidentale, tantôt au style plus oriental. Il y a quinze ans ici, ce n’était qu’une steppe laissée aux loups », affirme Sat Tokpakbaïev, l’un de ces hommes politiques. Et lorsqu’on lui demande si son initiative n’est pas de nature à classer définitivement son pays dans la catégorie « régimes autoritaires », le député rétorque qu’aux Etats-Unis « la capitale a été baptisée d’après le nom du Président Washington et qu’il y existe une Jacksonville et une Lincolnville ».
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A Karaganda, poster célébrant le grand programme de développement « Kazakhstan 2030 », présenté comme une illustration du génie de M. Nazarbaïev
Photo : Régis Genté, 2008.
L’initiative sera-t-elle récompensée par un « oui » du Président ? On ne saurait l’exclure. En 2003, M. Nazarbaïev déclarait au Wall Street Journal : « Dans les pays Orientaux, ils respectent beaucoup leurs leaders et certaines personnes m’ont approché et m’ont dit qu’ils aimeraient ériger un monument pour moi, comme ils le font au Turkménistan pour Turkmenbachi (Saparmourad Nyazov). J’ai demandé pourquoi ? Ceci [Astana] est le monument. Mes réalisations sont mon monument. » Déjà, l’acte de naissance de la nouvelle capitale du Kazakhstan n’est plus officiellement le 10 décembre 1997, jour où fut signé le décret entérinant une décision d’ordre géopolitique, mais le 6 juillet 1998… Ainsi, les dix ans d’Astana purent être fêtés en même temps que les 70 printemps de son fondateur.
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Astana, Un « monument » à la gloire de M. Nazarbaïev
Photo : Ré. Ge. 2010.
Si ce culte de la personnalité semble avoir pris un coup d’accélérateur ces dernières années, c’est que les semences avait été jetées dans la steppe kazakhe dès les années 1990. Elles tardèrent toutefois à germer apparemment à cause de l’opposition de Sarah Nazarbaïeva, l’épouse du chef de l’Etat. Selon son ex-gendre, Rakhat Aliev, en exil à Vienne depuis 2007 après avoir été trop gourmand politiquement, c’est elle qui a dissuadé son mari de saturer l’horizon de ses portraits géants. Comme au Turkménistan voisin par exemple. Pas de statues en or non plus.

Toutefois, l’or sert le culte de ce khan des temps modernes. Au beau milieu de « Nour Zhol », à Astana, se dresse la tour Bayterek, aux formes inspirées de l’arbre de vie des légendes kazakhes. L’édifice de 97 mètres de haut, structure métallique dominée par un globe de verre doré, est l’attraction touristique de la capitale, même si les Kazakhstanais l’ont rebaptisé « la sucette », avec leur humour hérité de l’époque soviétique. Le samedi, les jeunes mariés, les kazakhs ethniques essentiellement, viennent s’y faire photographier dans des poses romantiques. Mais surtout, ils viennent apposer leurs mains gantées dans le bloc en or marqué de l’empreinte de celle du Président, face à Akorda, sa résidence. C’est l’occasion de faire des vœux.
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Dans la tour Bayterek, les jeunes mariés célèbrent le culte du président
Photo : Ré. Ge. 2011.
Au moment où les mains touchent le bloc en or, retentit l’hymne national, aux paroles retouchées par M. Nazarbaïev lui-même. On peut voir ses annotations en marge du texte vénéré dans une vitrine du « Musée du premier Président de la république du Kazakhstan », à Astana. Les groupes d’écoliers et de collégiens défilent inlassablement dans ce musée dédié à ce président à part, qui s’est lui même octroyé ce titre de « premier Président de la république » avant de devenir, en juin 2010, « leader de la nation ». Distinctions qui lui donnent des droits que n’auront plus ses successeurs et qui lui assurent une large immunité.
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Les jeunes mariés apposent leurs mains dans le bloc en or marqué de l’empreinte de celle du Président
Photo : Ré. Ge. 2011.
Mais parmi tous ses titres, c’est peut-être surtout celui de « grand-père » qui produit le plus d’effets dans l’esprit des 16 millions de ses compatriotes. C’est bien ce qui inquiète Bakhytzhan Toregozhina, qui dirige une ONG de protection de la jeunesse : « Nous avons des enfants qui, le matin, à la crèche, commencent par écouter l’hymne du Kazakhstan. Et on explique à ces petits enfants que l’auteur est Noursoultan Nazarbaïev. On leur demande de l’appeler grand-père. Certains croient vraiment que Noursoultan Nazarbaïev est un homme à qui ils doivent d’être nés. » Plus tard, à l’école ou à l’université, les jeunes Kazakhstanais doivent étudier les adresses à la nation que Grand-papa prononce chaque année devant le parlement, chantant l’avenir radieux de la glorieuse nation du Kazakhstan.

