lundi 6 septembre 2010, par Philippe Leymarie
On s’en souvient comme de la « bavure de Kunduz » : le 4 septembre 2009, à la demande du commandement du contingent de la Bundeswehr au nord-est de l’Afghanistan – le troisième, derrière Américains et Britanniques – une frappe aérienne de l’OTAN avait fait cent quarante deux morts, dont au moins une quarantaine de civils. Supposé viser des chefs talibans, ce bombardement avait détruit – a la suite d’une erreur d’appréciation – un convoi de camions-citernes au milieu de la population.
On s’en souvient comme de la « bavure de Kunduz » : le 4 septembre 2009, à la demande du commandement du contingent de la Bundeswehr au nord-est de l’Afghanistan – le troisième, derrière Américains et Britanniques – une frappe aérienne de l’OTAN avait fait cent quarante deux morts, dont au moins une quarantaine de civils. Supposé viser des chefs talibans, ce bombardement avait détruit – a la suite d’une erreur d’appréciation – un convoi de camions-citernes au milieu de la population.
A la mi-août, près d’un an après, l’armée allemande a versé 324 000 euros à 95 familles touchées par ce raid : chacune a touché 3 770 euros, au titre d’une « aide humanitaire », indique le ministère allemand de la défense. L’argent, « qui n’est pas une indemnisation au sens juridique », précise Berlin, est versé de manière « non bureaucratique », par le biais d’une banque afghane, sur des comptes « personnalisés », afin d’être « sûr qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains ».
La « bavure » avait soulevé un tollé en Afghanistan mais aussi en Allemagne, entraînant la démission du ministre de la Défense Franz Josef Jung, du chef d’état-major, le général Wolfgang Schneiderhan, et du secrétaire d’Etat à la Défense Peter Wichert, ainsi que la création d’une commission d’enquête parlementaire. Et surtout une perte de confiance dans les promesses du gouvernement allemand aux députés du Bundestag.
La Bundeswehr avait été critiquée l’an dernier par le commandant en chef de l’Isaf, le général Stanley McChrystal, pour son manque de présence au front. Berlin participe désormais à des combats dans sa zone de déploiement du nord du pays, mais n’a reconnu clairement être « en guerre » en Afghanistan que depuis quelques mois, à la suite d’une nouvelle série d’incidents graves.
Dans cette même ville, relativement calme jusqu’à la fin 2008, les talibans ont attaqué fin août un poste de police et tué huit agents afghans. Un attentat-suicide, samedi dernier, y a tué 4 policiers et 3 civils. La situation de Kunduz, selon une dépêche AFP [1], est « symptomatique de l’expansion de l’insurrection des talibans dans la quasi-totalité du pays, alors qu’elle se concentrait essentiellement dans le sud et l’est dans les premières années du conflit ».
La rentrée parlementaire à Berlin, la semaine prochaine, devrait être l’occasion pour les députés d’opposition de dénoncer une pratique que le député social-démocrate Hans-Peter Bartels considère comme « sur le principe problématique, sans succès et contre-productive ». Avant ces révélations, plus des deux tiers de la population – selon plusieurs sondages – exigeaient déjà un désengagement rapide et total de la Bundeswehr d’Afghanistan.
L’armée allemande s’apprête d’ailleurs à subir les plus profonds bouleversements de ses cinquante-cinq ans d’existence. Karl-Theodor zu Guttenberg, le ministre de la Défense, veut non seulement suspendre le service militaire obligatoire, mais aussi réduire d’un tiers les effectifs de l’armée, et supprimer ou réduire une série de programmes d’équipement.
La « bavure » avait soulevé un tollé en Afghanistan mais aussi en Allemagne, entraînant la démission du ministre de la Défense Franz Josef Jung, du chef d’état-major, le général Wolfgang Schneiderhan, et du secrétaire d’Etat à la Défense Peter Wichert, ainsi que la création d’une commission d’enquête parlementaire. Et surtout une perte de confiance dans les promesses du gouvernement allemand aux députés du Bundestag.
Pacifisme officiel
En principe, les soldats de la Bundeswehr, affectés en majorité dès la création de l’ISAF à une zone considérée comme « sûre », au nord du pays, devaient s’investir essentiellement dans des tâches de développement, et limiter leurs actions armées à une réplique en cas d’attaque, pour assurer leur propre sécurité. Une posture conforme, en théorie, au « pacifisme » qui est la ligne officielle en Allemagne, depuis la reconstruction d’une armée suite à la défaite du Reich.La Bundeswehr avait été critiquée l’an dernier par le commandant en chef de l’Isaf, le général Stanley McChrystal, pour son manque de présence au front. Berlin participe désormais à des combats dans sa zone de déploiement du nord du pays, mais n’a reconnu clairement être « en guerre » en Afghanistan que depuis quelques mois, à la suite d’une nouvelle série d’incidents graves.
Expansion de l’insurrection
Ainsi, rendus nerveux le 2 avril dernier par la mort de trois de ses soldats, lors d’une attaque des talibans, des hommes de la Bundeswehr avaient tué par erreur six soldats afghans près de Kunduz – une nouvelle « bavure ». L’armée allemande avait perdu quatre hommes à nouveau à la mi-avril. En juillet dernier, des insurgés ont attaqué le bataillon allemand d’instruction et de protection (ASB) déployé à Kunduz, mais sans faire de victimes.Dans cette même ville, relativement calme jusqu’à la fin 2008, les talibans ont attaqué fin août un poste de police et tué huit agents afghans. Un attentat-suicide, samedi dernier, y a tué 4 policiers et 3 civils. La situation de Kunduz, selon une dépêche AFP [1], est « symptomatique de l’expansion de l’insurrection des talibans dans la quasi-totalité du pays, alors qu’elle se concentrait essentiellement dans le sud et l’est dans les premières années du conflit ».
Opérations ciblées
Les documents internes de l’OTAN sur son intervention en Afghanistan, révélés fin juillet par le site Wikileaks, ont fait rebondir la polémique en Allemagne : ils indiquent que la Bundeswehr participe aux « opérations ciblées » (liste de personnes à éliminer) initiées par le commandement américain.La rentrée parlementaire à Berlin, la semaine prochaine, devrait être l’occasion pour les députés d’opposition de dénoncer une pratique que le député social-démocrate Hans-Peter Bartels considère comme « sur le principe problématique, sans succès et contre-productive ». Avant ces révélations, plus des deux tiers de la population – selon plusieurs sondages – exigeaient déjà un désengagement rapide et total de la Bundeswehr d’Afghanistan.
L’armée allemande s’apprête d’ailleurs à subir les plus profonds bouleversements de ses cinquante-cinq ans d’existence. Karl-Theodor zu Guttenberg, le ministre de la Défense, veut non seulement suspendre le service militaire obligatoire, mais aussi réduire d’un tiers les effectifs de l’armée, et supprimer ou réduire une série de programmes d’équipement.
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