Par 
Patrick Wood
pour http://www.voltairenet.org
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L’oligarchie US défend ses intérêts de classe et garde le contrôle du  pouvoir politique à l’échelle nationale en s’appuyant sur des sociétés  secrètes telles que les 
Skull & Bones ou des clubs sélects comme le 
Council on Foreign Relations (CFR). Au plan international, elle utilise des groupes élitistes, par exemple le groupe de 
Bilderberg   qui cherche à intégrer à son projet les oligarchies d’autres pays pour  l’émergence d’une gouvernance mondiale. Notre collègue Patrick Wood  explique comment fonctionne la Commission Trilatérale, une autre pièce  de ce système complexe, dont le rôle a récemment été remis en lumière  avec la nomination du chef de sa section Europe, Mario Monti, comme  Premier ministre italien.
 
 
- Kissinger à la Maison-Blanche pour coordonner avec Obama les travaux de la Trilaterale, à gauche George Shultz
- Maison Blanche, 20 mai 2009. 
Pendant ses dix premiers jours de sa présidence, Barack Obama a nommé onze hauts fonctionnaires issus de la Commission trilatérale  à des postes clés de son administration, introduisant ainsi une  puissante force extérieure dans le leadership de son gouvernement, mais  avec un agenda de base qui porte plutôt préjudice aux citoyens des  États-Unis.
Outre ces nominations, Obama a appelé à la Maison-Blanche plusieurs  membres illustres de la Commission trilatérale, dont Zbigniew  Brzezinski, son principal conseiller en politique extérieure. Brzezinski  est cofondateur de la Commission (1973) avec David Rockefeller.
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Kissinger, l’ex-Secrétaire d’État étasunien est la véritable cheville ouvrière de l’oligarchie US. 
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La Commission trilatérale a une grande responsabilité dans l’état  actuel du monde. Elle fut constituée en 1973 comme un forum mondial de  « penseurs », devenus les artisans du tournant multinational pris par le  capitalisme dans le sens d’une radicalisation du courant de pensée  keynésien le plus classique de l’économie : rôle de l’État,  intensification de l’exploitation mondiale du travail, hégémonie  militaire mondiale des pays les plus riches de la planète et de leurs  compagnies transnationales.
 
- Henry Kissinger avec Sarah Palin, John McCain, Hillary Clinton et George Bush Jr.
La Trilatérale est une sorte de grand parti politique mondial.  D’après son site Web, elle fut créée par des personnalités du Japon, de  l’Union européenne, et d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) dans le  but de promouvoir et de construire une coopération plus étroite entre  les principales régions démocratiques et industrialisées du monde [en  opposition au camp socialiste de l’époque] pour partager les  responsabilités dans la direction d’un système international élargi.
Selon sa liste officielle, la Commission trilatérale compte 424  membres, dont 87 seulement sont États-uniens. Ainsi, au cours de ses  deux premières semaines à la Maison-Blanche, le nombre de représentants  gouvernementaux désignés par Obama constitue 12 % de la représentation  des États-Unis à la Commission. Il entretient bien d’autres liens avec  la Trilatérale, comme par exemple la présence en qualité de membre  permanent de William Jefferson Clinton, le mari de la Secrétaire d’État,  Hillary Clinton. Voici les onze personnes désignées par Obama :

 Tim Geithner, secrétaire au Trésor 

 Susan Rice, ambassadrice auprès des Nations unies  

 le général James L. Jones, conseiller à la Sécurité nationale 

 Thomas Donilon, conseiller pour les questions de Sécurité nationale 

 Paul Volker, président de la Commission pour la reprise économique 

 L’amiral Dennis C. Blair, directeur du Renseignement national 

 Kurt M. Campbell, secrétaire d’État adjoint  pour l’Asie et le Pacifique 

 James Steinberg, Député secrétaire d’État  

 Richard Haass, envoyé spécial du Département d’État 

 Dennis Ross, envoyé spécial du Département d’État 

 Richard Holbrooke, envoyé spécial du Département d’État
L’administration Obama et la Commission trilatérale entretiennent  bien d’autres liens. À titre d’exemple, signalons que le groupe informel  de conseillers du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, réunit les  membres de la Commission : E. Gerald Corrigan, banquier et ancien  président de la Réserve fédérale ; Paul Volker, aujourd’hui à la tête  pensante de la relance économique d’Obama ; Alan Greenspan, le dernier  responsable de la Réserve fédérale, et Peter G. Paterson, éminent  banquier et investisseur.
 