Régis Genté est journaliste. Basé à Tbilissi, il couvre le Caucase et l’Asie centrale.

Elections au pays du « Sultan de la lumière »

Par Régis Genté
pour http://blog.mondediplo.net

Dimanche 3 avril, l’ex-république soviétique d’Asie centrale élit son Président. Une farce électorale que Noursoultan Nazarbaïev a imposée deux ans avant le terme de son mandat, sans aucune justification. Le « khan kazakh » (« sultan kazakh »), à la tête du pays depuis 1989, doit faire des envieux au Proche-Orient. Son secret : un peu de redistribution de la manne pétrolière et de bonnes vieilles recettes soviétiques, à commencer par un culte de la personnalité découvert sur le tard.
Fiat lux, et la lumière fut… et les rayons de lumière (« Nour », en kazakh) jaillirent un peu partout au Kazakhstan. Un peu partout dans le nom des institutions et de certains lieux. Entre flagornerie d’affidés et décisions de conseillers, à partir de 2007 l’entourage du Président Noursoultan Nazarbaïev se mit à tout va à emprunter le « Nour » du prénom du chef de l’Etat pour rebaptiser toutes choses. « Les blagues ont alors commencé à fuser sur internet, du genre : Comme cela, on aura de la vitamine D pour nos hivers bien gris ! », raconte Adil Nourmakov, un jeune politologue et blogueur. Fin 2006, le parti présidentiel “Otan” [“Patrie”] était renommé “Nour Otan” [“Les rayons de lumière de la patrie”]. Nous ne le savions pas à l’époque, mais c’était le premier d’une belle série. Aujourd’hui, l’entrée principale du quartier général de “Nour Otan” donne sur la “Nour Zhol” [“Le chemin de la lumière”], récemment encore appelée “Chemin vert”, la perspective centrale de la nouvelle capitale Astana. Vous voyez, à deux pas de la nouvelle mosquée récemment rebaptisée “Nour Astana”. »
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Les nationalités en Asie centrale
Carte : Philippe Rekacewicz, 2000, mise à jour en 2010.
Astana, qui veut simplement dire « Capitale » en kazakh, pourrait être rebaptisée « Noursoultan », quelques députés y travaillent. « Il faut renommer Astana du vivant de M. Nazarbaïev. Pourquoi attendre sa mort ? C’est grâce à lui qu’existe cette ville, avec ses superbes édifices tantôt ultra-modernes à l’occidentale, tantôt au style plus oriental. Il y a quinze ans ici, ce n’était qu’une steppe laissée aux loups », affirme Sat Tokpakbaïev, l’un de ces hommes politiques. Et lorsqu’on lui demande si son initiative n’est pas de nature à classer définitivement son pays dans la catégorie « régimes autoritaires », le député rétorque qu’aux Etats-Unis « la capitale a été baptisée d’après le nom du Président Washington et qu’il y existe une Jacksonville et une Lincolnville ».
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A Karaganda, poster célébrant le grand programme de développement « Kazakhstan 2030 », présenté comme une illustration du génie de M. Nazarbaïev
Photo : Régis Genté, 2008.
L’initiative sera-t-elle récompensée par un « oui » du Président ? On ne saurait l’exclure. En 2003, M. Nazarbaïev déclarait au Wall Street Journal : « Dans les pays Orientaux, ils respectent beaucoup leurs leaders et certaines personnes m’ont approché et m’ont dit qu’ils aimeraient ériger un monument pour moi, comme ils le font au Turkménistan pour Turkmenbachi (Saparmourad Nyazov). J’ai demandé pourquoi ? Ceci [Astana] est le monument. Mes réalisations sont mon monument. » Déjà, l’acte de naissance de la nouvelle capitale du Kazakhstan n’est plus officiellement le 10 décembre 1997, jour où fut signé le décret entérinant une décision d’ordre géopolitique, mais le 6 juillet 1998… Ainsi, les dix ans d’Astana purent être fêtés en même temps que les 70 printemps de son fondateur.
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Astana, Un « monument » à la gloire de M. Nazarbaïev
Photo : Ré. Ge. 2010.
Si ce culte de la personnalité semble avoir pris un coup d’accélérateur ces dernières années, c’est que les semences avait été jetées dans la steppe kazakhe dès les années 1990. Elles tardèrent toutefois à germer apparemment à cause de l’opposition de Sarah Nazarbaïeva, l’épouse du chef de l’Etat. Selon son ex-gendre, Rakhat Aliev, en exil à Vienne depuis 2007 après avoir été trop gourmand politiquement, c’est elle qui a dissuadé son mari de saturer l’horizon de ses portraits géants. Comme au Turkménistan voisin par exemple. Pas de statues en or non plus.

Toutefois, l’or sert le culte de ce khan des temps modernes. Au beau milieu de « Nour Zhol », à Astana, se dresse la tour Bayterek, aux formes inspirées de l’arbre de vie des légendes kazakhes. L’édifice de 97 mètres de haut, structure métallique dominée par un globe de verre doré, est l’attraction touristique de la capitale, même si les Kazakhstanais l’ont rebaptisé « la sucette », avec leur humour hérité de l’époque soviétique. Le samedi, les jeunes mariés, les kazakhs ethniques essentiellement, viennent s’y faire photographier dans des poses romantiques. Mais surtout, ils viennent apposer leurs mains gantées dans le bloc en or marqué de l’empreinte de celle du Président, face à Akorda, sa résidence. C’est l’occasion de faire des vœux.
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Dans la tour Bayterek, les jeunes mariés célèbrent le culte du président
Photo : Ré. Ge. 2011.
Au moment où les mains touchent le bloc en or, retentit l’hymne national, aux paroles retouchées par M. Nazarbaïev lui-même. On peut voir ses annotations en marge du texte vénéré dans une vitrine du « Musée du premier Président de la république du Kazakhstan », à Astana. Les groupes d’écoliers et de collégiens défilent inlassablement dans ce musée dédié à ce président à part, qui s’est lui même octroyé ce titre de « premier Président de la république » avant de devenir, en juin 2010, « leader de la nation ». Distinctions qui lui donnent des droits que n’auront plus ses successeurs et qui lui assurent une large immunité.
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Les jeunes mariés apposent leurs mains dans le bloc en or marqué de l’empreinte de celle du Président
Photo : Ré. Ge. 2011.
Mais parmi tous ses titres, c’est peut-être surtout celui de « grand-père » qui produit le plus d’effets dans l’esprit des 16 millions de ses compatriotes. C’est bien ce qui inquiète Bakhytzhan Toregozhina, qui dirige une ONG de protection de la jeunesse : « Nous avons des enfants qui, le matin, à la crèche, commencent par écouter l’hymne du Kazakhstan. Et on explique à ces petits enfants que l’auteur est Noursoultan Nazarbaïev. On leur demande de l’appeler grand-père. Certains croient vraiment que Noursoultan Nazarbaïev est un homme à qui ils doivent d’être nés. » Plus tard, à l’école ou à l’université, les jeunes Kazakhstanais doivent étudier les adresses à la nation que Grand-papa prononce chaque année devant le parlement, chantant l’avenir radieux de la glorieuse nation du Kazakhstan.

Régis Genté est journaliste. Basé à Tbilissi, il couvre le Caucase et l’Asie centrale.

jeudi 24 mars 2011

Haïti, retour aux urnes, retour au pays

Par Benjamin Fernandez
Pour http://www.monde-diplomatique.fr

Le 20 mars, les Haïtiens sont appelés aux urnes. « A nouveau », pourrait-on dire : ils y avaient déjà été conviés le 28 novembre 2010 (1). Le scrutin présidentiel visait alors à reconstruire l’Etat pour reconstruire le pays. Dénaturé par la fraude, la tutelle étrangère et une épidémie de choléra, il avait plongé le pays dans une nouvelle crise, politique cette fois (2). Quatre mois plus tard, lors du second tour (une nouveauté dans l’histoire du pays), les enjeux demeurent les mêmes. Mais plus aigus : la population est au bord de l’épuisement.
Symboliquement, le scrutin se déroulera vingt-cinq ans après la chute de la dictature duvaliériste. Vingt-cinq années de gouvernements entravés par les institutions financières, par l’intromission des puissances tutélaires, ébranlés par les coups d’Etat et rongés par la corruption des élites. Vingt-cinq années sans parvenir à mettre le pays sur la voie du développement et de la démocratie.

