Par Pierre Leibovici 11 Mai 2012 pour http://owni.fr
Depuis ce 10 mai au soir, des Anonymous attaquent les sites de plusieurs multinationales au titre de leur implication dans le commerce d'un minerai rare en Afrique, particulièrement recherché par les fabricants de téléphones mobiles et l'industrie de la chimie. Sony, Bayer, Samsung et LG sont visés et certains de leurs sites tombent tour à tour. En Afrique centrale, les rivalités pour contrôler l'extraction de ce minerai sont à l'origine de plusieurs conflits armés.
Le 3 mai, “l’Opération Green Rights” connaît un nouveau souffle. Cette méga-opération rassemble des personnes se revendiquant d’Anonymous et faisant des risques environnementaux le dénominateur commun de leurs actions numériques, les fameuses attaques par déni de service consistant à bombarder un site web de requêtes pour le rendre inaccessible. C’est d’ailleurs dans le cadre de “l’Opération Green Rights” que le site Internet d’EDF avait été attaqué au printemps 2011, donnant lieu à l’arrestation de trois Anonymous présumés que nous avions décryptée sur OWNI. Au nom donc des droits verts, le collectif d’hacktivistes annonce son intention de “faire tomber” les sites des “seigneurs du coltan”. Rapidement, un pad – document web public et collaboratif – est élaboré pour préparer l’attaque. En marge des données géographiques et démographiques de la RDC, des Anonymous décrivent sommairement les conditions de vie des mineurs et de leurs familles. Le principe : mobiliser les consciences en allant au plus simple. Mais leurs affirmations – sensationnelles – manquent parfois de preuves :
Des diverses entreprises contactées par OWNI, Bayer est la seule à s’être exprimée sur ces attaques pour le moment :
Illutrations via Anonymous /-)
Depuis ce 10 mai au soir, des Anonymous attaquent les sites de plusieurs multinationales au titre de leur implication dans le commerce d'un minerai rare en Afrique, particulièrement recherché par les fabricants de téléphones mobiles et l'industrie de la chimie. Sony, Bayer, Samsung et LG sont visés et certains de leurs sites tombent tour à tour. En Afrique centrale, les rivalités pour contrôler l'extraction de ce minerai sont à l'origine de plusieurs conflits armés.
L’avidité occidentale frappe le Congo dans un conflit inhumain, le pire qu’ait connu le pays depuis l’an 800. Aux seigneurs de l’industrie et aux banques : vous détruisez l’environnement, vous condamnez l’espèce humaine en la réduisant à l’escavage. Come on Anons !!!Le cri de ralliement est lancé. L’assaut, imminent, virtuel et pacifique. Pas de doute : une nouvelle salve d’attaques informatiques revendiquées par des Anonymous est en cours depuis moins de 24 heures. Baptisée “Opération coltan” (du nom de ce minerai indispensable à l’industrie des téléphones mobiles ou de la chimie), la dernière manifestation du collectif d’hacktivistes s’envole cette fois pour la République démocratique du Congo (RDC). Et s’en prend à des multinationales telles Sony, LG, Samsung ou encore Bayer. La revendication est nouvelle, cependant. Selon un communiqué publié sur un blog apparenté, Anonymous entend mettre au jour le “trafic de coltan” orchestré par les dites multinationales en RDC. Le coltan, aussi appelé “or gris”, est l’un des quatre “minerais de conflit” désignés comme tels par le Dodd Frank Act, la réforme de Wall Street adoptée par le Congrès américain en 2010. Il appartient au nombre de ces ressources naturelles dont le contrôle est devenu un enjeu économique si grand qu’il nourrit des affrontements entre milices armées. Notamment en RDC, qui concentre à elle seule trois quarts des réserves mondiales de coltan. Si la ruée vers l’or gris date de la fin des années 1990, le coltan est devenu indispensable ces dernières années, pour l’industrie, et pour les consommateurs de téléphones et ordinateurs portables. C’est en effet à partir du coltan qu’est extrait un métal aux propriétés uniques, le tantale, présent dans la plupart des appareils électroniques. Le tantale est par ailleurs très prisé des industries aérospatiale et chimique pour sa grande malléabilité.
