par Christophe Auffray, ZDNet France. Publié le 11 janvier 2010
Pour justifier la mise en place de règles de confidentialité plus souples, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, invoque un changement de norme sociale. Les internautes seraient ainsi plus désireux de partager leurs données et donc moins soucieux de protéger leur vie privée.
Après le PDG de Google, Eric Schmidt, c'est au tour de celui de Facebook, Mark Zuckerberg, de s'en prendre à la protection de la vie privée. Si pour Eric Schmidt, le souci de préserver sa vie privée n'était une réalité que pour les criminels, selon Mark Zuckerberg ce n'est tout simplement plus la norme au sein des internautes.
« Les gens sont à l'aise, non seulement avec le fait de partager plus d'informations différentes, mais ils sont également plus ouverts, et à plus de personnes. La norme sociale a évoluée ces dernières années » a ainsi déclaré le PDG de Facebook a l'occasion d'une conférence organisée aux Etats-Unis.
Facebook accompagne la norme ou l'instaure ?
Ces propos sont une façon pour Mark Zuckerberg de justifier directement la récente évolution des paramètres de confidentialité sur le réseau social aux 350 millions d'utilisateurs. Par défaut, les nouvelles règles de Facebook ouvrent le partage de l'ensemble des informations à tous.
Des utilisateurs ont ainsi eu la mauvaise surprise de constater que des données autrefois à accès restreint étaient désormais consultables par un très grand nombre d'internautes. D'ailleurs, même s'il a publié un démenti, Mark Zuckerberg lui-même a été victime de ce nouveau paramétrage dénoncé par les associations de défense de la vie privée (qui ont déposé plainte devant la FTC).
Questionné par Michael Arrington de Techcrunch, Mark Zuckerberg juge cependant, sans évoquer la polémique, que la nouvelle norme est au partage des données et que Facebook se doit de se « mettre à jour pour refléter cette évolution des normes sociales actuelles. »
Une nouvelle norme sociale favorable économiquement à Facebook
L'intérêt économique de Facebook n'est toutefois pas étranger à cette tendance au partage imputée aux utilisateurs par Mark Zuckerberg. En rendant un plus grand volume de données accessible, le réseau social peut en effet espérer accroitre ses recettes publicitaires en multipliant le nombre de pages vues.
Facebook a ainsi signé un contrat avec Google et Microsoft afin d'indexer en temps réel les pages de profils publics (plus de 100 millions) du réseau social. Deux ans plus tôt, Mark Zuckerberg faisait pourtant de la protection de la vie privée l'ossature de Facebook. Ce n'est manifestement plus le cas à présent.
Pourtant si le PDG de Facebook invoque un changement de norme, il oublie que sa société a tenté en 2007, sans succès, de faire passer son programme de publicité ciblée : Beacon. Facebook a écopé d'un procès auquel il a mis fin en enterrant Beacon et en versant 9,5 millions de dollars en 2009. Le réseau social semble donc tenter de définir une nouvelle norme plutôt que de l'accompagner.
A ce titre, selon le journal anglais, The Telegraph, Facebook s'est même doté d'une équipe de lobbyistes chargés d'intervenir auprès des organes politiques à Bruxelles et aux Etats-Unis. En octobre dernier, le président de la CNIL, Alex Türk, faisait mention d'auditions des réseaux sociaux à Bruxelles et de sa volonté d'établir des règles. Facebook souhaite-t-il peser sur la définition de ces règles ?
2 commentaires:
Ah ben voilà ! C'est exactement pour ça que je ne suis pas inscrite sur Facebook. Parce que je ne sais pas si je suis une criminelle, mais je tiens carrément à ma vie privée !
la solution semble en effet d'une excessive simplicité...
Ne pas s'inscrire sur Facebook, dont l'humanité a pu se passer jusqu'à présent sans aucun problème...
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