Les prix agricoles (blé, riz, maïs, etc) ont considérablement monté déclenchant des émeutes contre la faim dans nombre de pays en voie de développement qui continuent d’ailleurs sporadiquement. "La faute à qui ?", bien-sûr, se sont interrogés les médias et les politiques. Et de pointer du doigt comme bouc émissaire la montée des productions de biocarburants dans le monde qui confisqueraient des surfaces précédemment utilisées pour des cultures alimentaires. Plus tard vinrent quelques explications plus scientifiques entre un effet réel mais tout à fait marginal de la production de biocarburants, le changement des habitudes alimentaires dans les pays émergents en faveur de la viande plus consommatrice de céréales pour l’élevage des bêtes, un effet marché qui fait que, comme pour le pétrole, un petit déséquilibre demande/offre suscite des hausses importantes et un effet pétrole également car l’agriculture d’aujourd’hui fortement mécanisée consomme en effet beaucoup de pétrole. Une étude du Service de la Statistique Agricole, SCEES, du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, vient apporter quelques lumières sur l’impact de cette hausse, en France seulement. Le pétrole entre dans le prix de revient de ce que les agriculteurs appellent les intrants, c’est à dire tous les produits ou services extérieurs à l’exploitation agricole. Ils varient suivant les cultures et se composent du carburant lui même pour alimenter tracteurs, moissonneuses, chauffage des serres, des engrais, dont la matière première de base est le pétrole, des produits phytosanitaires et des aliments pour le bétail, souvent à base de soja, qui répercutent la hausse des produits agricoles. Nous sommes loin en effet de la vision bucolique de l’agriculture ou tout était produit sur sol et à l’air libre, et quasiment sans mécanisation. Le tableau ci-contre nous donne une idée de la hausse des prix sur ces différents éléments en un an. Ils vont de 45% pour les engrais et l’énergie, à 25% pour les aliments pour les animaux, 9% pour les semences et l’inflation normale pour les produits phytosanitaires. L’impact varie considérablement suivant les cultures et l’utilisation de ces différents intrants dans chacune d’entre elles. Les plus touchées dans leur prix de revient ont été les céréaliers et les cultures sous serres (fruits, légumes, fleurs). L’autre élément à prendre en compte pour savoir qui paye la note est la capacité à augmenter les prix à la vente car dans toute économie celui qui paye la note en fin de compte est toujours, à terme, le consommateur. Pour les produits dont l’équilibre offre/demande est déjà tendu comme le riz ou le blé dur pour les pâtes, le transfert du surcoût énergétique est rapide, pour d’autre, il est plus lent et là c’est l’agriculteur qui subit. Comment tout cela peut-il se rééquilibrer ? Par une baisse -forcée- de la consommation quand le prix nouveau est jugé excessif. C’est ce à quoi nous commençons à assister avec la baisse constatée de consommation de carburant dans de nombreux pays. Mais ce rééquilibrage ne sera durable que si son ampleur résulte en des modifications structurelles des équipements et modes de consommation, remplacement des "gros" véhicules par des plus petits par exemple. Malheureusement, pour tous ceux, très nombreux dans le monde, dont le seul achat journalier est l’indispensable nourriture, ils sont obligés de subir les hausses. Un exemple de l’impact des hausses du pétrole et de la dépendance de notre mode de vie de cette énergie..
Auteur :
çaDérange |
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire