Affichage des articles dont le libellé est esclavage. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est esclavage. Afficher tous les articles

jeudi 14 juin 2012

Brésil : L'expropriation des patrons esclavagistes enfin approuvée

Ecrit par Raphael Tsavkko Garcia · Traduit par Jean Saint-Dizier Article écrit en collaboration avec Mariana Parra. le 7 Juin 2012 pour http://fr.globalvoicesonline.org
Pour tenter de lutter contre l'exploitation des travailleurs réduits en quasi esclavage au Brésil, la proposition d'amendement constitutionnel portant le n° 438 (PEC 438) vient d'être approuvée au Congrès brésilien le 22 mai dernier.  La proposition approuvée garantit l'expropriation immédiate, sans droit à indemnisation,  des propriétés où “les agents du gouvernements attestent l'existence de conditions de travail semblables à l'esclavage ou des formes analogues d'exploitations de main-d’œuvre dans une propriété déterminée, que celle-ci soit rurale ou urbaine”. Jusqu'alors, les terres confisquées allaient à la réforme agraire et, pour les cas en milieu urbain, servaient aux programmes constructions de logement sociaux. Ce fut précisément l'ajout d'immeubles urbains au projet de loi qui entraina ce retour devant la chambre des députés, retour qui s'est fait attendre durant 7 ans. Le vote de la PEC, qui  selon la députée  Rosinha, fut ajourné au moins 37 fois, a dû attendre cette approbation pendant 17 longues années, entre les diverses modifications, les rajouts, les votes au Sénat et à la Chambre des députés ainsi que les ajournements de la part du camp des  ”ruralistes” qui, lorsque s'approchait le moment des scrutins, oeuvraient pour  vider le Congrès des députés ainsi que diverses manœuvres politiques pour éviter à tous prix que le quorum nécessaire à l'approbation de la loi ne soit atteint.
Deputados comemoram a aprovação da PEC 438. Foto de Rogério Tomaz Jr, usada com permissão
Des députés fêtent l'approbation de la PEC 438. Photo de Rogério Tomaz Jr, utilisée avec permission
L'activiste Rogério Tomaz Jr précise :
Dois mil, oitocentos e quarenta e um dias. Sete anos, nove meses e onze dias. Esse foi o tempo decorrido entre a aprovação em primeiro e segundo turnos da proposta de emenda à Constituição (PEC 438/2001) que expropria terras onde for constatada a prática do trabalho escravo. Originalmente proposta em 1999 por um baiano – o senador Ademir Andrade (PSB-PA) – e aprovada numa sessão da Câmara conduzida por um gaúcho, o deputado Marco Maia (PT-RS), a PEC do Trabalho Escravo foi uma rara (e acachapante) derrota dos ruralistas num Congresso onde eles, via de regra, aprovam ou desaprovam tudo que querem.
Deux mille huit cent quarante et un jours. Sept ans, neuf mois et onze jours. Ce fut le temps nécessaire à l'approbation, entre le premier et le deuxième tour, de cette proposition d'amendement de la constitution (PEC 438/2001) qui exproprie les terres où aura été constatée des pratiques d'esclavage envers les travailleurs. Proposée à l'origine par un bahianais en 1999 - le sénateur Ademir Andrade (PSB-PA ou Parti Socialiste Brésilien de l'état du Pará ) - et approuvée lors d'une session de la Chambre des députés dirigée par un gaúcho (de la région sud du Brésil), le député Marco Maia (PT-RS ou Parti Travailliste de l'état de Rio Grande do Sul), la PEC sur l'esclavage représente une rare (et écrasante) défaite des ruralistes dans un Congrès où d'habitude, ils approuvent ou désapprouvent à leur gré tout ce qu'ils souhaitent.
Le projet initial de la PEC 438 date de 1995 - à la Chambre des députés -, lorsque le député Paulo Rocha, du Parti des Travailleurs de l'état de Bahia proposa un projet permettant la saisie de toute propriété rurale où serait constaté un recours à une main d’œuvre en conditions analogues à celles du travail esclave, et de 1999 - au Sénat - avec le sénateur Ademir de Andrade, du PSD de l'état du Pará, qui la modifia en  2001, pour la transformer PEC 438, destinant alors les terres confisquées à la réforme agraire. Depuis lors, la bataille pour son approbation était lancée. La proposition avait été approuvée par le Sénat et à l'occasion d'un premier tour, à la Chambre des députés en août 2004, avec 326 voix pour, 10 contre, et 8 abstentions. Vu que les propositions de lois qui altèrent la Constitution requièrent un vote sur deux tours pour être approuvées, la PEC 438  attendait le deuxième et devait être approuvée par les trois cinquièmes du total des 513 député(e)s fédéraux, mais elle avait toujours été renvoyée aux calendes par les députés du fameux groupe des Ruralistes, fréquemment critiquée pour ses politiques “rétrogrades” dans le secteur agraire brésilien et dans l'agro-industrie.  Elle a finalement été approuvée avec 360 voix pour, 29 contre et 25 abstention, totalisant ainsi 414 voix.
Levantamento da ONG Repórter Brasil com fotos e nomes dos deputados que votaram contra a PEC 438.
Résultat d'une enquête de l'ONG Reporter Brasil avec les photos et les noms des députés qui ont voté contre la PEC 438.
Sur Twitter, le mot-clé #PEC438 a connu un grand succès, surtout chez ceux qui soutenaient la proposition. Le député du PSOL (Parti Socialisme et Liberté) de Rio de Janeiro, Chico Alencar (@DepChicoAlencar), a listé les partis qui ont voté contre la PEC, y compris ceux qui se sont abstenus ou ont déclaré leur intention de s'y opposer.
Des 55 voix CONTRE, ABSTENTION et OBSTRUCTION contre la PEC du travail esclave, 40% viennent du PSD, 30% do DEM, 25% PP, 24% PMDB, 18% PTB, 17% PR
Le journaliste George Silva (@George_wos) a quant à lui indiqué le nombre de voix contre dans chaque parti :
DEM (5), PDT (1), PHS (1), PMDB (7), PP (4), PR (1), PSC (1), PSD (7), PSDB (1) e PTB (1). Les 29 voix contre à ‪#PEC438http://bit.ly/JHwclW
Et le professeur Idelber Avelar a posté, sur Twitter, la liste complète des votes de la Chambre des Députés. Le site trabalhoescravo.org.br, créé par les ONG qui soutenaient l'approbation de la PEC 438 a aussi établi une liste des parlementaires qui ont voté et de ceux qui se sont absentés et a aussi publié les noms et les photos de chacun d'eux. Parallèlement, les députés qui avaient soutenu l'approbation ont célébré la victoire, comme Jean Wyllys (@jeanwyllys_real), do PSOL, et Paulo Teixeira (@PauloTeixeira13), du PT:
#PEC438‬ aprovada! Vitória histórica! Vitória da democracia e do Brasil que deseja se desenvolver sem explorar a mão de obra escrava!
approuvée! Victoire historique! Victoire de la démocratie et du Brésil qui souhaite se développer sans exploiter une main d’œuvre esclave !
Le blogueur et activiste Leonardo Sakamoto commente en partie les raisons d'un vote si long et difficile :
Os ruralistas e contrários à proposta defendem a aprovação de uma lei que defina o conceito de trabalho escravo, diminuindo as situações possíveis de caracterizá-lo. Os favoráveis à proposta e o governo afirmam que não há necessidade e que o conceito de trabalho escravo já é claro no artigo 149 do Código Penal, defendendo a aprovação de legislação infraconstitucional apenas para regulamentar a expropriação, garantindo que ela ocorra após decisão judicial transitada em julgado.
Les ruralistes et les “contre” la proposition de loi défendent l'approbation d'une loi qui définisse le concept de travail esclave, diminuant ainsi les situations où il pourrait être caractérisé. Les “pour” ainsi que le gouvernement affirment qu'il n'y a pas de nécessité de revoir un concept (du travail esclave) déjà énoncé clairement dans l'article 149 du Code Pénal, ne défendant l'approbation de la législation infra-constitutionnelle que pour réglementer l'expropriation, en garantissant qu'elle ait lieu après décision judiciaire, prise lors d'un jugement en bonne et due forme.
Deputados comemoram e cantam o hino nacional com a bandeira brasileira. Foto de Thiago Skárnio sob licença CC
Des députés célèbrent la victoire en chantant l'hymne national avec le drapeau brésilien. Photo de Thiago Skárnio sous licence CC
Le journaliste conservateur Políbio Braga a applaudi les députés qui ont voté contre la PEC, en affirmant que:
O artigo 149 do Código Penal, fala em condições “exaustivas”, ”degradantes” e “análogas”, mas não conceitua nada. Para efeitos de expropriação da propriedade rural ou urbana, tudo ficará submetido ao arbítrio do fiscal da DRT.
L'article 149 du Code Pénal parle de conditions “éreintantes”, “dégradantes” et “analogues”, mais ne conceptualise rien. Quant à l'expropriation de la propriété rurale ou urbaine, elle restera soumise à l'arbitraire de la décision du contrôleur de la DRT (Delegacia Regional do Trabalho ou l'Observatoire Régional du Travail).
De tels arguments sont fortement contestés par les organismes gouvernementaux et les membres de le société civile qui œuvrent dans la lutte contre le travail d'esclave au Brésil, qui ajoutent que les lois qui conceptualisent le travail esclave et prévoient les mécanismes de contrôle et de punitions sont claires et comptabilisent déjà une importante jurisprudence. Cette clarté a encore été  renforcée par la rapporteure des Nations Unies sur les formes contemporaines de l'esclavage, l'Arménienne Gulnara Shahinian. La PEC poursuit désormais son chemin avec le vote au Sénat, où les ruralistes espèrent provoquer un débat afin de discuter et de redéfinir le concept de “travail esclave”, malgré le fait que celui-ci soit déjà bien défini dans le Code Pénal, en ayant pour objectif de restreindre la définition pour les cas extrêmes excluant ainsi les situations de dégradations et de violations des droits de l'homme, qu'ils considèrent  “moins graves”.

lundi 11 juin 2012

Brésil : L'expropriation des patrons esclavagistes enfin approuvée

Ecrit par Raphael Tsavkko Garcia · Traduit par Jean Saint-Dizier
Article écrit en collaboration avec Mariana Parra.
le 7 Juin 2012
pour http://fr.globalvoicesonline.org

Pour tenter de lutter contre l'exploitation des travailleurs réduits en quasi esclavage au Brésil, la proposition d'amendement constitutionnel portant le n° 438 (PEC 438) vient d'être approuvée au Congrès brésilien le 22 mai dernier.  La proposition approuvée garantit l'expropriation immédiate, sans droit à indemnisation,  des propriétés où “les agents du gouvernements attestent l'existence de conditions de travail semblables à l'esclavage ou des formes analogues d'exploitations de main-d’œuvre dans une propriété déterminée, que celle-ci soit rurale ou urbaine”.

Jusqu'alors, les terres confisquées allaient à la réforme agraire et, pour les cas en milieu urbain, servaient aux programmes constructions de logement sociaux. Ce fut précisément l'ajout d'immeubles urbains au projet de loi qui entraina ce retour devant la chambre des députés, retour qui s'est fait attendre durant 7 ans. Le vote de la PEC, qui  selon la députée  Rosinha, fut ajourné au moins 37 fois, a dû attendre cette approbation pendant 17 longues années, entre les diverses modifications, les rajouts, les votes au Sénat et à la Chambre des députés ainsi que les ajournements de la part du camp des  ”ruralistes” qui, lorsque s'approchait le moment des scrutins, oeuvraient pour  vider le Congrès des députés ainsi que diverses manœuvres politiques pour éviter à tous prix que le quorum nécessaire à l'approbation de la loi ne soit atteint.

Deputados comemoram a aprovação da PEC 438. Foto de Rogério Tomaz Jr, usada com permissão
Des députés fêtent l'approbation de la PEC 438. Photo de Rogério Tomaz Jr, utilisée avec permission


L'activiste Rogério Tomaz Jr précise :
Dois mil, oitocentos e quarenta e um dias. Sete anos, nove meses e onze dias.
Esse foi o tempo decorrido entre a aprovação em primeiro e segundo turnos da proposta de emenda à Constituição (PEC 438/2001) que expropria terras onde for constatada a prática do trabalho escravo.
Originalmente proposta em 1999 por um baiano – o senador Ademir Andrade (PSB-PA) – e aprovada numa sessão da Câmara conduzida por um gaúcho, o deputado Marco Maia (PT-RS), a PEC do Trabalho Escravo foi uma rara (e acachapante) derrota dos ruralistas num Congresso onde eles, via de regra, aprovam ou desaprovam tudo que querem.
Deux mille huit cent quarante et un jours. Sept ans, neuf mois et onze jours.
Ce fut le temps nécessaire à l'approbation, entre le premier et le deuxième tour, de cette proposition d'amendement de la constitution (PEC 438/2001) qui exproprie les terres où aura été constatée des pratiques d'esclavage envers les travailleurs.

Proposée à l'origine par un bahianais en 1999 - le sénateur Ademir Andrade (PSB-PA ou Parti Socialiste Brésilien de l'état du Pará ) - et approuvée lors d'une session de la Chambre des députés dirigée par un gaúcho (de la région sud du Brésil), le député Marco Maia (PT-RS ou Parti Travailliste de l'état de Rio Grande do Sul), la PEC sur l'esclavage représente une rare (et écrasante) défaite des ruralistes dans un Congrès où d'habitude, ils approuvent ou désapprouvent à leur gré tout ce qu'ils souhaitent.

Le projet initial de la PEC 438 date de 1995 - à la Chambre des députés -, lorsque le député Paulo Rocha, du Parti des Travailleurs de l'état de Bahia proposa un projet permettant la saisie de toute propriété rurale où serait constaté un recours à une main d’œuvre en conditions analogues à celles du travail esclave, et de 1999 - au Sénat - avec le sénateur Ademir de Andrade, du PSD de l'état du Pará, qui la modifia en  2001, pour la transformer PEC 438, destinant alors les terres confisquées à la réforme agraire. Depuis lors, la bataille pour son approbation était lancée.

La proposition avait été approuvée par le Sénat et à l'occasion d'un premier tour, à la Chambre des députés en août 2004, avec 326 voix pour, 10 contre, et 8 abstentions. Vu que les propositions de lois qui altèrent la Constitution requièrent un vote sur deux tours pour être approuvées, la PEC 438  attendait le deuxième et devait être approuvée par les trois cinquièmes du total des 513 député(e)s fédéraux, mais elle avait toujours été renvoyée aux calendes par les députés du fameux groupe des Ruralistes, fréquemment critiquée pour ses politiques “rétrogrades” dans le secteur agraire brésilien et dans l'agro-industrie. 

Elle a finalement été approuvée avec 360 voix pour, 29 contre et 25 abstention, totalisant ainsi 414 voix.

Levantamento da ONG Repórter Brasil com fotos e nomes dos deputados que votaram contra a PEC 438.
Résultat d'une enquête de l'ONG Reporter Brasil avec les photos et les noms des députés qui ont voté contre la PEC 438.


Sur Twitter, le mot-clé #PEC438 a connu un grand succès, surtout chez ceux qui soutenaient la proposition.