Seigneurs du coltan
Fin avril 2012, le ministre des Mines de la province du Nord Kivu alerte sur un regain de violences entre les milices de l’Est de la République démocratique du Congo. La mise en garde est prise au sérieux par les États-Unis, l’Allemagne et la Chine, qui perçoivent la région comme le point névralgique de leurs intérêts stratégiques en Afrique. Lentement mais sûrement, la bataille du coltan est à nouveau médiatisée aux États-Unis. Des hacktivistes s’en emparent.Le 3 mai, “l’Opération Green Rights” connaît un nouveau souffle. Cette méga-opération rassemble des personnes se revendiquant d’Anonymous et faisant des risques environnementaux le dénominateur commun de leurs actions numériques, les fameuses attaques par déni de service consistant à bombarder un site web de requêtes pour le rendre inaccessible. C’est d’ailleurs dans le cadre de “l’Opération Green Rights” que le site Internet d’EDF avait été attaqué au printemps 2011, donnant lieu à l’arrestation de trois Anonymous présumés que nous avions décryptée sur OWNI. Au nom donc des droits verts, le collectif d’hacktivistes annonce son intention de “faire tomber” les sites des “seigneurs du coltan”. Rapidement, un pad – document web public et collaboratif – est élaboré pour préparer l’attaque. En marge des données géographiques et démographiques de la RDC, des Anonymous décrivent sommairement les conditions de vie des mineurs et de leurs familles. Le principe : mobiliser les consciences en allant au plus simple. Mais leurs affirmations – sensationnelles – manquent parfois de preuves :
Conséquences de cette situation [l’exploitation illégale du coltan, NDLR] : - Les jeunes filles et les jeunes garçons ne vont pas à l’école - Chaque kilo de coltan extrait coûte la vie à deux enfants - Les familles dorment et s’alimentent dans les forêts des montagnes alentours - La population d’éléphants a diminué de 80% - La population de gorilles a chuté de 90%Et ça marche. Le 10 mai au soir, la première attaque est lancée contre le site Sony Mobile, le portail du groupe consacré à la téléphonie mobile. Sur un canal IRC – une interface de chat anonyme – dédié, les hacktivistes s’échangent des informations sur des failles découvertes sur le site de Sony. Avant de lancer leur fameux outil d’attaque, LOIC, un logiciel permettant de surcharger de requêtes un serveur hébergeant un site Internet. Ultime raffinement, les Anonymous impliqués ont ici utilisé une version navigateur de LOIC, c’est-à-dire sans passer par un logiciel mais en créant un mini-site qui possède les mêmes fonctionnalités que LOIC. En trente lignes de code informatique, les hacktivistes créent un système tel que tout utilisateur qui se connecte sur la page Web envoie 16 requêtes à la seconde sur une cible, hier Sony, ce matin LG et Bayer. Succès :
Le Sud de l’hémisphère
Cette coordination d’attaques, qui devraient se poursuivre jusque tard dans la nuit du 12 mai, illustre en tout cas un nouveau rapport de force parmi les Anonymous sensibles aux causes écologistes. À l’origine, “l’Opération Green Rights” a été créée par des Italiens, et a donc surtout rassemblé des hacktivistes venus d’Europe, France et Allemagne en tête. Le spectaculaire coup de filet des forces de police italiennes intervenu à l’été 2011 pour arrêter une quinzaine de membres d’Anonymous a rebattu les cartes de l’hacktivisme environnemental. Reprise par les Américains et les Canadiens dans le combat contre les sables bitumineux, la bannière “Opération Green Rights” est depuis largement utilisée par des internautes venus d’Amérique du Sud. Les industries minières sud-américaines ont ainsi été visées par plusieurs vagues d’attaques au cours du mois de février 2012, alors même qu’Anonymous Venezuela et Anonymous Columbia voyaient leurs rangs grossir. “L’Opération Coltan” semble justement avoir été déclenchée par Anonymous Columbia, comme en atteste cette vidéo, publiée pour l’occasion :Plusieurs sites Internet du Groupe Bayer (Portugal, Pays-Bas, Afrique du Sud) font actuellement l’objet d’attaques et plusieurs ont été désactivés pour des raisons de sécurité. (…) Anonymous a revendiqué ces attaques, au nom de l’implication supposée du Groupe Bayer dans le commerce du coltan au Congo. Ces allégations datent de plus de dix ans et sont sans fondement. À la suite d’une enquête, les Nations Unies ont retiré toutes leurs accusations à l’encontre du Groupe Bayer en 2003.Dans la foulée de cette enquête, d’ailleurs, le Groupe Bayer avait estimé opportun de préciser dans son rapport annuel sur le développement durable 2004 qu’il finançait le Dian Fossey Gorilla Fund, un “projet visant à aider les habitants de l’Est de l’Afrique centrale à pratiquer l’extraction des ressources naturelles en cohérence avec l’environnement”. Et de poursuivre dans le même rapport :
Plusieurs organisations environnementales ont appelé à un moratoire international sur les exportations de la région pour mettre fin aux activités illégales comme l’extraction minière dans les parcs nationaux. D’autres organisations, dont le Dian Fossey Gorilla Fund, considèrent de telles mesures comme inappropriées, particulièrement pour des raisons humanitaires, puisqu’elles élimineraient une importante source de revenus pour les populations locales. En cas de moratoire, les organisations craignent que ces populations soient contraintes de se nourrir dans les parcs nationaux (…), ce qui entraînerait sûrement l’extinction permanente de plusieurs espèces en danger.
Illutrations via Anonymous /-)
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