http://www.earthlingmusic.co.uk
Origine du Groupe : U.K
Style : Trip Hop , Downtempo , Abstract Hip Hop , Alternative
Sortie : 2010
Par http://www.indierockmag.com
George Cockcroft n’est pas le seul homme à avoir été ivre. Sans doute pas le seul non plus à avoir alors laissé le hasard guider l’une de ses décisions. Il est en revanche le seul à avoir poussé
le paroxysme aussi loin...
L’histoire d’Earthling est étroitement liée à celle de George Cockcroft. Docteur en psychiatrie, l’histoire de ce dernier commença véritablement lorsque ivre, il laissa un dé guider l’une de ses
décisions. Et là où n’importe quel autre individu aurait, dès le lendemain, abandonné cette grotesque idée, l’américain étend ce rituel à chacun de ses choix.
Attribuant une humeur à chaque résultat possible, il est alors branché sur courant alternatif, tantôt taciturne, tantôt prolixe selon la volonté du dé. Cette méthode lui sert également à l’heure
d’effectuer ses diagnostics (rappelons que l’individu est psychiatre) ou dans ses choix de couple. Un jour, les dés lui dicteront même d’écrire son autobiographie. L’Homme-Dé sera ainsi publié en
1971 sous le pseudonyme de Luke Rhinehart (un nom qu’on imagine dicté par le cube).
Vingt ans plus tard, au début des années 90, Tim Saul est un jeune musicien qui a appris à jongler avec les sons au côté d’un certain Geoff Barrow, fils d’amis de la famille. Désireux de voir
plus grand, il passe une annonce où il indique chercher un rappeur imaginatif. Mau, se définissant lui-même comme "un gosse de la bourgeoisie noire" et vivant comme un ermite (ses parents lui
interdisaient l’accès aux cités ouvrières) répond, pessimiste, à l’annonce. "Depuis des mois, je ne rencontrais que des musiciens idiots" explique-t-il. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci.
Censés parler musique, c’est autour de L’Homme-Dé de Luke Rhinehart que la conversation tourne. Les deux jeunes anglais ont tous les deux adoré le roman, se trouvent ainsi un premier point commun
et quand arrive le petit matin, le duo a déjà enregistré son premier titre...
Après avoir travaillé sur Dummy aux côtés des membres de Portishead, T Saul reprend son travail de création. Et Radar, le premier album d’Earthling, sortira en 1995. Andy Keep a alors rejoint le
groupe, et Geoff Barrow, avec sa guitare et ses scratchs, s’invite sur quelques titres. Le deuxième album se prépare tranquillement, Mau confie d’ailleurs que l’ambiance en studio est au beau
fixe ("Nous avons tellement d’idées en stock qu’il est facile d’écarter un morceau dont l’un de nous ne serait pas heureux. Ça interdit les luttes d’ego.").
Humandust est ainsi finalisé en 1997, mais la maison de disques du groupe refuse de sortir l’album. L’avenir d’Earthling se joue alors sur un coup de dé (en espérant que les membres du label
n’aient pas usé des mêmes méthodes que celles prônées par Luke Rhinehart) puisque cette décision entraîne la rupture du groupe. Humandust, plus froid et mature que son prédécesseur, finira par
sortir en 2004. A cette époque, Andy Keep était totalement impliqué dans Ming, projet trip-hop avec la chanteuse Jo-Kate Benson, tandis que T Saul s’était lancé dans la création de musiques pour
documentaires. Mau, de son côté, apportait ici et là sa contribution vocale, que ce soit pour le compte de Cuba, 2 Square, Télépopmusik ou Dirty Beatniks...
L’étonnante reformation d’Earthling (sans Andy Keep, au début du mois de décembre 2010 devait donc être l’occasion de rendre hommage à ce groupe qui, sans une décision hasardeuse de son label,
figurerait sans doute au panthéon des groupes bristoliens, aux côtés de Massive Attack, Tricky ou Portishead. Mais Insomniacs’ Ball, le nouvel album du groupe, nous offre la certitude qu’il ne
s’agit pas là d’un coup médiatique, ni commercial. Earthling a encore des choses à dire, le flow de Mau (rappelant parfois celui de Tricky en moins nonchalant) est toujours aussi efficace, tandis
que l’escapade du côté du film documentaire a permis à T Saul d’étoffer son registre.
Pourtant, alors que Portishead s’exprime dans une veine plus industrielle et que les compositions de Massive Attack n’ont, depuis Mezzanine, plus grand chose à voir avec le trip-hop initial,
Earthling persiste dans la même veine. Et si le retour aux sources de certains piliers du mouvement, comme celui de Morcheeba sur Blood Like Lemonade n’innove en rien, les compositions de Tim
Saul abritent quelques bruits et rythmes difficilement identifiables.
En vérité, Insomniacs’ Ball reprend les choses où elles s’étaient arrêtées sur Humandust. L’album est froid et crépusculaire. Le flow de Mau contribue également à le rendre dynamique. Et ceci
accouche de quelques sommets rarement égalés dans la discographie du groupe (A Great Year for Shadows, Bobby X, Harp for Bats, Peepholes...). Difficile de ne pas citer la totalité de l’album, en
fin de compte, une fois celui-ci appréhendé.
Car Insomniacs’ Ball est un disque intelligent, qui se bonifie au gré des écoutes. Tim Saul n’apprécie guère ces histoires de "son de Bristol", justifiant la similitude entre son groupe et
Portishead par l’emploi commun d’accords mineurs. Paradoxalement, c’est pourtant son groupe qui, aujourd’hui, réhabilite totalement ce son...
Quand à Andy Keep, troisième membre de la formation, il est désormais enseignant à l’Université de Bath Spa où il se fait appeler "Docteur Andy Keep". Docteur, comme Luke Rhinehart...
Tracklist :
1.Lab Baby 03:20
2.A Great Year for Shadows 03:34
3.Poems,Prayers & Pills 03:03
4.Gri Gri 03:37
5.Fly Away 05:07
6.Bobby X 03:46
7.Harp for Bats 03:46
8.In the Sky 03:00
9.Peepholes 03:20
10.Branded Youth 03:04
released 01 January 2011
All Words & Vocals by Mau, except Fly Away by Julee Cruise.
All tracks Mixed by Kosi & T.Saul in Studio Koslik, Berlin & Produced by T.Saul.
Rik Dowding was the engineer at S.O.A.Studios, Bristol.
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