Le député du PSOL (Parti Socialisme et Liberté) de Rio de Janeiro, Chico Alencar (@DepChicoAlencar), a listé les partis qui ont voté contre la PEC, y compris ceux qui se sont abstenus ou ont déclaré leur intention de s'y opposer.
Des 55 voix CONTRE, ABSTENTION et OBSTRUCTION contre la PEC du travail esclave, 40% viennent du PSD, 30% do DEM, 25% PP, 24% PMDB, 18% PTB, 17% PR
Le journaliste George Silva (@George_wos) a quant à lui indiqué le nombre de voix contre dans chaque parti :
DEM (5), PDT (1), PHS (1), PMDB (7), PP (4), PR (1), PSC (1), PSD (7), PSDB (1) e PTB (1). Les 29 voix contre à ‪#PEC438http://bit.ly/JHwclW
Et le professeur Idelber Avelar a posté, sur Twitter, la liste complète des votes de la Chambre des Députés. Le site trabalhoescravo.org.br, créé par les ONG qui soutenaient l'approbation de la PEC 438 a aussi établi une liste des parlementaires qui ont voté et de ceux qui se sont absentés et a aussi publié les noms et les photos de chacun d'eux.

Parallèlement, les députés qui avaient soutenu l'approbation ont célébré la victoire, comme Jean Wyllys (@jeanwyllys_real), do PSOL, et Paulo Teixeira (@PauloTeixeira13), du PT:
#PEC438‬ aprovada! Vitória histórica! Vitória da democracia e do Brasil que deseja se desenvolver sem explorar a mão de obra escrava!
approuvée! Victoire historique! Victoire de la démocratie et du Brésil qui souhaite se développer sans exploiter une main d’œuvre esclave !
Le blogueur et activiste Leonardo Sakamoto commente en partie les raisons d'un vote si long et difficile :
Os ruralistas e contrários à proposta defendem a aprovação de uma lei que defina o conceito de trabalho escravo, diminuindo as situações possíveis de caracterizá-lo. Os favoráveis à proposta e o governo afirmam que não há necessidade e que o conceito de trabalho escravo já é claro no artigo 149 do Código Penal, defendendo a aprovação de legislação infraconstitucional apenas para regulamentar a expropriação, garantindo que ela ocorra após decisão judicial transitada em julgado.
Les ruralistes et les “contre” la proposition de loi défendent l'approbation d'une loi qui définisse le concept de travail esclave, diminuant ainsi les situations où il pourrait être caractérisé. Les “pour” ainsi que le gouvernement affirment qu'il n'y a pas de nécessité de revoir un concept (du travail esclave) déjà énoncé clairement dans l'article 149 du Code Pénal, ne défendant l'approbation de la législation infra-constitutionnelle que pour réglementer l'expropriation, en garantissant qu'elle ait lieu après décision judiciaire, prise lors d'un jugement en bonne et due forme.
 
Deputados comemoram e cantam o hino nacional com a bandeira brasileira. Foto de Thiago Skárnio sob licença CC
Des députés célèbrent la victoire en chantant l'hymne national avec le drapeau brésilien. Photo de Thiago Skárnio sous licence CC


Le journaliste conservateur Políbio Braga a applaudi les députés qui ont voté contre la PEC, en affirmant que:
O artigo 149 do Código Penal, fala em condições “exaustivas”, ”degradantes” e “análogas”, mas não conceitua nada. Para efeitos de expropriação da propriedade rural ou urbana, tudo ficará submetido ao arbítrio do fiscal da DRT.
L'article 149 du Code Pénal parle de conditions “éreintantes”, “dégradantes” et “analogues”, mais ne conceptualise rien. Quant à l'expropriation de la propriété rurale ou urbaine, elle restera soumise à l'arbitraire de la décision du contrôleur de la DRT (Delegacia Regional do Trabalho ou l'Observatoire Régional du Travail).
 
De tels arguments sont fortement contestés par les organismes gouvernementaux et les membres de le société civile qui œuvrent dans la lutte contre le travail d'esclave au Brésil, qui ajoutent que les lois qui conceptualisent le travail esclave et prévoient les mécanismes de contrôle et de punitions sont claires et comptabilisent déjà une importante jurisprudence. Cette clarté a encore été  renforcée par la rapporteure des Nations Unies sur les formes contemporaines de l'esclavage, l'Arménienne Gulnara Shahinian.

La PEC poursuit désormais son chemin avec le vote au Sénat, où les ruralistes espèrent provoquer un débat afin de discuter et de redéfinir le concept de “travail esclave”, malgré le fait que celui-ci soit déjà bien défini dans le Code Pénal, en ayant pour objectif de restreindre la définition pour les cas extrêmes excluant ainsi les situations de dégradations et de violations des droits de l'homme, qu'ils considèrent  “moins graves”.
 

samedi 7 janvier 2012

Brésil : Combien de vies valent les terres des indiens guaraní ?

Ecrit par Yohana de Andrade · Traduit par Octavie Anne Perlembou



[Liens en portugais, sauf mention contraire] En quelques dizaines d’années, le Brésil s’est hissé au rang des principaux exportateurs mondiaux de denrées agricoles et d'agrocarburants. le Mato Grosso do Sul, un des plus vastes états brésiliens, est le leader national de la production de soja et de canne à sucre.

Ce n’est certainement pas par hasard que dans le même état, le nombre des disparitions d'indiens guaranis kaiowá augmente chaque jour. Près de 250 indigènes sont morts en Mato grosso do sul ces dernières années, faisant de cet état l’endroit le plus dangereux pour les indiens.
En novembre dernier, 42 hommes armés ont envahi le camp de Amambaí à Mato Grosso do Sul, pour assassiner Nisio Gomes, 59 ans, chef des indigènes Guarani Kaiowá. Après avoir assassiné Nisio et d'autres membres du village, ils ont emporté le corps du chef, vraisemblablement pour ne laisser aucune preuve.
Screenshot do documentário À Sombra de Um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de Um Delírio Verde

Après le massacre, les étudiants guarani kaiowá de l'université fédérale du Mato Grosso do Sul (UFMS) ont écrit une lettre ouverte dans laquelle ils décrivent la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui :
Parece que o nazismo está presente aqui. Parece que o Mato Grosso do Sul se tornou um campo de fuzilamento dos povos indígenas. (…) Nós podemos dizer que o estado, os políticos e a sociedade são cúmplices dessa violência quando eles não falam nada, quando não fazem nada para isso mudar. Os índios se tornaram os novos judeus.
Il semble que le nazisme existe ici. Il semble que Mato Grosso do Sul est devenu un camp d’entrainement au tir sur les peuples autochtones. (…) Nous pouvons dire que l'État, les politiciens et la société sont complices de cette violence puisqu’ils ne disent rien, puisqu’ils ne font rien pour changer cet état de fait. Les Indiens sont devenus les nouveaux juifs.
Comme cela s'est produit autrefois dans les camps de détention, aujourd'hui, les indiens du Brésil finissent par travailler - souvent dans des situations analogues à l'esclavage - pour leurs propres bourreaux. Après avoir été sans terres, ils sont obligés de travailler pour les usines de sucre, coupant la canne à sucre du lever au coucher du soleil, pour survivre avec 500 dollars à la fin de chaque mois.

Screenshot do documentário À Sombra de um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de um Delírio Verde

Le documentaire À Sombra de um Delírio Verde (­«À l'ombre d'un délire vert ») s'interroge sur la relation entre l'augmentation des disparitions des Guarani kaiowá et celle de la production de canne à sucre. Geraldine Kutis, conseillère des affaires internationales de l'Union de l'industrie de la canne à sucre (UNICA), interviewée dans le documentaire, semble voir l'éthanol comme une marchandise au potentiel mondial, et déclare :
em termos de crescimento, costumamos dizer que o céu é o limite.
en termes de croissance, le ciel est la seule limite.


À Sombra de um Delírio Verde from Mídia Livre on Vimeo.

Leonardo Sakamoto rapporte que la production des industries agricoles et les profits liés atteignent des niveaux exorbitants :
o guarani continua sendo persona non grata em sua própria terra. Do total de 74 Terras Indígenas homologadas pelo governo federal do início de 2003 até outubro de 2009, apenas três contemplaram o povo guarani, uma das maiores populações indígenas do país.
Le Guarani est persona non grata sur sa propre terre. Sur un total de 74 territoires autochtones reconnus par le gouvernement fédéral, entre début 2003 et fin 2009, seulement trois concernent le peuple Guarani, l'une des plus importantes populations indigènes du pays.
Selon une enquête réalisée pour le documentaire À Sombra de um Delírio Verde, plus de 90% des familles Guarani Kaiowá dépendent des rations alimentaires du gouvernement pour survivre, ce qui ne couvre pas les besoins quotidiens.

Martyrs des terres ancestrales 

Screenshot do documentário À Sombra de um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de um Delírio Verde

Le chef Nísio Gomes devient un martyr du génocide subi par les indiens Guarani au Brésil et un symbole de la lutte pour les terres autochtones ancestrales.

En novembre 2010, Global Voices avait publié un article sur le procès concernant la mort de Marcos Veron [en français], un autre chef indien sauvagement assassiné en 2003. Les tueurs de Marcos Veron ont été libérés en 2007. Le procès initialement prévu en mai de cette année a finalement été annulé et reporté encore une fois en février 2011.

C'est seulement au début de ce mois de décembre que la 1ère Cour pénale fédérale de São Paulo est parvenue à un jugement : les accusés Carlos Roberto Dos Santos, Jorge Cristaldo Insabralde Estevão Romero, ont été acquittés pour la mort de Marcos Veron, mais reconnus coupables d'enlèvement, de torture, de blessures et d’association de malfaiteurs.
Début décembre également, Ladio Veron, le fils du défunt chef, réaffirme dans une interview vidéo la nécessité de continuer à dénoncer la situation des Guarani-Kaiowá
O que se vê hoje nas nossas terras, ali em Mato Grosso do Sul, é uma devastação total, onde o pé de cana vale mais que o índio, vale mais que uma criança indígena. Onde o boi vale mais do que uma comunidade indígena. Onde o pé de soja tem mais valor, e as nossas terras hoje são cobertas de vários outros empreendimentos, por enquanto construíram 18 usinas em cima das terras indígenas (…) mas no total são 40 usinas para ser construídas. Não se vê mais mato além de cana, soja e boi.
Ce que vous voyez aujourd'hui dans notre pays, dans le Mato Grosso do Sul, est une abomination ; la tige de la canne vaut plus qu’un Indien, vaut plus qu’un enfant indien. Même une vache a plus de valeur qu’un groupe d’autochtones. Même un plant de soja a plus de valeur, et nos terres sont maintenant envahies par différentes entreprises, qui ont jusqu'ici construit 18 usines (…), et au total 40 sont prévues. Vous ne voyez plus de bois, il ne reste que la canne à sucre, le soja et le bœuf.



vendredi 30 décembre 2011

Brésil : Combien de vies valent les terres des indiens guaraní ?

Ecrit par Yohana de Andrade · Traduit par Octavie Anne Perlembou



[Liens en portugais, sauf mention contraire] En quelques dizaines d’années, le Brésil s’est hissé au rang des principaux exportateurs mondiaux de denrées agricoles et d'agrocarburants. le Mato Grosso do Sul, un des plus vastes états brésiliens, est le leader national de la production de soja et de canne à sucre.

Ce n’est certainement pas par hasard que dans le même état, le nombre des disparitions d'indiens guaranis kaiowá augmente chaque jour. Près de 250 indigènes sont morts en Mato grosso do sul ces dernières années, faisant de cet état l’endroit le plus dangereux pour les indiens.
En novembre dernier, 42 hommes armés ont envahi le camp de Amambaí à Mato Grosso do Sul, pour assassiner Nisio Gomes, 59 ans, chef des indigènes Guarani Kaiowá. Après avoir assassiné Nisio et d'autres membres du village, ils ont emporté le corps du chef, vraisemblablement pour ne laisser aucune preuve.
Screenshot do documentário À Sombra de Um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de Um Delírio Verde

Après le massacre, les étudiants guarani kaiowá de l'université fédérale du Mato Grosso do Sul (UFMS) ont écrit une lettre ouverte dans laquelle ils décrivent la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui :
Parece que o nazismo está presente aqui. Parece que o Mato Grosso do Sul se tornou um campo de fuzilamento dos povos indígenas. (…) Nós podemos dizer que o estado, os políticos e a sociedade são cúmplices dessa violência quando eles não falam nada, quando não fazem nada para isso mudar. Os índios se tornaram os novos judeus.
Il semble que le nazisme existe ici. Il semble que Mato Grosso do Sul est devenu un camp d’entrainement au tir sur les peuples autochtones. (…) Nous pouvons dire que l'État, les politiciens et la société sont complices de cette violence puisqu’ils ne disent rien, puisqu’ils ne font rien pour changer cet état de fait. Les Indiens sont devenus les nouveaux juifs.
Comme cela s'est produit autrefois dans les camps de détention, aujourd'hui, les indiens du Brésil finissent par travailler - souvent dans des situations analogues à l'esclavage - pour leurs propres bourreaux. Après avoir été sans terres, ils sont obligés de travailler pour les usines de sucre, coupant la canne à sucre du lever au coucher du soleil, pour survivre avec 500 dollars à la fin de chaque mois.

Screenshot do documentário À Sombra de um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de um Delírio Verde

Le documentaire À Sombra de um Delírio Verde (­«À l'ombre d'un délire vert ») s'interroge sur la relation entre l'augmentation des disparitions des Guarani kaiowá et celle de la production de canne à sucre. Geraldine Kutis, conseillère des affaires internationales de l'Union de l'industrie de la canne à sucre (UNICA), interviewée dans le documentaire, semble voir l'éthanol comme une marchandise au potentiel mondial, et déclare :
em termos de crescimento, costumamos dizer que o céu é o limite.
en termes de croissance, le ciel est la seule limite.


À Sombra de um Delírio Verde from Mídia Livre on Vimeo.

Leonardo Sakamoto rapporte que la production des industries agricoles et les profits liés atteignent des niveaux exorbitants :
o guarani continua sendo persona non grata em sua própria terra. Do total de 74 Terras Indígenas homologadas pelo governo federal do início de 2003 até outubro de 2009, apenas três contemplaram o povo guarani, uma das maiores populações indígenas do país.
Le Guarani est persona non grata sur sa propre terre. Sur un total de 74 territoires autochtones reconnus par le gouvernement fédéral, entre début 2003 et fin 2009, seulement trois concernent le peuple Guarani, l'une des plus importantes populations indigènes du pays.
Selon une enquête réalisée pour le documentaire À Sombra de um Delírio Verde, plus de 90% des familles Guarani Kaiowá dépendent des rations alimentaires du gouvernement pour survivre, ce qui ne couvre pas les besoins quotidiens.

Martyrs des terres ancestrales 

Screenshot do documentário À Sombra de um Delírio Verde
Capture d'écran du documentaire À Sombra de um Delírio Verde

Le chef Nísio Gomes devient un martyr du génocide subi par les indiens Guarani au Brésil et un symbole de la lutte pour les terres autochtones ancestrales.

En novembre 2010, Global Voices avait publié un article sur le procès concernant la mort de Marcos Veron [en français], un autre chef indien sauvagement assassiné en 2003. Les tueurs de Marcos Veron ont été libérés en 2007. Le procès initialement prévu en mai de cette année a finalement été annulé et reporté encore une fois en février 2011.

