samedi 29 août 2009

Saddam Hussein parle

The National Security Archive a publié le 1er juillet vingt interviews et cinq conversations avec le « détenu » Saddam Hussein, « Saddam Hussein Talks to the FBI ». Ces interrogatoires ont eu lieu durant l’année 2004. Il faut évidemment les prendre avec la prudence qu’exige la situation de Saddam, à l’époque prisonnier des forces américaines. Ils sont cependant intéressants et éclairent certains traits de sa politique.

Avant d’y revenir, notons d’autres articles sur le même site, articles qui indiquent aux Etats-Unis un degré de transparence que l’on aimerait bien trouver en France ou en Europe. L’accès à des documents officiels et secrets y est beaucoup plus large.

En août 2002, un document présenté à George W. Bush et Richard Cheney sur l’invasion de l’Irak prévoyait qu’il n’y aurait plus que 5 000 soldats américains dans ce pays en décembre 2006 (« Iraq War Plan Assumed Only 5,000 U.S. Troops Still There by December 2006 »).

Un autre texte, « State Department experts warned CENTCOM before Iraq war about lack of plans for post-war Iraq security - Planning for post-Saddam regime change began as early as October 2001 », explique qu’il n’existait aucun plan pour l’après-guerre en Irak et que les Etats-Unis se sont préparés à l’invasion de ce pays dès octobre 2001.

Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire irakienne récente trouveront là une masse d’informations de première main. Notons toutefois qu’un document est totalement censuré, celui du 1er mai. D’autre part, il est clair, selon la présentation, que tous les documents n’ont pas été transmis aux archives. « Ne sont pas incluses, notent les rédacteurs de la présentation, des questions particulièrement importantes pour ceux qui étudient les relations compliquées entre l’Irak et les Etats-Unis – notamment, le rôle de la CIA dans l’ascension du parti Baas au pouvoir, l’alliance complexe entre les Etats-Unis et l’Irak durant la guerre irano-irakienne et le point de vue des Etats-Unis sur l’utilisation par l’Irak d’armes chimiques durant ce conflit, alors que Washington avait connaissance de leur utilisation contre les Iraniens et contre les Kurdes ».

Revenons aux interrogatoires de Saddam Hussein. Il faudrait évidemment les décrypter tous, mais voici quelques éléments intéressants.

Dans son entretien du 7 février, l’ancien président affirme que ses plus grands succès concernent le développement social des citoyens irakiens, notamment l’école et les hôpitaux, ainsi que les divers secteurs de l’économie. Il dit que, en 1968 (date de la prise du pouvoir par le Baas), le peuple irakien n’avait pratiquement rien. Après avoir expliqué qu’il ne craint pas le jugement de son peuple ni de l’histoire, il dit, à plusieurs reprises, qu’il ne craint que le jugement de Dieu. Parmi ses succès, il note l’accord avec les Kurdes en 1970, la nationalisation du pétrole en 1972, le soutien à l’Egypte et à la Syrie durant la guerre de 1973 contre Israël, la survie de son pays après la guerre contre l’Iran et la guerre de 1990-1991, malgré un boycott qui aura duré plus de treize ans.

Dans son interrogatoire du 8 février, il revient sur la guerre avec l’Iran, en prétendant que celle-ci n’a pas commencé le 22 septembre 1980, comme le disent les Iraniens, mais le 4 septembre, par une série de provocations iraniennes, d’ingérences de l’Iran dans les affaires intérieures de l’Irak. Selon lui, Khomeiny pensait qu’il pourrait se débarrasser facilement des dirigeants irakiens comme il s’était défait du shah ; d’autre part, il voulait se venger d’avoir été expulsé d’Irak dans les années 1970. Interrogé sur l’usage d’armes chimiques par son armée, il a refusé de répondre, affirmant simplement qu’il n’était pas en train de perdre en 1984-1986 (quand ces armes ont été utilisées). Il affirme ensuite que l’Iran a utilisé des armes chimiques, mais refuse toujours de répondre pour l’Irak.

Dans la session du 10 février, Saddam Hussein répond surtout sur la Palestine et sur le conflit israélo-arabe. Il revient sur l’aide de Bagdad aux mouvements palestiniens.