Le vote aura également lieu un peu plus d’un an après le séisme ravageur du 12 janvier 2010 (3). Une année au cours de laquelle l’Etat haïtien et l’aide internationale se sont montrés incapables de mettre en œuvre la reconstruction du pays. Une année sans que ne s’améliorent vraiment les conditions de vie des Haïtiens.
Plus d’un million de personnes vivent toujours sous les tentes qui s’étendent à perte de vue sur les flancs des mornes dominant Port-Au-Prince et sur la place du Champ de Mars au bas de la ville. Trois millions d’Haïtiens se trouvent en situation d’insécurité alimentaire et le chômage atteint 80 %. « L’urgence » s’éternise : l’épidémie de choléra introduite accidentellement par le contingent népalais de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) a fait officiellement plus de cinq mille victimes depuis le mois d’octobre et semble s’être installée pour longtemps. La présence massive d’organisations non gouvernementales (ONG) a entraîné une flambée des prix et accru la dépendance de la population.

Les promesses des donateurs internationaux sont restées largement lettre morte et une partie des sommes réellement décaissées restent gelées faute d’institutions publiques solides et fiables. La capitale, déjà saturée et délabrée avant le tremblement de terre, est plus que jamais impraticable et irrespirable en raison de la nuée de poussière en suspension et des amoncellements de gravats. Difficile d’imaginer qu’elle puisse être à court terme transformée en ville opérationnelle. La population est une fois de plus livrée à elle-même.
Et rien ne laisse imaginer que l’élection apportera les changements qu’espère la population. Qu’on en juge : les résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle ne sont pas encore publiés, le candidat du pouvoir Jude Célestin a été écarté sous pression d’une partie de l’électorat et de la diplomatie américaine après de fortes suspicions de fraudes et les deux candidats restants — sur les dix-neuf prétendants initiaux — suscitent plus d’inquiétude que d’espoir.

Point de programme clair, mais des moyens et un style de campagne inédits. Ainsi, si vous êtes affilié à un opérateur téléphonique en Haïti, vous aurez certainement reçu un appel de M. Michel Martelly ou de Mme Mirlande Manigat, qui s’enquiert de votre santé et de celle de votre famille avant de vous inviter à « bien » voter. Ce message préenregistré a d’ailleurs retenu l’attention du commandant de la base américaine de Fort Bragg : il a décidé de déclencher l’alerte et d’évacuer plusieurs bâtiments de peur que l’énergique exhortation en créole de M. Martelly à voter tèt kale (« votez pour le crâne rasé ») ne constitue une menace terroriste.
Mme Manigat, épouse de l’ex-président Leslie Manigat qui avait été balayé par un coup d’Etat en 1988 et s’est présenté sans succès à toutes les élections depuis, est proche de la démocratie chrétienne et des formations libérales du continent. Si elle a reçu le soutien de la puissante Eglise protestante et des intellectuels, elle reste globalement peu populaire auprès des jeunes générations étant donnée sa proximité avec l’élite métisse qui a toujours veillé à la conservation de ses intérêts. Une image qu’elle essaie vainement de briser en apparaissant aux côtés de sportifs et de groupes de rap dans les quartiers populaires.