C'est seulement au début de ce mois de décembre que la 1ère Cour pénale fédérale de São Paulo est parvenue à un jugement : les accusés Carlos Roberto Dos Santos, Jorge Cristaldo Insabralde Estevão Romero, ont été acquittés pour la mort de Marcos Veron, mais reconnus coupables d'enlèvement, de torture, de blessures et d’association de malfaiteurs.
Début décembre également, Ladio Veron, le fils du défunt chef, réaffirme dans une interview vidéo la nécessité de continuer à dénoncer la situation des Guarani-Kaiowá
O que se vê hoje nas nossas terras, ali em Mato Grosso do Sul, é uma devastação total, onde o pé de cana vale mais que o índio, vale mais que uma criança indígena. Onde o boi vale mais do que uma comunidade indígena. Onde o pé de soja tem mais valor, e as nossas terras hoje são cobertas de vários outros empreendimentos, por enquanto construíram 18 usinas em cima das terras indígenas (…) mas no total são 40 usinas para ser construídas. Não se vê mais mato além de cana, soja e boi.
Ce que vous voyez aujourd'hui dans notre pays, dans le Mato Grosso do Sul, est une abomination ; la tige de la canne vaut plus qu’un Indien, vaut plus qu’un enfant indien. Même une vache a plus de valeur qu’un groupe d’autochtones. Même un plant de soja a plus de valeur, et nos terres sont maintenant envahies par différentes entreprises, qui ont jusqu'ici construit 18 usines (…), et au total 40 sont prévues. Vous ne voyez plus de bois, il ne reste que la canne à sucre, le soja et le bœuf.



mercredi 27 juillet 2011

Brésil : Un rapport dénonce les pratiques de l'industrie des agrocarburants

Brésil : Un rapport dénonce les pratiques de l'industrie des agrocarburants

lundi 5 octobre 2009

Une approche globale du commerce triangulaire

Par Marcel Dorigny

Pratiqué dès l’Antiquité, l’esclavage donna lieu à trois traites spécifiques en Afrique. La dernière, organisée par des puissances européennes, s’inscrivait dans un commerce triangulaire avec les Amériques. Des recherches historiques récentes précisent l’enjeu humain mais surtout économique de ce trafic.

Tant dans les milieux scientifiques que militants et associatifs, l’histoire des traites négrières a fait l’objet de nombreuses controverses. Attesté dès la plus haute antiquité, le commerce des hommes et femmes d’Afrique a commencé bien avant que les Européens de l’époque moderne n’explorent les côtes du continent noir. Ainsi, il est essentiel de bien distinguer trois grandes formes de traite esclavagiste ayant fait de la population noire la source principale, sinon unique, d’approvisionnement en captifs : la traite dite orientale, la traite intra-africaine, la traite coloniale européenne. Ces trois traites ne sont pas apparues aux mêmes périodes et n’ont pas eu la même durée, mais elles se sont superposées à l’époque coloniale.

La traite orientale s’inscrit dans la continuité des pratiques esclavagistes des sociétés de l’Antiquité classique : l’Egypte ancienne, la Mésopotamie, l’Empire romain, notamment, ont abondamment eu recours aux esclaves africains pour le travail agricole et la construction des édifices publics et des routes, mais également pour la domesticité. Héritier du monde romain, l’empire byzantin a poursuivi cette pratique jusqu’au cœur du Moyen Age. Edifiés en grande partie sur le territoire de l’Empire byzantin, les empire arabes, à partir du VIIe siècle, ont continué ce transfert de populations africaines asservies jusqu’aux centres des nouveaux pouvoirs, vers Bagdad et Mossoul par exemple.

Le travail agricole était alors la principale activité assurée par ces esclaves, mais ils étaient également affectés aux tâches domestiques et aux harems. Les circuits d’approvisionnement de ces grands empires sont restés presque immuables durant plusieurs millénaires : par voie terrestre à travers le Sahara, le désert arabique, la haute vallée du Nil, puis à travers le Sinaï, l’Anatolie, les vallées du Tigre et de l’Euphrate, et encore par l’Asie centrale et les confins de l’Empire russe dès la fin du XVIIe siècle ; par voie maritime, par la mer rouge et le golfe persique à partir des côtes orientales de l’Afrique, voire de Madagascar pour la traite arabe.

Des chiffres
vivement
controversés

Cette pratique de très longue durée a survécu aux nombreux changements politiques et aux bouleversements religieux : du paganisme antique à l’islam, en passant par le christianisme tant grec que latin, l’esclavage des Africains s’est maintenu dans ces sociétés et a été alimenté par un commerce régulier en provenance d’Afrique orientale, de Zanzibar à l’Abyssinie, en passant par la région des Grands lacs. S’il est impossible de mesurer l’ampleur de la traite antique et byzantine, faute de sources fiables, des tentatives de chiffrage de la traite appelée musulmane (ou arabe) – terminologie qui ne fait pas l’unanimité – ont été effectuées. On estime qu’entre 7 et 12 millions de personnes ont été arrachées au continent du VIIe au XIXe siècle. Mais ces chiffres restent l’objet de vives controverses (lire « Conséquences sur l’Afrique »).

La traite intra-africaine, principalement fondée sur la mise en esclavage des prisonniers de guerre, a existé sur une période plus longue encore, dont il est extrêmement difficile de fixer la durée faute de sources. Sous des formes diverses, l’esclavage et le commerce des humains ont été des pratiques répandues dans la plupart des sociétés africaines bien avant l’arrivée des navigateurs européens et indépendamment des circuits des traites orientales. Des chiffres ont pu être avancés faisant de la traite intra-africaine – dont l’existence reste contestée par certains intellectuels africains – l’équivalent de la traite orientale, mais étalée sur une période beaucoup plus longue encore. Mais – différence essentielle –, alors que la traite orientale privait l’Afrique d’une partie de sa population, la traite intra-africaine maintenait intact le potentiel humain du continent.

Enfin, et là réside le cœur des controverses actuelles, la traite négrière coloniale européenne présente des caractéristiques radicalement nouvelles, à la fois qualitatives et quantitatives. A la différence des précédentes, elle fut massivement racialisée : seuls les Noirs d’Afrique en furent les victimes, au point de faire du mot « nègre » un synonyme d’esclave dans la langue française du XVIIIe siècle. Cette racialisation de l’esclavage a abouti au transfert d’une importante population africaine sur le continent américain et aux Antilles dont les descendants forment aujourd’hui une composante importante, voire majoritaire aux Antilles.

La traite coloniale, organisée par les Etats les plus structurés de l’Europe moderne, a fait l’objet d’une législation minutieuse (fiscalité, commerce, administration, sanitaire). Les archives publiques et privées abondent et ont permis aux historiens, depuis plus de trois décennies, d’analyser avec rigueur les mécanismes mis en œuvre par les armateurs, capitaines des navires, fournisseurs des marchandises destinées à l’achat des captifs sur les côtes d’Afrique, planteurs des colonies acheteurs de cette main-d’œuvre servile, administrateurs chargés de la gestion et de la défense des colonies... Il est admis que la traite européenne a prélevé en Afrique entre 12 et 13 millions d’êtres humains, toutes destinations confondues, dont environ un tiers de femmes. La mortalité au cours de la traversée a été très inégale selon les expéditions, mais le nombre de morts au cours des traversées – soigneusement consignés sur les registres de bord – s’est élevé à environ 15 % du total des captifs embarqués, soit entre 1,6 million et 2 millions de disparus en mer, faisant de l’Atlantique le « plus grand cimetière de l’histoire » ; auxquels il faut ajouter les victimes – presque aussi nombreuses – parmi les équipages. De l’ordre de 30 % au XVIe siècle, la mortalité des captifs est descendue à 12 % à la fin du XVIIIe siècle grâce à la diminution de la durée des traversées et à l’incontestable amélioration de l’hygiène et de l’alimentation des captifs, pour remonter à plus de 15 % au XIXe siècle pendant la période de la traite illégale.

Autre spécificité de la traite coloniale, sa durée fut beaucoup plus courte que la traite orientale et intra-africaine : elle s’est déployée de la fin du XVe siècle jusqu’aux années 1860. Le XVIIIe siècle représente à lui seul 60 % des expéditions, le XIXe siècle – période où la traite était pourtant devenue illégale – en assura près de 33 %, alors que les XVIe et XVIIe siècles assurèrent à peine 7 % du total. Mais l’intensité maximale de la traite européenne, qui lui donna toute sa spécificité historique, s’est en réalité concentrée sur une période beaucoup plus brève encore puisque 90 % des esclaves africains déportés vers les colonies européennes des Amériques et de l’océan Indien l’ont été entre 1740 et 1850, soit à peine plus d’un siècle. C’est bien ce caractère brutal, inscrit en un laps de temps très court, qui a profondément marqué les esprits et heurté les consciences de beaucoup de contemporains : entre 1780 et les années 1820, près de 100 000 Africains furent achetés chaque année, chiffre qu’aucune autre traite négrière n’a jamais atteint ni même approché.

La hiérarchie des puissances négrières est établie à partir des statistiques de la traite elle-même : le Portugal a effectué le transfert aux Amériques de plus de 4,6 millions d’esclaves. Ayant inauguré celle-ci dès le milieu du XVe siècle, il a assumé l’essentiel de la traite illégale au XIXe siècle. La Grande-Bretagne vient en deuxième position, avec plus de 2,6 millions de déportés, dont une partie furent vendus dans les colonies espagnoles, voire françaises malgré l’interdiction légale. L’Espagne, malgré l’immensité de son empire américain, n’arrive qu’en troisième place, surtout en raison de l’activité de Cuba au XIXe siècle, point de départ de bon nombre de navires de traite clandestine. Une grande partie des approvisionnements en esclaves des colonies espagnoles fut assurée par les Britanniques. La France occupait le quatrième rang, avec environ 1,2 million de déportés sur ses navires, dont près de 80 % furent destinés à Saint-Domingue (Haïti), premier producteur mondial de sucre à la fin du XVIIIe siècle.

La géographie de l’Europe négrière est bien connue : les grands ports négriers furent concentrés dans un triangle allant de Bordeaux à Liverpool et à la Hollande. Cette façade nord-ouest de l’Europe organisa plus de 95 % des expéditions négrières européennes. Par ordre d’importance, les grands ports négriers ont été Liverpool, avec 4 894 expéditions identifiées, suivi de Londres (2 704), Bristol (2 064), Nantes (1 714), Le Havre-Rouen (451), La Rochelle (448), Bordeaux (419), Saint-Malo (218)... Le cas du Portugal doit être signalé. Premier pays négrier, loin devant l’Angleterre et la France, ce pays eut une pratique différente : les circuits ne partaient pas systématiquement de Lisbonne, mais faisaient le commerce des esclaves entre le Brésil – de loin la principale destination des captifs – et les côtes de l’Angola, de la Guinée ou du Mozambique, à travers l’Atlantique sud.

Un aspect particulier du commerce négrier : le paiement des esclaves sur les côtes d’Afrique, auprès des royaumes côtiers qui s’étaient structurés autour de ce commerce lucratif, ne se faisait qu’exceptionnellement par des métaux précieux, et bien plus par des marchandises fabriquées : tissus, fers, vaisselle, armes blanches et à feu, alcools, bijoux... Ces marchandises dites de traite n’étaient pas – comme on l’a trop dit – de mauvaise qualité ou de piètre valeur : elles correspondaient à la demande des vendeurs qui n’auraient pas accepté longtemps d’être dupés par les Européens. En échange de captifs (le plus souvent à la suite de guerres ou de razzias), les rois africains qui contrôlaient la traite en amont obtenaient des instruments de prestige leur assurant un pouvoir souvent très étendu.

Les exigences
d’une clientèle
nombreuse

Néanmoins, et pour l’Europe l’essentiel était là, cet échange d’une force de travail destinée à ses colonies contre des productions elles-mêmes issues de l’activité manufacturières de ses villes et de ses campagnes était hautement profitable. Non seulement l’achat d’esclaves contribuait aux activités manufacturières les plus diverses et souvent éloignées des ports négriers eux-mêmes, mais ces esclaves vendus aux colonies étaient la main-d’œuvre indispensable à la production des denrées coloniales – sucre, café, cacao... – tant recherchées par une Europe en plein essor. Ces denrées coloniales, transformées sur le continent européen, étaient exportées loin des ports d’arrivée et rapportaient des profits importants : la France, alors grande exportatrice de sucre, équilibrait sa balance du commerce grâce à ses coloniesà esclaves.

De plus, et c’était alors capital, le « troc » d’esclaves contre des marchandises évitait toute sortie de métaux précieux d’Europe, à la différence du fameux commerce des comptoirs de l’Inde qui exportaient des tissus en Europe en les payant avec des pièces d’argent issues des mines du Pérou.

Sans entrer dans les controverses sur la rentabilité de la traite négrière – qui aurait généré des taux de profit de 8 à 10 % seulement –, on peut tout de même affirmer que c’est la totalité du circuit négrier qui doit être prise en compte : en amont, les activités développées par un flux continu d’armement de navires pour ce commerce, lourdement chargés de marchandises manufacturées, la construction navale, l’équipement et l’entretien des navires ; en aval, l’existence des colonies de la zone tropicale et leurs productions agricoles de très haute valeur aux yeux d’une clientèle de plus en plus nombreuses et exigeante.

Ces colonies furent non seulement sources d’immenses profits, tant pour les planteurs que pour les négociants des ports, mais elles étaient considérées comme les signes les plus visibles de la puissance des métropoles. Au XVIIIe siècle, les guerres franco-anglaises eurent toutes pour arrière-plan la rivalité pour la suprématie coloniale. Or, sans la main-d’œuvre acheminée par la traite négrière, ces colonies n’eurent été que terres vaines...

Ainsi, la traite négrière fut-elle au cœur de la richesse et de la puissance coloniales des grandes nations de l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles principalement. Sa violence en fit la cible principale de la contestation naissante du système colonial. Le mouvement antiesclavagiste et abolitionniste, d’abord structuré aux Etats-Unis au moment de la déclaration d’indépendance, puis en Angleterre et en France à la fin des années 1780, mit la suppression de la traite au premier rang de ses objectifs politiques. La première étape devait être son interdiction par un accord entre les grands pays ; de là découlerait une transformation des conditions mêmes de l’esclavage, ouvrant la voie à la suppression progressive de la servitude sans heurts et sans effondrement économique.

Pour le mouvement abolitionniste international, l’esclavage n’était qu’une conséquence du crime initial que représentait la traite – le crime absolu. Sa disparition aurait un double effet bénéfique : d’une part, l’extinction programmée de l’esclavage, remplacé par le salariat ; d’autre part, la fin du dépeuplement de l’Afrique...

Ce schéma, idéalisé à l’extrême par les plus fervents antiesclavagistes – l’abbé Grégoire et Mirabeau en France, Thomas Clarkson et William Wilberforce en Angleterre –, ne s’est en fait jamais réalisé sous cette forme. En France, la première abolition de l’esclavage, le 4 février 1794, a été imposée par l’insurrection des Noirs de Saint-Domingue (Haïti) à une Convention qui ne souhaitait certainement pas aller aussi vite. Or la suppression de la traite n’avait pas précédé cette abolition révolutionnaire. En Angleterre, où le mouvement abolitionniste était très puissant, la traite fut abolie par une loi en 1807, tout comme aux Etats-Unis.

