http://www.collapsemovie.com
par Martin Gignac
PERMALINK
Place à l'excellent documentaire «Collapse» qui suit les théories d'un illuminé paranoïaque... ou d'un génial visionnaire.
Qui est Michael Ruppert? C'est un ancien flic de la région de Los Angeles et un journaliste en herbe qui prend un malin plaisir à décortiquer le monde actuel. De son propre aveu, il avait prédit la présente crise économique et il annonce maintenant quelques calamités futures. L'avenir n'est pas rose, et les problèmes d'hier et d'aujourd'hui risquent de peser beaucoup dans l'appréhension de demain.
Le documentaire contemporain suit quelques voies tracées par des figures aussi populaires que Michael Moore et Raymond Depardon. Un des maîtres en la matière demeure Errol Morris, qui a signé de brillants ouvrages comme «The Thin Blue Line», «The Fog of War» et «Standard Operating Procedure». Son rythme est actif sans être tape-à-l'oeil, multipliant les sources d'informations (archives, télévision, Internet, etc.) et les commentaires musclés. Une avalanche de mots qui existent pour mettre à jour une thématique ou une problématique dans une démonstration implacable qui maintient constamment l'intérêt.
C'est justement dans cette perspective que se dessine ce pertinent «Collapse». L'hommage est sincère et senti sans être maniéré ou opportuniste. Il s'exprime jusque dans les choix musicaux du tandem Didier Leplae et Joe Wong qui n'hésitent pas à s'inspirer fortement du travail de Philip Glass et de Danny Elfman. Retournant aux «faits» après sa remarquable fiction «The Pool» qui s'avérait nettement plus intéressante et poignante que le surestimé «Slumdog Millionaire», Chris Smith n'a pas pour autant renouer avec l'esthétisme de ses précédents «The Big One» et «American Movie», si ce n'est dans sa façon de donner la parole à des êtres marginalisés. Il le fait à nouveau en s'arrangeant pour meubler les temps morts, rendant cinématographique un sujet qui l'est difficilement.
La seule version de Ruppert est présentée et ce n'est pas un hasard. Le cinéaste veut confronter le spectateur, l'obligeant à analyser les dires de sa source afin de déterminer si cela a du sens ou non. Un exercice qui pourrait s'avérer périlleux si le cinéphile veut seulement se divertir (pour cela, «Avatar» est toujours à l'affiche), mais qui devient un rare oasis en ces temps obscurs où la politique, l'économie et l'environnement sont éclipsés par les désastres à Haïti, la dernière saison de «Lost» ou les déboires des Canadiens de Montréal.
Traitant intelligemment son sujet, le montrant avec nuances, trouvant même un moyen de créer une brèche dans son jardin secret pour mieux revenir aux exposés en place, Chris Smith a réussi à soutirer le maximum de son intervenant controversé, dont les discours radicaux risquent de beaucoup faire parler dans les chaumières. Selon les yeux de Michael Ruppert, l'humanité semble courir à sa perte, et ses dires, apocalyptiques, en font un des ouvrages les plus horrifiques des dernières années, en compagnie de «An Inconvenient Truth» et la prémisse de «The Age of Stupid». Lorsque ce sont les documentaires qui font peur, il y a nécessairement anguille sous roche.
DIRECT LINK : Collapse (Vostfr)
par Martin Gignac
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Place à l'excellent documentaire «Collapse» qui suit les théories d'un illuminé paranoïaque... ou d'un génial visionnaire.
Qui est Michael Ruppert? C'est un ancien flic de la région de Los Angeles et un journaliste en herbe qui prend un malin plaisir à décortiquer le monde actuel. De son propre aveu, il avait prédit la présente crise économique et il annonce maintenant quelques calamités futures. L'avenir n'est pas rose, et les problèmes d'hier et d'aujourd'hui risquent de peser beaucoup dans l'appréhension de demain.
Le documentaire contemporain suit quelques voies tracées par des figures aussi populaires que Michael Moore et Raymond Depardon. Un des maîtres en la matière demeure Errol Morris, qui a signé de brillants ouvrages comme «The Thin Blue Line», «The Fog of War» et «Standard Operating Procedure». Son rythme est actif sans être tape-à-l'oeil, multipliant les sources d'informations (archives, télévision, Internet, etc.) et les commentaires musclés. Une avalanche de mots qui existent pour mettre à jour une thématique ou une problématique dans une démonstration implacable qui maintient constamment l'intérêt.
C'est justement dans cette perspective que se dessine ce pertinent «Collapse». L'hommage est sincère et senti sans être maniéré ou opportuniste. Il s'exprime jusque dans les choix musicaux du tandem Didier Leplae et Joe Wong qui n'hésitent pas à s'inspirer fortement du travail de Philip Glass et de Danny Elfman. Retournant aux «faits» après sa remarquable fiction «The Pool» qui s'avérait nettement plus intéressante et poignante que le surestimé «Slumdog Millionaire», Chris Smith n'a pas pour autant renouer avec l'esthétisme de ses précédents «The Big One» et «American Movie», si ce n'est dans sa façon de donner la parole à des êtres marginalisés. Il le fait à nouveau en s'arrangeant pour meubler les temps morts, rendant cinématographique un sujet qui l'est difficilement.
La seule version de Ruppert est présentée et ce n'est pas un hasard. Le cinéaste veut confronter le spectateur, l'obligeant à analyser les dires de sa source afin de déterminer si cela a du sens ou non. Un exercice qui pourrait s'avérer périlleux si le cinéphile veut seulement se divertir (pour cela, «Avatar» est toujours à l'affiche), mais qui devient un rare oasis en ces temps obscurs où la politique, l'économie et l'environnement sont éclipsés par les désastres à Haïti, la dernière saison de «Lost» ou les déboires des Canadiens de Montréal.
Traitant intelligemment son sujet, le montrant avec nuances, trouvant même un moyen de créer une brèche dans son jardin secret pour mieux revenir aux exposés en place, Chris Smith a réussi à soutirer le maximum de son intervenant controversé, dont les discours radicaux risquent de beaucoup faire parler dans les chaumières. Selon les yeux de Michael Ruppert, l'humanité semble courir à sa perte, et ses dires, apocalyptiques, en font un des ouvrages les plus horrifiques des dernières années, en compagnie de «An Inconvenient Truth» et la prémisse de «The Age of Stupid». Lorsque ce sont les documentaires qui font peur, il y a nécessairement anguille sous roche.
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