par Manlio Dinucci *
pour http://www.voltairenet.org
Chaque État membre du Conseil de coopération du Golfe est invité à contribuer à la contre-révolution arabe. En ce qui les concernent, les Émirats arabes unis, qui ont déjà fourni un contingent de policiers pour réprimer les manifestations à Bahreïn, vont constituer une armée secrète. Pour cela, ils se sont tournés vers la société de mercenaires Xe (ex-Blackwater).
À Abu Dhabi, Erick Prince a conclu, sans apparaître personnellement mais à travers la joint-venture Reflex Responses, un premier contrat de 529 millions de dollars (l’original, daté du 13 juillet 2010, a été récemment rendu public par le New York Times) [1]. Sur cette base a commencé dans divers pays (Afrique du Sud, Colombie et autres) le recrutement de mercenaires pour constituer un premier bataillon de 800 hommes. Ils sont entraînés aux Émirats par des spécialistes étasuniens, britanniques, français et allemands, provenant de forces spéciales et de services secrets. Ceux-ci sont payés 200 à 300 000 dollars par an, et les recrues 150 dollars par jour. Une fois prouvée l’efficience du bataillon dans une « action réelle », Abu Dhabi financera avec des milliards de dollars la mise sur pied d’une brigade entière de plusieurs milliers de mercenaires. On prévoit de construire aux Émirats un camp d’entraînement analogue à celui en fonction aux États-Unis.
Le principal appui de ce projet est le prince héritier d’Abu Dhabi, Sheik Mohamed bin Zayed al-Nahyan, formé à l’académie militaire britannique Sandhurst et homme de confiance du Pentagone, fauteur d’une action militaire contre l’Iran. Le prince et son ami Erick Prince ne sont cependant que les exécutants du projet, qui a sûrement été décidé dans les hautes sphères de Washington. Son but réel est révélé par les documents cités dans le New York Times : l’armée qui est en train d’être formée aux Émirats conduira « des missions opérationnelles spéciales pour réprimer des révoltes intérieures, du type de celles qui sont en train de secouer le monde arabe cette année ».
L’armée de mercenaires sera donc utilisée pour réprimer les révoltes populaires dans les monarchies du Golfe, avec des interventions comme celle qui a été menée en mars par les troupes des Émirats, du Qatar et de l’Arabie saoudite au Bahrein où on a écrasé dans le sang la demande populaire de démocratie. « Des missions opérationnelles spéciales » seront effectuées par l’armée secrète dans des pays comme l’Égypte et la Tunisie, pour briser les mouvements populaires et faire en sorte que le pouvoir reste entre les mains des gouvernements garants des intérêts des États-Unis et des plus grandes puissances européennes. Et en Libye aussi, où le plan USA/OTAN prévoit sûrement l’envoi de troupes européennes et arabes pour fournir « l’aide humanitaire aux civils libyens ». Quel que soit le scénario —soit une Libye « balkanisée » divisée en deux territoires opposés dirigés par Tripoli et Benghazi, soit une situation de type irako-afghan à la suite du renversement du gouvernement de Tripoli— l’utilisation de l’armée secrète de mercenaires s’annonce : pour protéger les implantations pétrolières qui sont de fait aux mains des compagnies étasuniennes et européennes, pour éliminer des adversaires, pour garder le pays dans un état de faiblesse et de division. Ce sont les « solutions innovantes » que Xe Services (ex Blackwater), dans son auto présentation, se vante de fournir au gouvernement étasunien.
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Chaque État membre du Conseil de coopération du Golfe est invité à contribuer à la contre-révolution arabe. En ce qui les concernent, les Émirats arabes unis, qui ont déjà fourni un contingent de policiers pour réprimer les manifestations à Bahreïn, vont constituer une armée secrète. Pour cela, ils se sont tournés vers la société de mercenaires Xe (ex-Blackwater).
- Vue satellitaire de la base d’entraînement en construction de Xe aux Emirats.
À Abu Dhabi, Erick Prince a conclu, sans apparaître personnellement mais à travers la joint-venture Reflex Responses, un premier contrat de 529 millions de dollars (l’original, daté du 13 juillet 2010, a été récemment rendu public par le New York Times) [1]. Sur cette base a commencé dans divers pays (Afrique du Sud, Colombie et autres) le recrutement de mercenaires pour constituer un premier bataillon de 800 hommes. Ils sont entraînés aux Émirats par des spécialistes étasuniens, britanniques, français et allemands, provenant de forces spéciales et de services secrets. Ceux-ci sont payés 200 à 300 000 dollars par an, et les recrues 150 dollars par jour. Une fois prouvée l’efficience du bataillon dans une « action réelle », Abu Dhabi financera avec des milliards de dollars la mise sur pied d’une brigade entière de plusieurs milliers de mercenaires. On prévoit de construire aux Émirats un camp d’entraînement analogue à celui en fonction aux États-Unis.
Le principal appui de ce projet est le prince héritier d’Abu Dhabi, Sheik Mohamed bin Zayed al-Nahyan, formé à l’académie militaire britannique Sandhurst et homme de confiance du Pentagone, fauteur d’une action militaire contre l’Iran. Le prince et son ami Erick Prince ne sont cependant que les exécutants du projet, qui a sûrement été décidé dans les hautes sphères de Washington. Son but réel est révélé par les documents cités dans le New York Times : l’armée qui est en train d’être formée aux Émirats conduira « des missions opérationnelles spéciales pour réprimer des révoltes intérieures, du type de celles qui sont en train de secouer le monde arabe cette année ».
L’armée de mercenaires sera donc utilisée pour réprimer les révoltes populaires dans les monarchies du Golfe, avec des interventions comme celle qui a été menée en mars par les troupes des Émirats, du Qatar et de l’Arabie saoudite au Bahrein où on a écrasé dans le sang la demande populaire de démocratie. « Des missions opérationnelles spéciales » seront effectuées par l’armée secrète dans des pays comme l’Égypte et la Tunisie, pour briser les mouvements populaires et faire en sorte que le pouvoir reste entre les mains des gouvernements garants des intérêts des États-Unis et des plus grandes puissances européennes. Et en Libye aussi, où le plan USA/OTAN prévoit sûrement l’envoi de troupes européennes et arabes pour fournir « l’aide humanitaire aux civils libyens ». Quel que soit le scénario —soit une Libye « balkanisée » divisée en deux territoires opposés dirigés par Tripoli et Benghazi, soit une situation de type irako-afghan à la suite du renversement du gouvernement de Tripoli— l’utilisation de l’armée secrète de mercenaires s’annonce : pour protéger les implantations pétrolières qui sont de fait aux mains des compagnies étasuniennes et européennes, pour éliminer des adversaires, pour garder le pays dans un état de faiblesse et de division. Ce sont les « solutions innovantes » que Xe Services (ex Blackwater), dans son auto présentation, se vante de fournir au gouvernement étasunien.
Documents joints
Contrat de Reflex Responses (société écran de Xe) aux Emirats arabes unis. (PDF - 6 Mo) |
Manlio Dinucci Géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Geograficamente. Per la Scuola media (3 vol.), Zanichelli (2008) ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, DeriveApprodi (2005). Les articles de cet auteur Envoyer un message Traduction Marie-Ange Patrizio Les articles de cet auteur Envoyer un message Source Il Manifesto (Italie) Les articles de cet auteur |
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