En 1815, au congrès de Vienne, les puissances s’accordèrent pour mettre la traite négrière hors la loi. Pourtant, nulle part on ne vit s’ensuivre le dépérissement de l’esclavage. Il est vrai qu’une traite illégale maintint longtemps en place les circuits d’approvisionnement des grandes plantations du Brésil, de Cuba et même des Etats-Unis. Partout l’abolition de cette exploitation fut la seule façon de mettre un terme à une pratique que la seule interruption de l’arrivée des captifs africains ne menaçait pas.

Ainsi, les traites négrières ont été une des sources les plus violentes d’approvisionnement en esclaves. Il ne faut cependant pas diluer ce qui fit la spécificité de la traite coloniale : d’abord sa racialisation initiale, puis son organisation administrative par des Etats puissants qui avaient proclamé l’interdiction de l’esclavage sur leur propre sol, tant en Angleterre qu’en France, enfin, l’ampleur même du prélèvement humain opéré au détriment de l’Afrique, littéralement vidée de ses forces vives.

Une approche globale du commerce triangulaire

Par Marcel Dorigny

Pratiqué dès l’Antiquité, l’esclavage donna lieu à trois traites spécifiques en Afrique. La dernière, organisée par des puissances européennes, s’inscrivait dans un commerce triangulaire avec les Amériques. Des recherches historiques récentes précisent l’enjeu humain mais surtout économique de ce trafic.

Tant dans les milieux scientifiques que militants et associatifs, l’histoire des traites négrières a fait l’objet de nombreuses controverses. Attesté dès la plus haute antiquité, le commerce des hommes et femmes d’Afrique a commencé bien avant que les Européens de l’époque moderne n’explorent les côtes du continent noir. Ainsi, il est essentiel de bien distinguer trois grandes formes de traite esclavagiste ayant fait de la population noire la source principale, sinon unique, d’approvisionnement en captifs : la traite dite orientale, la traite intra-africaine, la traite coloniale européenne. Ces trois traites ne sont pas apparues aux mêmes périodes et n’ont pas eu la même durée, mais elles se sont superposées à l’époque coloniale.

La traite orientale s’inscrit dans la continuité des pratiques esclavagistes des sociétés de l’Antiquité classique : l’Egypte ancienne, la Mésopotamie, l’Empire romain, notamment, ont abondamment eu recours aux esclaves africains pour le travail agricole et la construction des édifices publics et des routes, mais également pour la domesticité. Héritier du monde romain, l’empire byzantin a poursuivi cette pratique jusqu’au cœur du Moyen Age. Edifiés en grande partie sur le territoire de l’Empire byzantin, les empire arabes, à partir du VIIe siècle, ont continué ce transfert de populations africaines asservies jusqu’aux centres des nouveaux pouvoirs, vers Bagdad et Mossoul par exemple.

Le travail agricole était alors la principale activité assurée par ces esclaves, mais ils étaient également affectés aux tâches domestiques et aux harems. Les circuits d’approvisionnement de ces grands empires sont restés presque immuables durant plusieurs millénaires : par voie terrestre à travers le Sahara, le désert arabique, la haute vallée du Nil, puis à travers le Sinaï, l’Anatolie, les vallées du Tigre et de l’Euphrate, et encore par l’Asie centrale et les confins de l’Empire russe dès la fin du XVIIe siècle ; par voie maritime, par la mer rouge et le golfe persique à partir des côtes orientales de l’Afrique, voire de Madagascar pour la traite arabe.

Des chiffres
vivement
controversés

Cette pratique de très longue durée a survécu aux nombreux changements politiques et aux bouleversements religieux : du paganisme antique à l’islam, en passant par le christianisme tant grec que latin, l’esclavage des Africains s’est maintenu dans ces sociétés et a été alimenté par un commerce régulier en provenance d’Afrique orientale, de Zanzibar à l’Abyssinie, en passant par la région des Grands lacs. S’il est impossible de mesurer l’ampleur de la traite antique et byzantine, faute de sources fiables, des tentatives de chiffrage de la traite appelée musulmane (ou arabe) – terminologie qui ne fait pas l’unanimité – ont été effectuées. On estime qu’entre 7 et 12 millions de personnes ont été arrachées au continent du VIIe au XIXe siècle. Mais ces chiffres restent l’objet de vives controverses (lire « Conséquences sur l’Afrique »).

La traite intra-africaine, principalement fondée sur la mise en esclavage des prisonniers de guerre, a existé sur une période plus longue encore, dont il est extrêmement difficile de fixer la durée faute de sources. Sous des formes diverses, l’esclavage et le commerce des humains ont été des pratiques répandues dans la plupart des sociétés africaines bien avant l’arrivée des navigateurs européens et indépendamment des circuits des traites orientales. Des chiffres ont pu être avancés faisant de la traite intra-africaine – dont l’existence reste contestée par certains intellectuels africains – l’équivalent de la traite orientale, mais étalée sur une période beaucoup plus longue encore. Mais – différence essentielle –, alors que la traite orientale privait l’Afrique d’une partie de sa population, la traite intra-africaine maintenait intact le potentiel humain du continent.

Enfin, et là réside le cœur des controverses actuelles, la traite négrière coloniale européenne présente des caractéristiques radicalement nouvelles, à la fois qualitatives et quantitatives. A la différence des précédentes, elle fut massivement racialisée : seuls les Noirs d’Afrique en furent les victimes, au point de faire du mot « nègre » un synonyme d’esclave dans la langue française du XVIIIe siècle. Cette racialisation de l’esclavage a abouti au transfert d’une importante population africaine sur le continent américain et aux Antilles dont les descendants forment aujourd’hui une composante importante, voire majoritaire aux Antilles.

La traite coloniale, organisée par les Etats les plus structurés de l’Europe moderne, a fait l’objet d’une législation minutieuse (fiscalité, commerce, administration, sanitaire). Les archives publiques et privées abondent et ont permis aux historiens, depuis plus de trois décennies, d’analyser avec rigueur les mécanismes mis en œuvre par les armateurs, capitaines des navires, fournisseurs des marchandises destinées à l’achat des captifs sur les côtes d’Afrique, planteurs des colonies acheteurs de cette main-d’œuvre servile, administrateurs chargés de la gestion et de la défense des colonies... Il est admis que la traite européenne a prélevé en Afrique entre 12 et 13 millions d’êtres humains, toutes destinations confondues, dont environ un tiers de femmes. La mortalité au cours de la traversée a été très inégale selon les expéditions, mais le nombre de morts au cours des traversées – soigneusement consignés sur les registres de bord – s’est élevé à environ 15 % du total des captifs embarqués, soit entre 1,6 million et 2 millions de disparus en mer, faisant de l’Atlantique le « plus grand cimetière de l’histoire » ; auxquels il faut ajouter les victimes – presque aussi nombreuses – parmi les équipages. De l’ordre de 30 % au XVIe siècle, la mortalité des captifs est descendue à 12 % à la fin du XVIIIe siècle grâce à la diminution de la durée des traversées et à l’incontestable amélioration de l’hygiène et de l’alimentation des captifs, pour remonter à plus de 15 % au XIXe siècle pendant la période de la traite illégale.

Autre spécificité de la traite coloniale, sa durée fut beaucoup plus courte que la traite orientale et intra-africaine : elle s’est déployée de la fin du XVe siècle jusqu’aux années 1860. Le XVIIIe siècle représente à lui seul 60 % des expéditions, le XIXe siècle – période où la traite était pourtant devenue illégale – en assura près de 33 %, alors que les XVIe et XVIIe siècles assurèrent à peine 7 % du total. Mais l’intensité maximale de la traite européenne, qui lui donna toute sa spécificité historique, s’est en réalité concentrée sur une période beaucoup plus brève encore puisque 90 % des esclaves africains déportés vers les colonies européennes des Amériques et de l’océan Indien l’ont été entre 1740 et 1850, soit à peine plus d’un siècle. C’est bien ce caractère brutal, inscrit en un laps de temps très court, qui a profondément marqué les esprits et heurté les consciences de beaucoup de contemporains : entre 1780 et les années 1820, près de 100 000 Africains furent achetés chaque année, chiffre qu’aucune autre traite négrière n’a jamais atteint ni même approché.

La hiérarchie des puissances négrières est établie à partir des statistiques de la traite elle-même : le Portugal a effectué le transfert aux Amériques de plus de 4,6 millions d’esclaves. Ayant inauguré celle-ci dès le milieu du XVe siècle, il a assumé l’essentiel de la traite illégale au XIXe siècle. La Grande-Bretagne vient en deuxième position, avec plus de 2,6 millions de déportés, dont une partie furent vendus dans les colonies espagnoles, voire françaises malgré l’interdiction légale. L’Espagne, malgré l’immensité de son empire américain, n’arrive qu’en troisième place, surtout en raison de l’activité de Cuba au XIXe siècle, point de départ de bon nombre de navires de traite clandestine. Une grande partie des approvisionnements en esclaves des colonies espagnoles fut assurée par les Britanniques. La France occupait le quatrième rang, avec environ 1,2 million de déportés sur ses navires, dont près de 80 % furent destinés à Saint-Domingue (Haïti), premier producteur mondial de sucre à la fin du XVIIIe siècle.

La géographie de l’Europe négrière est bien connue : les grands ports négriers furent concentrés dans un triangle allant de Bordeaux à Liverpool et à la Hollande. Cette façade nord-ouest de l’Europe organisa plus de 95 % des expéditions négrières européennes. Par ordre d’importance, les grands ports négriers ont été Liverpool, avec 4 894 expéditions identifiées, suivi de Londres (2 704), Bristol (2 064), Nantes (1 714), Le Havre-Rouen (451), La Rochelle (448), Bordeaux (419), Saint-Malo (218)... Le cas du Portugal doit être signalé. Premier pays négrier, loin devant l’Angleterre et la France, ce pays eut une pratique différente : les circuits ne partaient pas systématiquement de Lisbonne, mais faisaient le commerce des esclaves entre le Brésil – de loin la principale destination des captifs – et les côtes de l’Angola, de la Guinée ou du Mozambique, à travers l’Atlantique sud.

Un aspect particulier du commerce négrier : le paiement des esclaves sur les côtes d’Afrique, auprès des royaumes côtiers qui s’étaient structurés autour de ce commerce lucratif, ne se faisait qu’exceptionnellement par des métaux précieux, et bien plus par des marchandises fabriquées : tissus, fers, vaisselle, armes blanches et à feu, alcools, bijoux... Ces marchandises dites de traite n’étaient pas – comme on l’a trop dit – de mauvaise qualité ou de piètre valeur : elles correspondaient à la demande des vendeurs qui n’auraient pas accepté longtemps d’être dupés par les Européens. En échange de captifs (le plus souvent à la suite de guerres ou de razzias), les rois africains qui contrôlaient la traite en amont obtenaient des instruments de prestige leur assurant un pouvoir souvent très étendu.

Les exigences
d’une clientèle
nombreuse

Néanmoins, et pour l’Europe l’essentiel était là, cet échange d’une force de travail destinée à ses colonies contre des productions elles-mêmes issues de l’activité manufacturières de ses villes et de ses campagnes était hautement profitable. Non seulement l’achat d’esclaves contribuait aux activités manufacturières les plus diverses et souvent éloignées des ports négriers eux-mêmes, mais ces esclaves vendus aux colonies étaient la main-d’œuvre indispensable à la production des denrées coloniales – sucre, café, cacao... – tant recherchées par une Europe en plein essor. Ces denrées coloniales, transformées sur le continent européen, étaient exportées loin des ports d’arrivée et rapportaient des profits importants : la France, alors grande exportatrice de sucre, équilibrait sa balance du commerce grâce à ses coloniesà esclaves.

De plus, et c’était alors capital, le « troc » d’esclaves contre des marchandises évitait toute sortie de métaux précieux d’Europe, à la différence du fameux commerce des comptoirs de l’Inde qui exportaient des tissus en Europe en les payant avec des pièces d’argent issues des mines du Pérou.

Sans entrer dans les controverses sur la rentabilité de la traite négrière – qui aurait généré des taux de profit de 8 à 10 % seulement –, on peut tout de même affirmer que c’est la totalité du circuit négrier qui doit être prise en compte : en amont, les activités développées par un flux continu d’armement de navires pour ce commerce, lourdement chargés de marchandises manufacturées, la construction navale, l’équipement et l’entretien des navires ; en aval, l’existence des colonies de la zone tropicale et leurs productions agricoles de très haute valeur aux yeux d’une clientèle de plus en plus nombreuses et exigeante.

Ces colonies furent non seulement sources d’immenses profits, tant pour les planteurs que pour les négociants des ports, mais elles étaient considérées comme les signes les plus visibles de la puissance des métropoles. Au XVIIIe siècle, les guerres franco-anglaises eurent toutes pour arrière-plan la rivalité pour la suprématie coloniale. Or, sans la main-d’œuvre acheminée par la traite négrière, ces colonies n’eurent été que terres vaines...

Ainsi, la traite négrière fut-elle au cœur de la richesse et de la puissance coloniales des grandes nations de l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles principalement. Sa violence en fit la cible principale de la contestation naissante du système colonial. Le mouvement antiesclavagiste et abolitionniste, d’abord structuré aux Etats-Unis au moment de la déclaration d’indépendance, puis en Angleterre et en France à la fin des années 1780, mit la suppression de la traite au premier rang de ses objectifs politiques. La première étape devait être son interdiction par un accord entre les grands pays ; de là découlerait une transformation des conditions mêmes de l’esclavage, ouvrant la voie à la suppression progressive de la servitude sans heurts et sans effondrement économique.

Pour le mouvement abolitionniste international, l’esclavage n’était qu’une conséquence du crime initial que représentait la traite – le crime absolu. Sa disparition aurait un double effet bénéfique : d’une part, l’extinction programmée de l’esclavage, remplacé par le salariat ; d’autre part, la fin du dépeuplement de l’Afrique...

Ce schéma, idéalisé à l’extrême par les plus fervents antiesclavagistes – l’abbé Grégoire et Mirabeau en France, Thomas Clarkson et William Wilberforce en Angleterre –, ne s’est en fait jamais réalisé sous cette forme. En France, la première abolition de l’esclavage, le 4 février 1794, a été imposée par l’insurrection des Noirs de Saint-Domingue (Haïti) à une Convention qui ne souhaitait certainement pas aller aussi vite. Or la suppression de la traite n’avait pas précédé cette abolition révolutionnaire. En Angleterre, où le mouvement abolitionniste était très puissant, la traite fut abolie par une loi en 1807, tout comme aux Etats-Unis.

En 1815, au congrès de Vienne, les puissances s’accordèrent pour mettre la traite négrière hors la loi. Pourtant, nulle part on ne vit s’ensuivre le dépérissement de l’esclavage. Il est vrai qu’une traite illégale maintint longtemps en place les circuits d’approvisionnement des grandes plantations du Brésil, de Cuba et même des Etats-Unis. Partout l’abolition de cette exploitation fut la seule façon de mettre un terme à une pratique que la seule interruption de l’arrivée des captifs africains ne menaçait pas.

Ainsi, les traites négrières ont été une des sources les plus violentes d’approvisionnement en esclaves. Il ne faut cependant pas diluer ce qui fit la spécificité de la traite coloniale : d’abord sa racialisation initiale, puis son organisation administrative par des Etats puissants qui avaient proclamé l’interdiction de l’esclavage sur leur propre sol, tant en Angleterre qu’en France, enfin, l’ampleur même du prélèvement humain opéré au détriment de l’Afrique, littéralement vidée de ses forces vives.