Frais émoulu de l’Université, Geithner se mit immédiatement au  service du « trilatéraliste » Henry Kissinger, aux bureaux Kissinger  & Associates. Un autre membre de la Commission trilatérale, le  général Brent Scowcroft, un commerçant devenu banquier, fut conseiller  officieux d’Obama et mentor de l’actuel secrétaire à la Défense Robert  Gates. Robert Zoelick, ancien secrétaire au Commerce et actuel président  de la Banque mondiale nommé sous l’administration G.W. Bush, est lui  aussi membre de la Commission.
Le site Web signale : « 
La Commission trilatérale est composée de  près de 400 noms illustres du monde des affaires, des médias, des  universités, des services publics (à l’exception des ministres de  cabinets nationaux actuels), des syndicats et d’autres organisations non  gouvernementales des trois régions. Trois présidents (un dans chacune  des trois régions du monde susmentionnée), des présidents régionaux, un  vice-président et des directeurs constituent la direction de la  Commission Trilatérale, en collaboration avec un Comité exécutif  incluant une quarantaine d’autres membres ».
Depuis 1973, la Commission trilatérale se réunit régulièrement en  séances plénières pour discuter de manifestes politiques élaborés par  ses membres. Les politiques sont débattues jusqu’à obtention d’un  consensus. Les membres regagnent leurs pays respectifs pour appliquer ou  faire appliquer les politiques ainsi approuvées par consensus.  L’objectif initial du groupe était l’instauration d’un « 
Nouvel ordre économique international » [ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation]. Son discours actuel encourage une « 
coopération  plus étroite entre les régions industrialisées démocratiques dominantes  du monde, qui assument des responsabilités partagées dans la conduite  d’un système international élargi ».
 