De son côté, M. Martelly était plus connu avant sa candidature sous le surnom de « Sweet Micky », chanteur autoproclamé « président du Compas », musique très populaire en Haïti. Sous des abords sympathiques de chanteur excentrique, proche de Wyclef Jean et autres célébrités américaines, M. Martelly incarne une nouvelle figure de la démagogie extrémiste. Car s’il est un novice sur la scène du pouvoir, il s’est illustré par le passé aux côtés des militaires putschistes qui renversèrent en 1991 le premier président élu au suffrage universel, M. Jean Bertrand Aristide. Il était à cette époque proche du Fraph, une milice des quartiers riches lancée aux côtés d’escadrons de la mort dans la répression des habitants des quartiers pauvres fidèles au président. Il ne cache d’ailleurs pas son admiration pour l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, qui vient de faire son retour au mépris de la justice de son pays. La popularité de M. Martelly est la plus forte parmi les jeunes qui n’ont pas connu la dictature de « Bébé Doc » ni celle des militaires putschistes. Il est également apprécié dans les bidonvilles qui souffrent de l’insécurité dans les quartiers du bas de la ville où ils résident ou se rendent travailler (4).

Resté in extremis dans la course après l’éviction du candidat du pouvoir, celui qui se présente comme l’« outsider » désormais favori a connu une ascension fulgurante. Un succès qui ne semble pas uniquement dû à son charisme naturel ou à son (introuvable) engagement pour le pays. La firme Sola, basée à Madrid, qui avait pris en main la campagne de M. Felipe Calderón en 2006 au Mexique, a dirigé la campagne de M. Martelly au cours des sept dernières semaines (5). Les soutiens financiers de M. Martelly souhaitent rester discrets, mais celui affiché par l’ancien porte-parole de l’ambassade américaine — M. Stanley Schager, qui avait joué un rôle essentiel pendant le coup d’Etat de 1991 orchestré par la CIA (6) et la période d’embargo —, en dit plus qu’il n’aimerait sur ses bienfaiteurs : « J’espère qu’il sera le prochain président d’Haïti. Il pourrait être le dernier espoir de ce pays ignoré et désespéré (7). » Deux semaines avant les élections, la priorité du candidat a été de rendre visite aux milieux d’affaires de Miami : « Il pourrait être le Berlusconi haïtien », ironise le romancier Gary Victor, fin portraitiste de dictateurs tropicaux (8), attablé à la terrasse fleurie de l’hôtel historique Olofsson, où M. Martelly compte pourtant de nombreux sympathisants. Beaucoup se disent prêts à voter pour lui afin de « tenter un changement, n’importe lequel », rappelle-t-il, alors que « le séisme a révélé la nullité de l’Etat, et que la faillite de toutes les gauches a ouvert la voie à un populisme d’extrême droite ».

Mais, plus grave encore, les méthodes employées par le candidat rappellent de sombres heures de l’histoire politique haïtienne. Le 9 mars, lors, d’un débat télévisé, il a explicitement averti le journaliste Gotson Pierre de possibles représailles de la « rue », après que celui-ci l’eut interrogé sur ses faillites immobilières en Floride (9). Des menaces qui ne sont pas sans rappeler les violences dont ont été victimes plusieurs journalistes lors des manifestations en faveur du candidat au lendemain de la publication des résultats préliminaires du premier tour, le 7 décembre 2010. En outre, trois poseurs d’affiches de campagne de Mme Manigat ont été retrouvés morts après avoir été torturés et une série d’« incidents » a visé l’équipe de la candidate depuis dix jours. M. Martelly avait prévenu au lendemain du premier tour : il ne se laisserait pas voler « sa victoire ».

Dans ce contexte, le choix de Mme Manigat paraît moins risqué à certains. Elle garantirait « un minimum de moralité », selon un homme venu réclamer sa carte électorale, rencontré dans le quartier Turgeau. Mais, rappelle Victor, la candidate représente un clan rétrograde qui a favorisé l’exclusion sans apporter la moindre réponse aux problèmes du pays ni inquiéter les « voyous » des bidonvilles (ou ceux du Palais présidentiel). « Nous sommes encore dans un système d’exclusion », conclut-il. Pour Pierre, « l’élection pourrait marquer un retour des appareils conservateurs dans le dispositif de pouvoir ».