Libellés

-123min (2) 003 (2) 07 2010 (2) 08001 (2) 0edit (1) 1.0 (2) 1.4 (2) 1000names (2) 11/9 (3) 17 Hippies (2) 1945 (2) 1966 (2) 1973 (2) 1980 (2) 1999 (2) 2 (4) 2.38.0.1288 (1) 2000 (2) 2003 (2) 2004 (8) 2005 (2) 2007 (6) 2008 (12) 2009 (61) 2010 (4) 2011 (37) 2012 (10) 2013 (1) 2030 (4) 21 Hertz (3) 23 (2) 23andMe (2) 24 Carat Black (2) 2econd Class Citizen (2) 3 Mother Funkers (2) 30[eks] (2) 3D (2) 3dfx (1) 3gd (2) 4 Hero (2) 40 Winks (2) 5150 Rue des Ormes (2) 5nizza (2) 8 bits (13) 8-Beats (1) 8-Bits (1) 813 (2) 9/11 (2) A Calm in the Fire of Dances (2) A Dirty Carnival (1) A Mediterranean Odyssey (2) A Scanner Darkly (2) A Single Man (2) A State Of Mind (2) A TelecomTV Campaign (2) A.M. Architect (2) A.S.M (2) A.Y.B Force (2) Abandownware (1) Abastrctelectroclash (2) Abayomy Afrobeat Orquestra (1) Abd Al Malik (3) Abdeljalil Kodssi (2) Abelcoast (2) Abidjan (2) Abjeez (1) Abstract Electro (101) Abstract Ethnic Electro (2) Abstract Hip Hop (492) Abstract Jazz (37) Abstractelectroclash (24) Abstractelectroclash 3 (2) Abus (2) AC/DC (2) Access To Arasaka (2) Accident (8) accords (6) ACDC (2) Acid (3) Acid jazz (56) Acid Techno (1) Acoustic (15) ACTA (12) Action (10) Action Bronson (2) Action discrète (1) activisme (3) actualité (312) adaptation (1) add-ons (1) administration US (90) Adrian Younge (2) Adventure (1) Aerosmith (2) Aes Dana (2) Aesop Rock (2) Aether (2) Affaire (4) Afghanistan (19) AFP (2) Africa (10) African (2) Africom (3) Afrique (44) Afrique du Sud (4) Afro Celt Sound System (2) Afro Cuban (10) Afro Elements (2) Afro Jazz (15) Afro Rock and Psychedelia In 1970s Nigeria (4) Afro-Cuban All Stars (2) Afro-Jazz-Funk (1) Afrobeat (62) AfroCubism (2) Agent (8) Agent 5.1 (2) Agent Orange (2) Aggrovators (2) Agora (2) Agriculture (42) Agro Alimentaire (30) agrocarburants (9) AIEA (6) Ajami (2) Akalé Wubé (2) Akatsuki no hebi?) (1) Akira (2) Akira Kosemura (2) Akito Misaki (2) Akmusique (2) AL-HACA (1) Al'Tarba (2) Alan Evans (2) Alarme Fatale (2) Albert Kuvezin and Yat-Kha (2) Alcione (2) Alecia Chakour andThe Osrah (2) Alela Diane (2) ALENA (2) Alerta Kamarada (2) alex (2) Alexander Borovik (2) Alexandrina (2) Alexis Korner (2) Algerie (9) Ali Farka Toure (4) Alice in Chains (2) Alice Russell (3) Aligning Minds (2) Alimentarius (2) Allemagne (18) Alma Afrobeat Ensemble (3) Almentaire (2) Aloo (2) Alternative (550) Alternative Folk (1) Alternative Fusion (297) Alternative Fusion World (6) Alternative Fusion World Music (8) Alternative Rock (272) Alternative Rock Blues (24) Alton Ellis (2) Alva Noto And Ryuichi Sakamoto (2) Alvik (2) AM and Shawn Lee (2) AM And The UV (2) Amanda Ray (2) Ambient (247) Ame ga kuru niji ga tatsu?) (1) American Dad (2) Amérindiens (2) Amerique du Sud (4) Amnesty (2) Amon Tobin (10) Amos Lee (2) Amours Chiennes (2) Amparo Sanchez (3) Amreeka (2) Ana Moura (2) Anais Mitchell (2) Anchorsong (2) Andra Dare (2) Andrea Dawson (2) Andrea Echeverri (2) Andrea Parker (2) Andreya Triana (4) Andreya Triana feat Fink and Bonobo (2) Andy Bey (2) Ania (2) Anikina Kate (2) Animation (73) animaux (2) Anitek (3) Anjali (2) Anna Calvi (4) anonymat (2) Anonymous (3) Another Day In Paradise (2) Anouk (1) Anoushka Shankar (2) Ansel Collins With Sly and Robbie (2) Antennasia (4) Anthony Joseph (1) Anthony Joseph and The Spasm Band (1) Anti Virus (1) anticipation (17) Antipop (2) Anuradha Pal's Stree Shakti (2) Aoki Takamasa (4) Apollo Cream (2) Apostle of Hustle (2) Apple (6) Apple Juice Kid (2) Aqua Velvets (2) Aquasky (2) Arabes (3) Arabic (14) Arabic Music (1) Arabie Saoudite (6) Aramaki (2) Archie Shepp (2) Archie Shepp et Gnawa Fire Music (2) Archive (3) Areva (11) Argent (86) Argentine (4) Ariya Astrobeat Arkestra (2) Armées (55) ArmeFrance (2) Armement (67) Arménie (4) Armes (26) Army (22) Arnalds (2) Arrested Development (2) Arrietty le petit monde des chapardeurs (2) Arrogant (2) art (7) Art Blakey (2) Art Blakey and the Jazz Messengers (2) Arté (122) ARTE Reportage (30) Arthur H (4) Artic Monkeys (2) article (2) Articque (4) Arts (2) Arts The Beatdoctor (5) As If (2) Asa (5) Asaf Avidan (3) Ashanti Brothers Band (2) Ashkhabad (2) Ashley (2) Asian Dub Foundation (2) Asie (9) Asile (2) ASN (2) Asobi Seksu (1) Assassin (2) assassinat (2) assurance (2) Aston Barrett (2) Aswad (2) Atari Blitzkrieg (2) Atlas (4) Atmosphere (2) Atmospheric (1) Attentat (4) Au Loin (2) Audio (1) Audioclockers (2) Augustus Pablo (5) Australia (2) Australie (4) Authist and Dub One (2) Author (2) Autodialogue à propos de New Babylon (2) Avalon Blues - A Tribute To The Music Of Mississippi John Hurt (2) Avant Garde (2) Avida (2) avocat (2) Awards (2) AXMusique (2) Aynur (2) Ayo (2) Azam Ali (2) Azerbaïdjan (4) Aziza Mustafa Zadeh (2) AZUR Et ASMAR (2) Azymuth (2) B.R.I.C (2) Baba Zula (2) Babe Ruth (2) Babel (FR) (2) Babyhead (2) Babylon Burning Radi0.1 Project X (16) Babylon Burning Radi0.1 Project X-002 (2) Babylon Burning Radi0.1 Project X-005 (2) Babylon Circus (2) Babylon District (2) Background Radiation (2) bactériologique (2) Badbadnotgood (2) Badi Assad (2) Bahamas (2) Bahreïn (8) Bajinda Behind The Enemy Lines (2) Bajka (4) Balkan Beat Box (2) Balkans (4) Bambino (2) Banda Bassotti (2) Banda Olifante (2) Bandcamp (1) Bangkok (6) Bangladesh (2) Banlieue Rouge (2) Banque (47) Banque mondiale (4) Bantu (2) Bark (2) Barlow (2) Baron Black (2) barrage (2) Barrington Levy (2) Barry Adamson (2) Barry Brown (1) BASM Conférence de Dublin Le texte du futur Traité adopté (2) Bass (1) Batlik (2) Batman Begins (2) Batman Year One (2) Battle For Haditha (2) bauxite (2) Bay Blue (1) Bayer (2) BBC (6) BCE (2) Beast (2) Beasts of the Southern Wild (1) Beatmaker (30) Beats (2) Beats Antique (4) Beautiful Killing Machine (2) Bebo Best and Super Lounge Orchestra (2) Bebop (2) Becaye Aw (1) Bei Bei (2) Bei Bei and Shawn Lee (2) Belgique (4) Belleruche (6) Ben Frost (2) Ben Sharpa (2) Beneva Vs. Clark Nova (2) Benjamin Zephaniah (2) Bennie Green (2) Benny Golson (2) Bentzon Brotherhood (2) Berlin 1885 la ruée sur l'Afrique (2) Berlusconi (2) Bernadette Seacrest (2) Berry Weight (2) Bethurum (2) Bettye Lavette (4) Bezunesh Bekele (1) Bhoutan (2) Bi Kidude (2) Bibi Tanga And The Selenites (2) Bic (2) Biélorussie (4) Big Boss Man (2) big brother (10) Big Fox (2) Big Sam's Funky Nation (2) Bike for Three (2) bilan (4) bildenberg (2) Bilderberg 2008 (2) Bill Frisell And Vinicius Cantuaria (2) Bill Gates Rockefeller Svalbard (2) Bill Laswell (5) Bill Plympton (2) Billie Holiday (2) Billy Boyo (2) Bim Sherman (5) Bin-Jip (2) Bio Carburants (2) Bioethique (2) biomimétisme (2) Biopic (2) biotechnologie (2) Biotope (2) Birds (2) Birdy (2) Biri Biri (2) Birmanie (1) Bitches (2) Bitstream Dream (2) Bjork (2) Björk (2) Blacanblus (2) Black and White Blues 2 (2) Black Chamber (1) Black Chow (2) Black Dub (2) Black Elk (2) Black Grass (2) Black Hat (2) Black Heart Procession (2) Black Joe Lewis (2) Black Menu (1) Black Roots (2) Black Sifichi (2) Blackwater (2) Blade Runner (2) Blaya Dub Playa (1) Blazo (2) Blockboy (2) blocus (2) Blossom (2) Blu and Exile (2) Blue King Brown (1) Blue Note (2) Blue Soul Caravan (2) Blues (197) Blues Rock (9) Bluetech (2) Blundetto (6) Bob Corritore (2) Bob Marley (2) Bobby Vince Paunetto (2) Bogatzke (2) Bolivie (14) Bomb (2) Bomba Estereo (2) Bombay Dub Orchestra (2) Bombes (8) Bonnie (2) Bonobo (6) Boogie El Aceitoso (2) Booker T. Jones (2) Boom Bip (2) Boom Devil (2) Bosnie (4) BOSS THE MC (1) Bossa Nostra (2) Bossa Nova (9) Bossasonic (2) Botnet (2) Boy Is Fiction (2) boycott (2) Boyd Lee Dunlop (2) Brain Damage (10) Brainchild (1) Brass Fusion (4) Brassroots (2) Break Core (3) Breakbeat (35) Breakcore (7) Breaks (1) Breaks Co-Op (2) Brenda Boykin (2) Bresil (18) Brésil (4) brevet (8) Brijbushan Kabra (2) Brina (1) Briskey (2) Broken Beat (15) Brother Joe Pilgrim (1) Brzowski (2) Buck 65 (2) Buckshot (2) BudaMunk (2) Buddy Guy (4) Buddy Miles (2) Buena Vista Social Club Presents (2) Buff Roshi (2) Bugge Wesseltoft (4) Bulimic Orgy (1) Bulimic Orgy and Mile (1) Bullhead (2) Bullion (2) Bumcello (3) Bun (2) Burhan Ocal and The Trakya All Stars (2) Burkina Electric (2) Burkina Faso (2) Burning Spear (2) Burnt Friedman (1) Burnt Friedman and Jaki Liebezeit (2) Burnt Friedman and The Nu Dub Players (2) Buscemi (2) business (3) Bustle and Out (2) C'est arrivé près de chez Vous (2) c’est innover (2) C’est quoi une bonne nouvelle (2) Cabiria (2) Cachemire (2) Cacique'97 (2) Caits Meissner (2) Cake (2) Calle 54 (2) Calypso (2) Calypso Rose (2) Cambodge (4) caméra (2) Camera City (2) Camille Bazbaz (2) Canada (13) Canal+ (14) Cancer (2) cancers (2) Candy Dulfer (2) Cane And Able (2) Cap-Vert (2) Capitaine Crochet (2) capitalisme (13) Capsula (2) Carey (1) Carla Morrison (2) Carles Benavent and Josemi Carmona (2) Carlos Dingo (2) Carmen Consoli (2) Carolina Chocolate Drops (2) Carte (25) Cas Haley (2) Cashback (2) Cassandra Wilson (2) Catastrophe (19) Catherine Russell (2) Caucase (4) Cayetano (1) CCleaner (1) CEA (2) Celso Salim (2) censure (41) Centrafrique (4) centrale (2) Centz (4) Cesaria Evora (2) CETA (2) Céu (4) CFR (2) chaleur (1) Chali 2na (2) Champeta criolla and afro roots in colombia (2) Chandeen (2) change (2) changement climatique (12) charbon (6) Charles Bradley (4) Charlie Winston (2) Chase Rush (1) Cheick Tidiane Seck (1) Chico And Rita (2) Chico Freeman (2) Chicuelo (2) Chikita Violenta (2) Child miners (2) Chili (8) Chillout (12) Chimique (4) China (28) Chine (76) Chinese Man (4) Chk Chk Chk (2) Choc Quib Town (2) Choc Stars (2) Chomsky (10) Chris Robinson Brotherhood (2) Chrisette Michele (2) Christian Scott (4) Chrome (1) Chromeo (2) Chucho Valdes (2) Chuck Amstrong (1) Chypre (2) CIA (14) Cidade de Deus (2) Cimarons (2) Cimarrón Joropo (2) Cinematic (5) Cinematic Beats (1) Cirkus (4) Cisjordanie (2) citizen berlusconi (2) Citoyenneté (2) City (2) City Boys Band (2) civil (3) Claire (2) Clarence Reid (2) Classique (4) Clearstream (2) Clelia Vega (2) Clichés de Soirée (2) Climat (15) Clinton Fearon (8) Clinton Fearon and Boogie Brown Band (2) Clip Video (2) Cloud (4) Cloud Computing (6) Club de Paris (2) Club Des Belugas (2) Clutchy Hopkins (1) Cnil (2) CNT (2) Cochemea Gastelum (2) Coco and the Bean (2) Cocoon (2) CocoRosie (3) Codex (2) Cody ChesnuTT (2) coke (2) Cold Wave (2) Coldcut (2) Coldreavers (2) Collapse (4) Collapse Under The Empire (2) Collection (2) Colombia (2) Colombie (9) Colonisation (10) Coltan (4) Combat Wombat (2) Combattre les mines et les BASM (2) Comedie (23) Command and Conquer: Generals Zero Hour (1) COMMENT) SUPREMATIE DE L'INFORMATION (2) commerce (18) Commission (2) Commix (2) Common (2) Compilation (51) Complète (2) Concert (216) Concha Buika (2) Conflits (43) Congo (8) congrès (2) Consortium (2) conspiration (16) CONSPIRATION - LE BRESIL DE LULA (2) Contaminés (8) Contemporary (2) Contemporary Jazz (1) controle (12) Contrôle maximum sur tout le spectre électromagnétique (2) CONTROLE TOTAL (2) Coova and Bud Melvin (2) Coração Brasileiro (2) Corée (4) Corée du nord (2) Corey Harris (2) corporation (408) Correa (2) Corruption (346) Corruption des syndicats l’enquête qui dérange (2) Cors Bros Prod (2) Costa Rica (2) Costo Rico (2) Côte d'Ivoire (4) Côte d’Ivoire (2) Couleur De Peau Miel (2) Count Five (2) Country (17) Coup d’Etat (4) coup d’État (2) Course (1) Court Metrage (14) Cousin Joe (2) Cowboy Junkies (2) CPI (2) Cream (2) CRIIRAD (4) crimes (12) Crimson House Blues (2) Criolo (2) crise (134) Crise à la Banque mondiale et au FMI (2) CRO-MAGNON (1) Cronicas (2) Crooklyn Dub Outernational - Certified Dope 4 Babylon's Burning (2) Crooner (1) CRU (2) Crustation (2) Cuba (2) Cuban jazz (2) Cubano (4) CUG (2) Culture (2) Cumbia (3) Curtis Mayfield (2) Cuthead (2) CW Stoneking (2) Cyber-activisme (5) cyberespionnage (7) cybersécurité (13) cyberspace (3) Cyesm (4) Cypress Hill (2) D Strong (1) D Strong and Dave Sparkz (1) D.O. Misiani and Shirati Jazz (2) d’Amnesty (2) Da Cruz (2) Da Grassroots (2) Da Lata (2) Dadaab (2) Dadawah (2) Dadub (2) Dahlia (1) Daipivo (2) Dakhla Festival (1) Dakta (2) Dale Cooper Quartet and The Dictaphones (2) Damian Marley (2) Damon Albarn (1) Danay Suarez (2) Dancefloor Burning (2) Dancehal (1) Dancehall (32) danger (9) Danger Mouse (2) Dani Ites (2) Danny Balint (2) Dare mo shiranai (2) Dark Days (3) Dark Electro (8) Dark Folk (2) Dark Jazz (4) Dark Wave (2) Dark World (3) Darker Than Blue :Soul from Jamdown (2) DARPA (4) Dasha and Vörse (2) Daughter Darling (2) Dave (2) Dave and Ansel Collins (2) Dave Barker meets the Upsetters (2) Dave Mason (2) Dave Sparkz (1) David Grissom (2) David Hillyard and the Rocksteady 7 (2) David Solid Gould vs. Bill Laswell (2) Davie Allan (2) Davos (2) Day of the Woman (2) Dday One (6) De l'autre côté (2) De l’explosion urbaine au bidonville global (2) dead (2) Dead Can Dance (2) Dead Combo (2) Dead Sara (2) Deadbeat (4) Deadfile (1) Death Metal (2) Debat (11) débat (4) Debauche (2) Debelle (2) Deborah Coleman (2) debt (4) Dechets (4) Déchets (2) déchets toxiques (2) Deckard (2) deeB (2) Deep House (8) Deep Island (2) Defense (4) Défense (4) Degiheugi (2) Déjà Mort (3) Del Jones (2) délation (4) Democratie (12) Démocratie (6) démographie (3) DemonAngel (14) Dennis Alcapone (2) Dennis Coffey (2) département (2) Derrick Hart (2) Derrick Morgan (2) Deru (2) Desechos (2) Desert Rebel (2) desinformation (1) désinformation (2) Desolate (2) Dessa (2) dessous des cartes (4) Destabilisation (1) Detektivbyrån (2) dette (6) developpement (4) Deviante (1) Dextro (2) Dezarie (2) DEZORDR SESSION (8) dFAD3R (2) Dhafer Youssef (6) Di Melo (2) Diana Krall (2) diaspora (4) Dictaphone (1) Dictature (16) Diesler (2) Digital Alkemist (2) Dilemma (2) Dillinger (2) Dinner at the Thompson's (2) Dinosaur Jr. (1) Dionne Bromfield (2) Dionysos (3) Diplo and Tony Tripledouble (2) diplomatie (4) Dire Straits (2) Direct Download (1) Dirtmusic (2) Dirty Projectors (2) Dirty Three (2) Disco (14) Disco-Restrospective (5) Disco-Retrospective (1) Discography (10) discours (2) Discrimination (10) Disrupt (2) Dizzie Gillespie (2) DJ (79) DJ Baku (4) DJ Baku Hybrid Dharma Band (2) DJ Cam (4) DJ DemonAngel (71) DJ Food (2) DJ Kentaro (3) DJ Krush (13) Dj Krush feat Rino (1) DJ Muggs Vs. Ill Bill (2) DJ Oil (2) DJ Phixion (2) DJ Q (2) DJ Racy A.J (10) DJ Shadow (2) DJ Shadow - The Less You Know (2) DJ Vadim (4) Dj Zedvantz (2) Django Reinhardt (1) DNA (2) Dobacaracol (1) Docta (2) Doctor Flake (2) Doctor L (6) Doctor Noodle (2) Documentaire (258) Documentaire : No es un Joc ( Ce n'est pas un Jeu ) (2) Documentary (236) Dog Pound (2) Doha (2) Dol-lop (2) domination (2) Don't Look Back (2) Donald + Lulu With The Wailers (2) Donald Fagen (1) Doris Duke (2) Dorleac (2) Dorothy Ashby (1) Dot Allison (2) Downbeat (9) Download (6) Downtempo (259) Dr. John (2) Dr. John and The Lower 911 (2) Dr. Lonnie Smith (1) Dr. Quandary (5) drame (79) DRC Music (2) Dreas (2) Drip (1) Drive (3) drogue (4) Droit (2) Droit de l'Homme (16) droits de l'homme (2) Drone (7) Drones (10) Drum and Bass (29) Drum and Bass (28) Drum n' Bass (1) Drumand Bass (1) Drydeck (2) DSTR / deStar (2) Dtracks (2) Dub (158) Dub Addict Sound System (3) Dub Ainu Deluxe (2) Dub Colossus (3) Dub Echoes (1) Dub Gabriel (1) Dub Incorporation (2) Dub One (2) Dub Orchestra (2) Dub Pistols (2) Dub Stories (2) Dub Techno (6) Dub Terror (2) Dub World (1) Dubaï (2) Dubkasm (3) Dublicator (2) Dubstep (49) Duoud (2) Duquende (2) Dusk + Blackdown (2) Dustmotes (4) Dutch (1) Duwayne Burnside (1) DVD (4) Dynamic Syncopation (2) e (2) E. Shawn Qaissaunee (1) EADS (2) Earl Hooker (2) Earth and Stone (2) Earthling (4) Easy Listening (2) Easy Star All-Stars (3) Easy Stars All Stars (2) Eau (44) Ebo Taylor (2) Echobox (2) echoes (2) Echoton (2) Ecole (2) ecologie (8) écologie (2) Economie (83) Ecoterrorisme (2) Ecuador - The Rumble in the Jungle (2) Edamame (2) Eddie Harris (2) EDF (4) Edison (2) education (4) EFSA (2) Eglise (2) Egypt 80 (1) Egypte (10) Ejigayehu Gigi Shibabaw (2) Ekova (2) El Combolinga (2) El Creepo (2) El Gran Silencio (2) El Michels Affair (2) El Puchero Del Hortelano (2) El Son No Ha Muerto (2) El Tumbao de Juana (2) EL-S (1) election (17) Élections (2) Electric Jazz (4) Electric Wire Hustle (3) Electro (540) Electro Abstract (1) Electro Acoustic (16) Electro Ambient (13) Electro Dark (2) Electro Dub (226) Electro Folk (1) Electro Funk (2) Electro Hip Hop (12) Electro Jazz (40) Electro Pop (7) Electro Rock (27) Electro Swing (2) Electroacoustic (4) Electronic (182) Electronic Jazz (3) Electronica (4) electronique (2) Elekidz (2) ELENA (2) Elenika (2) Elephant Man (2) Elina Duni Quartet (5) Ella Fitzgerald (2) Elsiane (2) Emancipator (3) Embargo (2) Emeterians (4) Emilie (2) Emilie Lund (2) Emilie Simon (2) Emily Wells (2) Emirats (2) EN-KI (2) End (2) Endless Summer (1) Energie (50) enfant (21) ENG (19) Engine (1) Enigmatical (1) Enquête en forêt tropicale (2) enseignement (2) Ensemble Montreal Tango (2) Enter The Void (2) Entre Les Murs (2) entreprises (2) Entretien avec un vampire (2) environnement (63) EP (28) Epouvante (2) Equateur (4) Eric Lau (2) Eric Sardinas (2) Erik Jackson (3) Erik Truffaz (8) Erik Truffaz New York Chamonix Project (2) Erkan Ogur and Djivan Gasparyan (2) Erotique (2) Erreurs statistiques de la Banque mondiale en Chine : 200 millions de pauvres en plus (2) Erykah Badu (4) Escaso Aporte (2) esclavage (8) Eskorzo (2) Esne Beltza (2) Espace (2) Espagne (6) Essential Killing (3) Esthero (2) estonie (2) Etats (212) Etats-Unis (92) États-Unis (affaires extérieures) (2) Ethio-Jazz (2) Ethiopique (2) Ethiopiques (13) Ethnic Music (6) ethnie (6) Ethno (2) Étienne Chouard (2) etude (2) Euforquestra (3) Europe (117) européen (2) Eurosatory (2) eurosur (2) ex-Yougoslavie (2) experience (2) Experimental (247) exploitation (16) explosifs (2) Exposé sur le nouveau mode actuel de répression politique en France (2) Extension (2) extreme droite (2) Ez3kiel (8) Ezra (2) F.M.I Finances Mondiale Immorale (2) Fabulous Trobadors (2) Face Candy (2) Facebook (27) Factor (2) Faim (6) Faiz Ali Faiz (2) falsifiabilité et modèle standard de l'évolution stellaire (2) Family Guy (2) Fan Shi Qi 范世琪 Meng Jing 梦境 (2) fanatism (3) Fanny Beriaux (2) Fantastic Mr. Fox (2) Fantastique (28) FAO (2) FARC (2) Fast Food Nation (2) Fat Freddy's Drop (2) Fat Jon (1) Fat Jon and The Ample Soul Physician (4) Fat Jon The Ample Soul Physician (2) Fatien (2) Fatoumata Diawara (2) featuring (4) Fedayi Pacha (2) Féfé (2) Feist (5) Fela Kuti (1) Felon (2) FEMA (3) Femi Kuti (2) femmes (2) Festen (2) Festival (1) Festival in the desert (2) festival Temps d'Images (2) fête (2) Fetsum (2) fichage (8) Fight Club (5) Fighting (1) Fil Rouge (3) film (244) Film Noir (9) Filtrage (14) Final Fantasy (2) finance (16) Fineprint (2) Fink (2) FIP (1) Firefox (1) fiscal (2) Fishtank Ensemble (2) Five Alarm Funk (2) Five Phases Of The Noom (2) Flamenco (15) Flashback (1) Fleet Foxes (2) Florence Joelle's Kiss of Fire (2) Flowering Inferno (2) Fluxion (2) Fly Russia (2) Flyers (2) FlyKKiller (2) FMI (16) Foday Musa Suso (2) Folk (183) Folk Rock (1) Folklore (6) Folksafari (2) fonds d'investissement (4) Foret (2) Forum social mondial FSM Belém (2) Foxconn (2) fr (20) Frameworkmx (1) Franc Maçon (2) France (193) France-Afrique (2) Francisco Aguabella (2) Franco and l'OK Jazz (2) Francois Peglau (2) Franklyn (3) Fred Locks (2) Fred Mcdowell (2) Fred Yaddaden (2) Freddie Cruger (1) Freddie McKay (2) FREDO FAYA (1) Free (9) Free concert in Paris (2) Free jazz (6) Free The Robots (2) French (2) French Touch (39) Frenic (4) Freshlyground (1) Friends (1) FrnzFrnz (2) froid (1) frontex (2) Frontières (26) Fude no umi?) (1) Fugis (2) Fügu (2) Fujitsu (2) Fukushima (28) Full (2) Full dub (4) Fumitake Tamura (2) Fun Da Mental (2) Fun-da-mental (2) Funde (3) Funk (243) Funk Jazz (8) Funkessencia (2) Funki Porcini (2) Fusion (2) futur (4) Future Hip Hop (1) Future Jazz (20) Fuzz and Mac (2) G20 (2) G8 (4) Gabon (2) Gabrielle (2) Gahan (2) Galactic (2) Game (4) Games (9) Ganja White Night (1) Ganpuku ganka?) (1) Garage (10) Garnet Mimms (2) Gary Moore (1) Gasland (2) Gasoline (2) Gaz (11) Gaz de Schiste (1) Gaza (12) Gazoduc (2) Gazprom (2) Général Dub (2) General Elektriks (2) Genocide (4) Génocide (2) Génome (2) geographie (35) Géographies des alimentations (2) Géoingénierie (2) geopolitique (292) George Allison (3) George Hirota (2) Georges Brassens (2) Georgia Anne Muldrow (2) Géorgie (4) Geral Gradwohl Trio (2) Germany (2) Geskia (2) Gestion (1) Getachew Mekuria (1) Getatchew Mekuria (2) Getatchew Mekuria and The Ex (2) Ghalia Benali and Timnaa (2) Ghana (2) Ghost in the Shell (4) Ghost In The Shell Solid State Society (2) Ghostface And Raekwon (2) Ghostpoet (2) Gigi (2) Gil Scott Heron (2) Gil Scott-Heron (1) Gilles Peterson (2) Ginkgo Biloba (2) Girls In America (2) Gitan Music (4) Giyo (2) Gizelle Smith and the Mighty Mocambo (2) Glary Utilities (1) Glen Brown (2) Glen Porter (4) Glitch (26) Glitch Hop (7) Glith Hop (1) Gnats (2) Gnawa (6) Gnola Blues Band (2) Godspeed You Black Emperor (1) Goldfrapp (2) Goldman Sachs (4) Golfe Du Mexique (2) Gomorra (2) Gone (2) Gone nutty (2) Gonja (2) Gonjasufi (4) Google (19) Google Cisco HP Ericsson et Verizon (2) Goran Bregovic (3) Gorillaz (6) Gospel (3) Gotan Project (9) Gothic Rock (2) Gotye (2) gouvernance (8) gouvernements (35) Grace Jones (3) Grace Potter and the Nocturnals (2) Graciela Maria (2) Grails (2) Grande Bretagne (12) Graphic (1) graphisme (3) Grèce (9) Greenhouse (Blueprint And Illogic ) (2) Greenpeace (2) Gregory Isaacs (2) grève (2) Grinderman (3) Groland.con (3) Groove (41) Groove Jazz (1) Groovedown (1) Groundation (2) Groundhogs (2) Grunge (2) Guachupe (2) Guano Padano (2) Guantánamo (2) Guante and Big Cats (2) Guaraní (2) Guatemala (4) Guelewar (2) Guerre (214) Guerre d’Algérie 1954-1962 (2) Guerrilleroz (2) Guests (2) Guinée (2) Guitar (12) Guitar Hero (1) Guitar Heroes (4) Guitoud (2) Guru (2) H1N1 (2) H2Oil (3) HAARP (2) HaBanot Nechama (2) Hacienda (2) hack (5) Hackers ni dieu ni maître (2) hadopi (10) Hadouk Trio (4) Hair High (2) Haïti (10) Hamza El Din (2) Handsome Boy Modeling School (2) Hank Jones (1) Hanni El Khatib (3) Hard Bop (2) Hard Candy (2) Hard Rock (36) Hariprasad Chaurasia (2) Harlem Underground Band (2) harmaceutique (2) Harry Belafonte (2) Harry Brown (3) Haru to usobuku?) (1) Haruka Nakamura (2) Hauschka (3) Haytham Safia (2) Hazard (2) Hazmat Modine (2) HD (10) Healer Selecta (2) Heather Moran (2) Heavy Metal (2) Heavy Trash (10) Hecq (2) Hedgehog (2) Heights of Abraham (2) Helmet (2) Henry's Funeral Shoe (2) Her Yes Men (2) HeRajiKa Tracks (2) Hermitude (4) Hiatus Kaiyote (1) Hidden Orchestra (4) High Places (2) High Tone (4) High Tone meets Brain Damage (2) HighDamage (1) Highlife (2) HIGhMas (2) Hijas de Zion (2) Hilde Louise Asbjornsen (4) Hint (2) Hip Hop (187) Hip Hop Jazz (2) Hipkiss (1) Hiromi (2) Hiroshima (5) histoire (64) Historique (13) Hitoyo bashi?) (1) Hokidoki and Brakkbacda (2) Hola A Todo El Mundo (2) Holdcut (2) Hollande (2) Hollie Cook (5) Hollie Smith (1) Holly Golightly and The Brokeoffs (2) Hologram Dagger (2) Holy Fuck (2) Home Dulce Hogar (2) Homelife (2) Homeworld 2 (1) Honduras (8) Horace Andy (2) Horace Silver (2) Horiso (2) Horreur (6) Hosting (1) Hot Shots (2) Hotel Of The Laughing Tree (2) Hotel Sahara (2) House (2) How to Destroy Angels (2) Howard Nishioka (3) HP (2) Hugh Mundell (2) Hugo Kant (3) Hugo Race (2) humain (2) Human Spirit (2) Human Traffic (3) HumanIDub (2) Humour (21) Hus (2) Husky Rescue (3) Huun Huur Tu and Carmen Rizzo (2) Hyperwords (1) Hypnotic Brass Ensemble (1) I Am The Media (2) I Love Democracy (1) I Monster (2) I.D.M (2) I.K. Dairo (M.B.E) (2) IamOMNI (2) Ian Brown (2) Iara Behs (2) IBM (2) Ibrahim Electric Meets Ray Anderson (3) Ibuki Yushi (2) Iceland (2) Icesave (2) Ichiro (2) IDM (63) Iggy Pop (2) Igor Boxx (2) Igor Markevitch (2) Ijahman Levi (2) Illogic (2) ilm (2) Ilya (3) Imiter (2) Immigration (10) Immortel (ad vitam) (3) Imperial Tiger Orchestra (2) Impuls (2) In the Loop (2) In the mood for love (2) Incognito (2) Inde (28) India (6) Indian (3) Indian Music (1) Indie (107) Indie Rock (1) Indiens (2) Indigènes (12) Indigenous Resistance (2) Indigo Jam Unit (3) Indus (2) industrial (3) Industrial Breakbeat (1) industrie (4) Industry (2) Inégalités (6) Info (14) Informations (14) informatique (10) Inga Liljeström (2) ingérance (2) Ingrid Chavez (2) Inkliing (1) Innerzone Orchestra (1) Innocence (2) Input and Broken (2) Insertion (2) Instrumental (164) Instrumental Jazz Hip Hop (1) Instrumental Piano (1) Instrumental Rock (1) Interactivo (2) Interface (2) International (31) Internet (167) INTERNET (QUI (2) interview (7) Introducing Townes Van Zandt Via the Great Unknown (2) iPhone (2) IPRED (2) Irak (13) Irakare (2) Iran (8) Irish Music (2) Irlande (3) Iro Haarla Quintet (2) Ishi (2) Isiah Mentor (2) Island (2) Islande (6) Israël (22) Israel Vibration (2) Issa Bagayogo (2) Istanbul Blues Kumpanyasi (2) It's a frenchy reggae party (1) Italia (2) Italie (10) Ivory Coast soul (1) Ivory Coast soul 2 (1) Izia (2) J-Boogies Dubtronic Science (2) J.O (2) J.Period (2) Jackie Mittoo (2) Jacob Miller (2) Jacuzzi Project (2) Jade (2) Jah Wobble and the Nippon Dub Ensemble (2) Jahko Lion (1) Jahtarian Dubbers (1) Jahtarian Dubbers Vol. 3 (1) Jam Band (2) Jamaaladeen Tacuma and The Roots (2) Jamaica to Toronto (2) James Blake (2) James Brown (2) James Carr (2) James Leg (2) James Vincent McMorrow (2) Jamika (6) Janelle Monae (2) January 25ers (2) Japan (47) Japon (54) JaredH (2) Jaribu Afrobeat Arkestra (2) Jarring Effects (2) Java (2) Jazz (242) Jazz Blues (1) Jazz Fuion (5) Jazz Funk (7) Jazz Funk Soul (1) Jazz Fusion (14) Jazz Manouche (1) Jazz World (47) jazztronic (2) Jean Grae (2) Jean Ziegler (2) Jedi Mind Tricks (4) Jenova 7 (3) Jenova 7 and Mr. Moods (1) Jerry Jones (2) Jesca Hoop (2) Jesse Futerman (2) Jesse Sykes and The Sweet Hereafter's (2) Jesus Camp (3) jeu (2) JFX Bits (1) Jhelisa (2) Jiko-Nafissatu Njaay (2) Jimi Hendrix (2) Jimmy Cliff (1) Jimmy Smith Trio (2) Jneiro Jarel (2) Joan As Police Woman (2) Joanne Shaw Taylor (2) Joe Kickass (2) Joe Pass (2) Joe Satriani (2) Joe Strummer (2) Joe White (2) Jóhann Jóhannsson (2) John Coltrane with The Red Garland Trio (2) John Doherty (2) John Frusciante (2) John Legend and The Roots (2) John Mayer (2) John Zorn (2) Johnny Clarke (2) Johnny Clegg (4) Johnny Osbourne (2) Joke (2) Joker's Daughter (2) Jolea (2) jones (2) Jose James (3) José James (3) Josh White (2) Journaliste (18) JPOP (2) JPT Scare Band (3) Ju-Ar (2) Juan Carlos Cacérès (2) Juçara Marçal e Thiago França (2) jugement (2) Jul|lo (2) Julee Cruise (2) Julian Marley and The Uprising (2) Junior Kelly (2) Junior Parker (2) Junior Reid (2) Junior Soul (2) Juniper (2) Jupiter's Dance (2) justice (12) Justice System (2) K Os (2) K-S.H.E (2) K'Naan (2) Kabanjak (2) Kaboom (2) Kafele (2) Kagarino kō?) (1) Kago no naka?) (1) Kaiti Kink Ensemble (2) Kakao (2) Kaleta and Zozo Afrobeat (2) Kalpataru Tree (2) Kaly Live Dub (2) Kalya Scintilla (2) Kammerflimmer Kollektief (2) Kampec Dolores (1) Kang Eun Il (2) Kanka (2) Karachi (2) Karimouche (2) Karkwa (2) Karmuazine (2) Kartick And Gotam (2) Karukaya Makoto (2) Kashiwa Daisuke (1) Katchafire (4) Kazakhstan (6) Kazutoki Umezu (2) Kelin (2) Keller Williams (4) Kemopetrol (3) Ken Boothe (1) Kendra Morris (1) Kenmochi Hidefumi (2) Kenny Burrell (5) Kenny Knots (2) Kentaro (2) Kenya (5) KesakoO (2) Khaled Aljaramani (2) Khoe-Wa (2) Kid Called Computer (2) Kid Congo and The Pink Monkey Birds (2) Kid Koala (1) Kid Loco (2) Kiko Dinucci (2) Kimono (2) King Django Quintet (2) King Khan (2) King Medallion vs. Arch Angel (2) King Tubby (2) King Tubby And The Aggrovators (2) Kings of Leon (2) Kinny (2) Kirghizistan (4) Kitty Hoff and Forêt-Noire (2) Kno (2) Ko-No-Michi (1) Koan Sound (2) Kodo (2) Kognitif (1) Kokoda le 39ème bataillon (2) Kokolo (2) Komla Mc (1) Koon Denpa (2) Koop (2) Kortatu (2) Kosovo (4) Kotoja (2) Kouyaté-Neerman (2) Kozak94 (2) Krar Collective (1) Kristuit Salu vs. Morris Nightingale (2) Kronos Quartet (2) KRS-One (2) Krystle Dos Santos (2) KTU (2) Kuba (2) Kuj skills (1) Kusa o fumu oto?) (1) Kylie Auldist (1) Kyp Malone (1) KYSEA (2) L and CHEESE with MR. MOODS (2) L.U.C FEAT. URSZULA DUDZIAK (1) l'arc-en-ciel nait (雨が来る虹がたつ (1) L'Armée des douze singes (2) L'esprit des plantes (1) L'Exorciste (3) L'Homme sans âge (2) L'Imaginarium du Docteur Parnassus (2) L'instinct de la musique (2) L'Oniraunote (2) L'Or bleu (2) L'Orange (1) l'Oreal (2) La Bête Humaine (2) La Canaille (4) La Caravane Electro (2) La Caravane Passe (2) La Caution (2) La Cherga (2) La Cité de Dieu (2) La cité des enfants perdus (3) La Commission européenne lance un programme de propagande radio (2) La Démocratie en France 2008 (2) La domination masculine (1) La fin de la propriété de soi (2) La Fin du Pétrole (2) La Gale (1) La grande route des requins marteaux (1) La guerre de l'information utilise des opérations psychologiques agressives (2) La guerre invisible (2) La guerre pétrolière oubliée du Soudan (2) La Kinky Beat (2) La Légende de Beowulf (2) La Main Gauche (2) La menace iranienne (2) La Merditude Des Choses (2) La Negra (2) La Paz (2) La Phaze (2) La quatrième révolution (2) la Route du Rock (1) La Rue Ketanou (2) La Rumeur (4) La sagesse des crocodiles (2) La Stratégie du choc (2) La Tordue (2) La Trahison des médias le dessous des cartes (2) la tyrannie du cool (2) La vie des autres (2) Laab (2) Lady Passion (3) Laetitia Sheriff (2) Laïka (5) Laila Angell (2) Laino (2) Lakmi et Boomy (2) Lamont Kohner (1) Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (2) Laos (2) Låt den rätte komma in (3) Latin Jazz (12) Latin Music (11) Latin Pop (1) Latino Rock (1) Laura Vane And The Vipertones (2) Laurel Aitken (2) Lauryn Hill (2) Le Chat Du Rabbin (3) Le club des incorruptibles (2) le dessous des cartes (71) Le Dimanche (1) Le grand marché des cobayes humains (2) Le grand Monopoly du gaz (2) Le monde fabuleux des éponges (1) Le mystère du manuscrit de Voynich (1) Le nuage (2) Le Parasite (4) Le Peuple de l'herbe (5) Le Peuple de l’Herbe (2) Le Peuple Des Océans (1) Le Secret des Sept Soeurs (2) Le Syndrome du Titanic (2) Le Tableau (2) Le temps des mensonges (2) Le Tombeau des lucioles (2) Le Tone (2) Le vin et la science (1) Led Zeppelin (2) Lee Fields (2) Lee Fields and The Expressions (2) Lee Perry (3) Lee Perry and The Upsetters (4) Lee Scratch Perry (4) Leena Shamamian (2) Left Lane Cruiser (4) Lena (1) Lendi Vexer (4) Lengualerta (2) Lennie Hibbert (2) Lenny Harold (2) Leonard Cohen (1) Les Armées Privées dans la Cible (2) Les Bêtes du sud sauvage (1) Les Chemins de la liberté (2) Les Contes de la nuit (1) Les Créatures De L'esprit (2) Les enfants des rues de Mumbai (2) Les Fils De L'Homme (3) Les Guignols de l Info (1) Les Hurlements d'Léo (2) Les insurgés de la terre (2) Les Kamale (2) Les Marches du Pouvoir (2) Les nouveaux chiens de gardes (1) Les Occidentaux dénient que la Géorgie a procédé à un génocide (2) Les origines du langage (1) les ripoux (1) Les Sept Jours du Talion (2) Les Skalopes (2) Leslie West (2) Lettres d'Iwo Jima (2) Lettuce (2) Leviev (2) Liban (6) Liberté (10) Liberté d'expression (3) Libye (32) Lin Hai (2) Lindigo (1) Linton Kwesi Johnson (2) Linval Thompson (2) Lion Turf (2) Lion Zion (2) Lip (2) Liquid Spirits (2) Lisa Ono (2) Lisbeth Scott (2) lithium (2) Littérature (2) Little Axe (4) Little Barrie (2) Little Dragon (2) Live (230) Livres (20) Liz Green (2) Lizz Fields (2) Lloyd Miller (2) Lloyd Miller and The Heliocentrics (2) Lms (2) Lo-Fi (10) Lo'Jo (2) LOBBYS (25) Lofofora (6) Logorama (2) loi (324) loi Internet et Création loi Hadopi (4) Loka (4) London (3) Londres (2) Lonnie Mack (2) Loolacoma (2) Loppsi (10) Lorn (4) Los Amigos Invisibles (2) Los Cojolites (2) Los Guanabana (2) Los Ministers del Ronsteady (2) Los Miticos Del Ritmo (2) Los Skarnales (2) Los Tres Puntos (2) Los Umbanda (2) Lost In Translation (2) Lotus (2) Lounge (41) Love Day Quartet (2) Low (2) Low Fidelity Jet Set Orchestra (2) Low In The Sky (2) Lowb (2) LR-60 (1) LR-60 and Mr. Moods (1) Lucas Santtana (3) Lucky Elephant (1) Ludwik Ludwikzon Orkestra (2) Luis Delgado (3) Luísa Maita (2) Lulu Rouge (2) Lunatic Calm (2) Lund Quartet (2) Lura (3) Lurrie Bell (1) Lydia Lunch (2) Lydia Lunch and Big Sexy Noise (2) Lymbyc Systym (2) Lyrics Born (2) Lyricson (2) M'Barka Ben Taleb (1) Mabataki (2) Mabuta no hikari?) (1) MACACO (2) Maceo Parker (2) Machine Head (2) Macy Gray (3) Mad Doctor X (2) Mad Lion (1) Madagascar (12) Made In Groland (1) Mademoiselle K (2) Mafia (4) Mafia Trece (2) Maga Bo (2) Maghreb (2) Magic Sam (2) Magic Slim (2) Magical Power Mako (2) Mahsa and Marjan Vahdat (2) main basse sur le riz (2) Makura kōji?) (1) Mala (2) Mala Rodriguez (2) maladie (8) Malaisie (2) Malediction (2) Mali (26) Malia (2) Malika Madremana (2) Mammuth (2) Mañana Me Chanto (2) mandat (2) manifestations (14) Manille (2) Manipulations (21) Manu Dibango (1) Manu Katché (2) Manuel El Guajiro Mirabal (2) Manutension (2) Marcia Ball (2) Marcia Griffiths (2) Marconi Union (2) Marcus Miller (4) Marge (2) Margeaux Lampley (2) Margie Evans (2) Maria De Barros (2) Marie-Louise Munck (2) Mark de Clive-Lowe (2) Mark Knopfler (2) Mark Wonder (2) Markey Funk (2) Markus Kienzl (2) Maroc (6) Maroquinerie (1) Marsmobil (2) Martin Campbell (2) Martin L. Gore (2) Martina Topley-Bird (2) Marujita (2) Marwan Abado (2) Mary Anne Hobbs (2) Mass Of The Fermenting Dregs (2) Massive Attack (2) MassMirror (1) Math Jazz (2) Mato Seco (1) Matryoshka (2) Matt Elliott (2) Matt Marshak (4) Matthew Shipp (2) Matumbi (1) Mauresca Fracas Dub (2) Mauritanie (2) Mavis (2) Max Tannone (2) Maya Solovéy (2) Mäyd Hubb meets Joe Pilgrim (1) Mayotte (3) Mayra Andrade (4) MC Esoteric (2) MDC (2) Mdungu (2) Medcament (2) medecine (4) Medi (2) Medias (30) Médias (2) Médias citoyens (2) Megakey (1) Megaupload (1) Meitz (2) Melifaroh (2) Melina Kana (2) Melina Kana and Ashkhabad (2) Melingo (4) Melissa Laveaux (2) Melody Gardot (1) Même la pluie (3) Mémoires de volcans (2) Memories of Murder (2) menace (10) Menahan Street Band (1) Mentz (2) mer (2) Mercan Dede (4) Merlune (2) Merlyn Webber (4) Meschiya Lake and the Little Big Horns (2) Meta (1) Meta Force (1) Metal (4) Metastaz (4) Method Man (2) Method Of Defiance (2) Metric (2) meu (2) MewithoutYou (2) Mexique (12) Mezei-Bakos-Mezei (2) MGT (2) Micatone (2) Michael Carvin (2) Michael Jackson (2) Michael Kiwanuka (2) Michael Prophet (2) Michel Camilo (2) Michel Muller (2) Michigan and Smiley (2) Michiko to Hatchin - 01 vostfr - Adieu paradis insensible (1) Michiko to Hatchin - 02 vostfr - Délicieuse hors la loi (1) Michiko to Hatchin - 03 vostfr - Comme une bille de flipper désespérée (1) Michiko to Hatchin - 04 vostfr - Le chat errant de la Voie Lactée (1) Michiko to Hatchin - 05 vostfr - La nostalgie des imbéciles (partie 1) (1) Michiko to Hatchin - 06 vostfr - La nostalgie des imbéciles (partie 2) (1) Michiko to Hatchin - 07 vostfr - La monotonie de la pluie (1) Michiko to Hatchin - 08 vostfr - Le jeu fatal des musiques noires (1) Michiko to Hatchin - 09 vostfr - La fille passionnée du Chocolate (1) Michiko to Hatchin - 10 vostfr - Le carnaval des hyènes (1) Michiko to Hatchin - 11 vostfr - Point de départ de la tempête (1) Michiko to Hatchin - 12 vostfr - Purgatoire télépathique à 108° "108°C of Telepathic Purgatory" (Telepatia a 108°C no Purgatório) "Jigoku 108°C no ter (1) Michiko to Hatchin - 13 vostfr - Le poisson rouge du marais "Goldfish Bog" (Peixe Dourado do Brejo) "Doronuma no gōrudofisshu" (泥沼のゴールドフィッシュ) (1) Michiko to Hatchin - 14 vostfr - L’audace du coureur explosif "Reckless and Explosive Runner" (Ousadia do Corredor Explosivo) "Meichirazu no bōhatsu (1) Michiko to Hatchin - 15 vostfr - Graffiti dessiné en vain "Aimless Graffiti" (Grafite Desenhada em Vão) "Itazura ni gurafuti" (いたずらにグラフティ) (1) Michiko to Hatchin - 16 vostfr - Une étude en rouge infidèle "Crimson Faithless Etude" (A Vermelha Descrendice) "Makka na fujitsu no echūdo" (まっ赤な不実の (1) Michiko to Hatchin - 17 vostfr - Festin sanglant. L’opéra crève-cœur "Bloodfest The Heart-Pounding Opera" (Tonelada de Sangue A Ópera que Mexe no Co (1) Michiko to Hatchin - 18 vostfr - Samba hors de contrôle "Fool's Ballistic Samba" (O Tolo que Avança como uma Bomba Sambista) "Akantare no dandō sanba" (1) Michiko to Hatchin - 19 vostfr - L’agaçant papillon noir "Irritating Dark Butterfly" (Irritante Borboleta que Interrompe a Luz) "Hagayui shakō no bat (1) Michiko to Hatchin - 21 vostfr - Dernière valse hors-saison "Off-Season Last Waltz" (A Última Valsa que Florece Enlouquecida) "Kurui saki rasutowarut (1) Michiko to Hatchin - 22 vostfr - Va de l’avant "Run with It" (Corra Simplesmente como se Deve Correr) "Ari no mama de hashire" (ありのままで走れ) (1) Mickey Green (2) Microsoft (6) Middle Class Rut (2) Midnight Club 2 (1) Midnite Fith Son (2) Midori (2) Midori no za?) (1) Mig (2) Migration (4) Miguel Poveda (2) Mikkim (2) Mikromusic (2) Mikuś (2) Mil (2) Mile (1) Miles Davis (3) Miles Davis and Bill Laswell (2) militaires (15) minerais (3) mines (13) Minimalism (2) Minimalist (16) Minorité nationale (2) Mirel Wagner (2) Miroslav Tadic (2) misère (2) Miss Muffin (2) Mister Modo and Ugly Mac Beer (2) Misty (1) Mix (46) MJ A ROCKER (1) Mladie (1) Mo Kalamity (2) Mo'Kalamity and The Wizards (4) Mo’town Junkie (2) Mobster (2) Moby (2) Moca (2) Mocha Lab (2) Mod-folk (2) Modules (1) Mogadiscio (2) Mohamed Kouyou (1) Mokhov (2) Mokoomba (1) Molecule (2) Molodoï (4) Momo (1) Monde (2) mondial (4) mondialisation (8) Mondkopf (1) Money (2) Mongolie (2) monnaie (2) Monokle and Galun (2) Mononome (2) Monophonics (2) Monsanto (2) Monsieur Dubois (2) monsters (2) Monta At Odds (2) Moon (2) Moonraker (2) Moraito Chico (2) Morcheeba (2) More Relation (2) Moremoney (2) Moriarty (6) Morning Dew (2) Morriarchi (2) MORSE (3) Mort (49) Mortal Kombat 4 (1) Morwell Unlimited Meet King Tubby (2) Mory Kante (2) Mos Dub (2) Mosanto (2) Mose Allison (2) Moshi Moshi Nu Sounds From Japan (2) Moteur (1) Mother (2) Moto (1) Moto Racer 2 (1) Mounira Mitchala (4) Mountain Mocha Kilimanjaro (1) Mourah (2) Movie (83) Moving forward (2) Moyen Orient (10) Mozambique (2) Mp3 (1) Mr Juan (1) Mr Mamadou (2) Mr Nobody (2) Mr Tchang and The Texas Sluts (2) Mr. Confuse (2) Mr. Moods (13) Mr. Moods and Emily Jane Carmen (2) Mr. Moods meets Tack-Fu (2) Mr. President (2) Mr. Something Something (2) Mr. Williamz (2) Mr.KiD (6) MSF (2) Mugison (2) muisc (2) Mukta (2) Mulatu Astatke (7) multi (18) multinationales (6) Multiupload (1) Mummer (2) Munk (2) mur (2) Murat Aydemir (2) Murat Aydemir and Salih Bilgin (2) Murcof (2) Mururoa (2) Muse (4) Mushishi - 01 vostfr - Un monde au naturel (緑の座 (1) Mushishi - 02 vostfr - Clarté sous les yeux clos (瞼の光 (1) Mushishi - 03 vostfr - Tendres cornes (柔らかい角 (1) Mushishi - 04 vostfr - Le chemin de l'oreiller (枕小路 (1) Mushishi - 05 vostfr - Le marais vagabond (旅をする沼 (1) Mushishi - 06 vostfr - Le troupeau qui boit la rosée (露を吸う群 (1) Mushishi - 07 vostfr - La pluie tombe (1) Mushishi - 08 vostfr - Depuis le rivage (海境より (1) Mushishi - 09 vostfr - Une lourde graine (重い実 (1) Mushishi - 10 vostfr - Du blanc dans la pierre à encre (硯に棲む白 (1) Mushishi - 11 vostfr - La montagne dormante (やまねむる (1) Mushishi - 12 vostfr - Le poisson borgne (眇の魚 (1) Mushishi - 13 vostfr - Pont d'une nuit (一夜橋 (1) Mushishi - 14 vostfr - À l'intérieur de la cage (籠のなか (1) Mushishi - 15 vostfr - Printemps secret (春と嘯く (1) Mushishi - 16 vostfr - Le serpent de l'aube (暁の蛇 (1) Mushishi - 17 vostfr - La récolte des cocons vides (虚繭取 (1) Mushishi - 18 vostfr - Le vêtement qui enveloppe la montagne (山抱く衣 (1) Mushishi - 19 vostfr - Le fil des cieux (天辺の糸 (1) Mushishi - 20 vostfr - Une mer de pinceaux (筆の海 (1) Mushishi - 21 vostfr - Les spores de coton (綿胞子 (1) Mushishi - 22 vostfr - Le temple au milieu de la mer (沖つ宮 (1) Mushishi - 23 vostfr - Le son de la rouille (錆の鳴く聲 (1) Mushishi - 24 vostfr - En route vers le champ du feu de joie (篝野行 (1) Mushishi - 25 vostfr - Œil chanceux (1) Mushishi - 26 vostfr - Le son des pas sur l'herbe (草を踏む音 (1) Music (127) Music From South India (2) musical (4) Musique (2) Mustard Plug (2) Mute Beat (2) Muyayo Rif (2) My Automata (2) Myspace Zone (2) Mzai (2) Mzekezeke (2) N (2) Nabh24 (2) Nahuatl Sound System (2) Naive Diver (2) Najwa Gibran (2) Nancy Dupree (2) nanotechnologies (8) Näo (2) Naoki Kenji (2) Naomi (2) Naono (2) Naphtaline Orchestra (2) Napoleon Maddox rend hommage à Nina Simone (2) Narc (2) Narcotic Fields (1) Naruyoshi Kikuchi Dub Sextet (2) Nas (2) Natacha Atlas (5) Nathalie Handal with Will Soliman (2) Nation (4) Natiruts (Live) (1) NATO (2) Natty (2) Natural Self (1) Nature (10) Nausicaä de la vallée du vent (2) Nausicaä of the Valley of the Wind (2) Nazis (2) Nazisme (2) NED (2) Nedry (1) Negusa (2) Nelli Rees (2) Nelly McKay (2) Neo Classic (1) Neo Conservateurs (2) Neo Roots (5) Neo Soul (2) Neo Tango (2) Neo-Classic (3) Neo-Classical (1) Néo-Classical (1) Neo-Roots (2) Nepal (1) Nes (2) Nestlé (2) Netizen Report (8) Neurasja (2) New Jazz (54) New Primitives (2) New Super Mario Bros. U (1) New Tango Orquesta (2) news (4) News Games (2) nGlide (1) Nguyen Le (1) Nguyen Le Feat. Paolo Fresu (1) Niazura (2) Nicaragua (2) Nick Cave and Warren Ellis (2) Nick Rivera (2) Nicknack (3) Nicola Conte (2) Nicolay with The Hot At Nights (2) Niger (6) Nigeria (12) Nigéria (2) Nighthawks (2) Nightmare on Wax (2) Nightmares On Wax (2) Nihon (2) Nikonn (2) Nils Frahm (2) Nina Attal (1) Nina Simone (4) Ninja Tune (2) Nintendo (1) Niominka Bi and Ndiaxas Band (2) Niteffect (2) Nitin Sawhney (4) Nizetch Hifi Outernational Season II (2) Nneka (3) No Blues (2) No Country for Old Men (2) No One Is Innocent (2) No Time For Nuts (2) Noa (2) Noah D (2) Noam (2) Nobody (4) Nobody Knows (2) Nocow (2) Noir Désir (2) Noise Rock (2) Noiseshaper (2) NoJazz (2) Nomak (2) Non Dolet (2) Non Herrmutt Lobby (2) Norah Jones (4) Nortec Collective (2) Nosfell (2) Nostalgia 77 (2) Notre poison quotidien (2) Nottango (2) Nouvel Ordre Mondial (2) Nouvelle Zelande (2) Nouvelles Technologies (117) Nova classics 01 (2) Nova Tunes (2) NSA (4) Nu-Classic (4) Nu-Funk Jazz (1) Nu-Jazz (114) Nu-Roots (2) Nu-Soul (100) Nuage Mortel (2) Nucleaire (54) Nucléaire (74) Nujabes (4) Numaads (2) Number One du Senegal (2) Nuru Kane (2) O-Rynn (2) O.G.M ?? Vous avez dit O.G.M : Organisation Générale du Mensonge (2) O.M.S (3) O.N.O (2) O.N.U (8) O.S.T (17) O+S (2) Obama (4) obscurité (1) Obsidian Blue (2) obsolescence (2) Occident (6) Ocean (4) Ocoeur (2) Oddworld Abe's Oddysee (1) ODG (1) œil malchanceux (眼福眼禍 (1) OFCE (2) OGM (4) Oh Land (2) Oi (4) OiO (1) Ojos De Brujo (2) Oki (2) Oki Dub Ainu Band (3) Okitsu-miya?) (1) Oktawia Kawecka (2) Oku (2) Ólafur (2) Oligarchie (6) Olu Dara (1) Omar Perry (2) Omar Rodriguez Lopez (4) Omar Sosa (1) Omara Portuondo (2) OMC (6) Omer Avital (2) Omoi mi?) (1) OMS (6) On Ka'a Davis with Famous Original Djuke Music Players (2) Ondatropica (2) Ondubground (2) One Shot Not (6) Oneyed Jack (4) ONG (10) Onra (3) Open Mike Eagle (2) Open Range (2) opinion (2) Opiuo (2) Oppression (3) or (2) Orange (2) Orchestre Baobab (2) Orelha Negra (4) Organ (1) Original Soundtrack (4) Origine (3) Origins of Guitar Music in Southern Congo and Northern Zambia (2) Orishas Across The Ocean (2) Ormuz (2) Orquesta Típica Fernández Fierro (1) OS (1) OST (1) OTAN (33) Other (2) Other Weapons (2) Otis Grove (2) Otis Taylor (2) Ouganda (3) Ouïgours (2) Oum Kalthoum (1) Oumou Sangare (2) Owiny Sigoma Band (2) Oxmo Puccino (5) Oye Primate (2) Ozi Batla (2) P2 (2) Paco (2) Padmo (2) Pakistan (12) Palanca (2) Pale Moon (1) Pale Sketcher (2) Palenke Soultribe (2) Palenque Palenque (2) Palestine (11) Palmacoco (2) Palo (2) Palov and Mishkin (2) Pancho Quinto (2) PanDub Bear (2) Paolo Fresu (3) Paper (2) Paper Tiger (2) Papouasie (2) Paprika (2)
Twitter Delicious Facebook Digg Stumbleupon Favorites More