- Prix Nobel de la Paix (comme Obama), Henry Kissinger est impliqué dans plusieurs génocides.
Depuis l’administration Carter, les membres de la Commission  trilatérale ont exercé leur influence à de hauts postes contrôlés par le  gouvernement des États-Unis : six des huit derniers présidents de la  Banque mondiale ; les présidents et les vice-présidents des États-Unis  (à l’exception d’Obama et de Biden) ; plus de la moitié de l’ensemble  des secrétaires d’État des États-Unis ; et les trois quarts des  secrétaires à la Défense.
Durant la période 2009-2012, l’agenda de la Commission reposera sur  deux grandes convictions. Premièrement, la Commission trilatérale est  appelée à jouer un rôle plus important que jamais pour préserver la  direction partagée des pays riches dans un système international élargi.  Deuxièmement, la Commission « 
élargira son cadre pour refléter des changements plus vastes dans le monde ».  Ainsi, le Groupe japonais s’est transformé en Groupe Asie-Pacifique,  qui inclut des membres venus de Chine et d’Inde, tandis que des  personnalités du Mexique ont rejoint le Groupe Amérique du Nord (Canada  et États-Unis). Et le Groupe Europe continue d’augmenter avec  l’élargissement de l’Union européenne.
Mise à jour de Patrick Wood (d’August Review.com)
La question de l’« 
influence indue » nous interpelle, lorsque  l’on constate le nombre de membres de la Commission trilatérale nommés à  des postes élevés au sein de l’administration Obama. Ils ont la  mainmise sur des domaines liés à nos besoin nationaux les plus urgents :  crise financière et économique, sécurité nationale et politique  extérieure.
Le conflit d’intérêts est flagrant. Avec 75 % des membres non-US,  quelle influence cette écrasante majorité continue-t-elle d’exercer sur  les 25 % restant ? Par exemple, lorsque Chrysler s’est placé sous la  protection et le contrôle de la loi états-unienne sur les faillites dans  le cadre du plan de sauvetage de l’administration Obama, un accord a  été conclu à la hâte avec le groupe italien Fiat pour sauver cette  compagnie. La personne désignée pour conclure l’accord fut le secrétaire  au Trésor ou ministre des Finances Timothy Geithner, membre de la  Commission trilatérale. Seriez-vous surpris si on vous disait que le  président de Fiat, Luca di Montezemolo, est lui aussi un membre de la  Commission ? Le Congrès aurait dû interdire ce partenariat au moment où  il a été suggéré.
Beaucoup des membres européens de la Commission trilatérale sont  aussi de hauts dirigeants de l’Union européenne. À quelles oscillations  politiques et économiques sont-ils soumis par la branche états-unienne ?
Si on faisait un sondage sur la question, la grande majorité des  ressortissants US diraient que les affaires des États-Unis leur  appartiennent, et qu’ils doivent se fermer à toute influence étrangère   dictée par des programmes non étasuniens. Mais l’immense majorité des  citoyens US n’a pas la moindre idée de ce qu’est la Commission  trilatérale, et encore moins de l’énorme pouvoir qu’elle a usurpé depuis  1976, quand Jimmy Carter a été le premier membre de la Trilatérale élu  président des États-Unis.
À la lumière de la crise financière actuelle sans précédent, les « 
trilatéralistes »  seraient voués à l’exécration s’ils lisaient les déclarations de  Zbigniew Brzezinski (cofondateur de la Commission avec David  Rockefeller) consignées dans son livre paru en 1971 intitulé « 
Entre deux âges : le rôle de l’Amérique à l’ère technotronique ». Brzezinski signalait : « 
La  nation-État, en tant qu’unité fondamentale de la vie organisée de  l’homme, a cessé d’être la principale force créatrice : les banques  internationales et les corporations transnationales sont [à présent] les  acteurs et les architectes au sens que prenaient autrefois ces termes  appliqués à la nation-État ». [Autrement dit, il a jeté au placard  les concepts de base d’État-nation, de souveraineté des pays et du rôle  de l’État dans la société, pour défendre la vision d’un monde gouverné  par les banques et les corporations transnationales].
C’est exactement ce à quoi nous assistons dans toutes les sphères.  Les banques et les corporations mondiales sont des cercles qui se  resserrent autour de la nation-État, y compris les États-Unis. Elles  n’ont aucun respect pour aucun processus, ni pour le Congrès, ni pour la  volonté des peuples.
Pourquoi ont-elles maintenu les citoyens US dans l’ignorance sur un sujet qui ébranle les fondations mêmes de notre pays ?
La Trilatérale contrôle les grands médias
La réponse est simple : on compte parmi les patrons des grands médias  de nombreux membres de la Commission trilatérale, et ils peuvent  détourner les informations pertinentes mais dérangeantes. Parmi ces  décideurs figurent :

 David Bradley, président d’
Atlantic Media Company. 

 Karen Elliot House, ex-vice-président senior de 
Dow Jones & Company, et éditrice du 
Wall Street Journal, qui appartient à Rupert Murdoch. 

 Richard Plepler, coprésident de 
HBO. 

 Charlie Rose, de PBS, Service public de radio et télévision des États-Unis. 

 Fareed Zakaria, rédacteur du 
Newsweek 

 Mortimer Zuckerman, président de l’
U.S. News & World Reports.
Il existe beaucoup d’autres connexions avec la haute direction des  médias, résultant de l’appartenance ou de la participation aux leviers  de commande des transnationales et de l’actionnariat commun. Pour plus  d’information, consulter mon livre publié originalement en 1978 « 
Trilaterals Over Washington », disponible [en anglais] en format électronique et gratuitement sur 
www.AugustReview.com.  Ce site contient aussi beaucoup d’articles qui traitent divers aspects  de l’hégémonie de la Commission trilatérale aux Etats-Unis et dans le  monde.
Sources :
« August Review.com », 30 janvier 2009, « Obama : Trilateral Commission Endgame », par  Patrick Wood. 
Etudiant chercheur  Sarah Maddox. 
Tuteur : Peter Phillips, Université d’Etat de Sonoma. 
Patrick Wood (August Review.com) / Réseau Voltaire / Projet censuré.