Le fond du problème, confie le fondateur de l’agence Alterpresse, porte-voix des luttes sociales haïtiennes, c’est « le vide de structure politique qui est une conséquence du coup d’Etat de 1991. Celui-ci avait marqué un coup d’arrêt à l’effort d’organisation politique généré dans l’opposition à Duvalier ». « La véritable nouveauté de ce second tour, poursuit-il, c’est qu’il rompt définitivement avec la seule organisation politique véritable depuis la fin de la dictature : le parti Lavalas du président Aristide, organisation qui a dominé sans partage la vie politique depuis 20 ans. »

Or, l’ancien président en exil depuis sept ans en Afrique du Sud vient de faire son retour en Haïti, à la suite de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier un mois avant lui. Mais à la différence de ce dernier — dont le retour très médiatisé aura servi à détourner quelque temps l’attention des affaires de corruption du gouvernement de M. Préval (10) sans présenter de réel danger pour la classe politique — l’ancien président ne laisse pas de préoccuper les candidats et les forces internationales en présence. Le président américain Barack Obama et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon sont tour à tour intervenus auprès du président sud-africain Jacob Zuma pour qu’il accepte de retenir encore au moins un mois son « invité ». De son côté, l’ambassadeur français, M. Didier Le Bret, a déclaré que le retour de M. Aristide avant le second tour du scrutin n’était pas « une bonne idée » (11), estimant que « l’ancien président serait, pour l’instant, une source de tension (...) néfaste à la tenue du second tour du scrutin ». Devant l’ambassade américaine, les manifestants ont répondu que « sans retour, il n’y a pas de deuxième tour ». En effet, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par les Etats-Unis, stipule que « nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ». Cependant, le secrétaire général du Comité des avocats pour le respect des libertés individuelles (CARLI), M. Renand Hédouville, ajoute que M. Aristide « doit être prêt à répondre aux questions de la justice pour les multiples violations de droits humains qui se sont produites sous son gouvernement (12) ».

Adossée à un parti divisé, coupé de sa base, et étroitement surveillé par les nations qui l’avaient contraint à signer sa démission, l’influence du très populaire « prêtre des bidonvilles » — qui avait lui aussi fini par révéler un considérable appétit de pouvoir — est sensiblement affaiblie. Néanmoins, la continuité des problèmes sociaux, le marasme politique prévisible et la trahison probable des promesses à l’horizon des élections pourraient lui attirer une nouvelle sympathie.

Cristallisant les mécontentements populaires, le retour d’Aristide pourrait aggraver la crise politique. « Le pire n’est peut-être pas encore arrivé », estime, inquiet, Gotson Pierre.
Benjamin Fernandez
 
(1) Lire Christophe Wargny, « Haïti entre Dieu et ONG », Le Monde diplomatique, janvier 2011.
(2) Lire Alexander Main, « Voter dans un pays qui ne s’appartient plus », Le Monde diplomatique, janvier 2011.
(3) Lire Christophe Wargny, « Haïti, la tectonique de la misère », Le Monde diplomatique, février 2010.
(4) L’insécurité dans ces quartiers s’explique, entre autres, par le fait que l’ex-président Aristide, en armant principalement ses partisans de Cité Soleil et de Carrefour, a créé des rivalités entre les bidonvilles.
(5) « Campaign fixer sweetens prospects for Haiti’s Michel Martelly », The Toronto Star, 6 décembre 2010.
(6) Voir le rapport de l’organisation Human Rights Watch publié en 1997 (http://www.unhcr.org/refworld/publi...).
(7) Le Nouvelliste, 23 février 2011.
(8) Il est l’auteur, entre autres, d’une série de récits littéraires qui tournent en dérision un despote fictif, Albert Buron, dans une île des Caraïbes, et sont réunis dans le recueil Chroniques d’un leader haïtien comme il faut : les meilleures d’Albert Buron, Mémoire d’encrier, Montréal, 2006.
(9) The Miami Herald a révélé le 7 mars que trois maisons de la famille Martelly ont été confisquées dans le sud de la Floride par des banques pour non-paiement : « Haiti candidate Martelly lost three S. Florida properties to foreclosure ».
(10) L’irruption de Bébé Doc sur la scène médiatique a correspondu à un effacement subit des requêtes formulées au président Préval pour qu’il rende des comptes concernant le financement occulte du Centre national des équipements (CNE) dirigé par M. Jude Célestin, des contrats signés sans preuve d’appel d’offres préalable, ainsi qu’au sujet d’assassinats non élucidés autour de ces affaires. Lire Leslie Péan, « Le cataclysme des Duvalier et celui du 12 janvier 2010 », Alterpresse, 15 mars 2010.

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