La quatrième session se déroule le 13 février. S. H. nie absolument avoir utilisé des doublures comme les médias l’ont souvent rapporté. Puis l’interrogatoire porte sur les résolutions des Nations unies qui ont suivi la guerre de 1990-1991, et notamment l’obligation pour l’Irak de détruire ses armes de destruction massive. S. H. reconnaît qu’il a eu tort de détruire certaines de ces armes en l’absence d’inspecteurs de l’ONU. Il affirme que le président Bush aurait demandé une réunion sur un bateau après la guerre de 1991 pour recevoir la capitulation irakienne (comme cela s’était passé avec le Japon en 1945) et qu’il aurait refusé. A propos des inspections et de son refus de leur laisser visiter certains lieux, S. H. répond que les Etats-Unis ont utilisé des armes chimiques au Vietnam mais qu’ils ne permettraient jamais à des inspecteurs irakiens de fouiller la Maison Blanche. C’est une affaire d’honneur, explique-t-il.

La session du 15 février est consacrée à la prise de pouvoir du parti Baas en 1968. Il donne de nombreux détails sur le coup d’Etat et sur les relations avec divers « alliés » et dirigeants.

Session du 16 février. S. H. revient sur l’histoire et affirme qu’avant la prise du pouvoir, peu de gens du parti Baas s’occupaient de savoir qui était sunnite, qui était chiite, etc. ; que cette préoccupation n’est venue que plus tard. Il revient sur la tentative de coup d’Etat de Nadhim Kazzar en 1973. Il réaffirme que le moment le plus important de sa vie fut la nationalisation de l’industrie pétrolière en 1972 et la décision d’investir dans le développement d’une partie de Bagdad, Thawrah City, qui devait devenir Saddam City (aujourd’hui Sadr City).

La session du 18 février est consacrée aux problèmes internes qui ont suivi la prise de pouvoir par le Baas.

Celle du 20 février évoque l’ascension de S. H. vers le pouvoir total. Il affirme que le président Bakr, en principe le numéro 1 du régime, avait des problèmes de santé depuis 1973 et que c’est lui qui, en 1979, lui a fait part de sa décision d’abandonner ses responsabilités. S. H. revient ensuite sur la fameuse réunion de la direction du Parti où, en pleine session, plusieurs membres sont arrêtés et accusés d’avoir comploté avec la Syrie – cette session a été filmée et diffusée au membres du Baas en Irak, ainsi que dans les ambassades. S. H. refuse de dire comment le complot a été découvert.

La session du 3 mars concerne l’invasion du Koweït. S. H. revendique cette invasion (et la guerre qui a suivi), qu’il aurait planifiée (ce qui n’est pas difficile, précise-t-il, compte tenu de l’absence d’obstacles naturels). Il affirme que le peuple koweïtien espérait cette invasion, mais il ne dit pas comment cet espoir s’est exprimé. Il affirme que c’est lui qui a pris la décision de tirer des missiles Scud contre Israël. S. H. dit qu’il y avait deux raisons à la guerre de 1991, le pétrole et Israël ; il est convaincu que c’étaient les Israéliens qui poussaient le Koweït contre lui.

Au cours de la réunion du 5 mars, les discussions se poursuivent sur l’invasion irakienne du Koweït. S. H. évoque la réunion entre Tarek Aziz et James Baker à Genève en janvier 1991, affirmant que cette rencontre avait pour but d’éviter la guerre.

11 mars, poursuite de la même discussion. S. H. met en doute l’affirmation du Koweït selon laquelle la guerre aurait coûté à l’émirat 180 milliards de dollars. S. H. réaffirme sa position selon laquelle le Koweït est une province de l’Irak qui lui a été arrachée par les Britanniques. Il dit aussi que jamais les dirigeants irakiens n’ont envisagé d’utiliser leurs armes chimiques en 1991.

Le 13 mars, poursuite de la discussion. S. H. affirme que la tâche principale après la guerre a été de reconstruire le pays. Il développe ses idées sur les qualités nécessaires pour exercer des responsabilités. Il affirme que l’insurrection du Sud était un mélange d’éléments différents, de bandits, et surtout d’Iraniens. L’Iran voulait contrôler l’Irak, et comme il a échoué avec la guerre de 1980-1988, il a essayé à nouveau.

Le 16 mars, l’échange porte toujours sur l’insurrection du Sud. Discussion sur la notion de trahison et de révolution.

La session du 19 mars concerne l’insurrection dans le sud de l’Irak au printemps 1991, après la défaite de l’armée au Koweït. On montre au dirigeant irakien un documentaire fait à l’époque (dont S. H. conteste avant de l’avoir vu son caractère neutre). Il en regarde environ la moitié avant d’aller faire sa prière. Il déclare que les insurgés ont répondu à l’appel de Bush, d’un pays étranger, et sont donc des traîtres. Il affirme aussi que les images ont pu être prises n’importe où.

23 mars, poursuite de la discussion sur le documentaire. S. H. met en doute le chiffre de 300 000 morts chiites.

La session du 28 mars poursuit la discussion précédente. On lit à S. H. des documents de dirigeants locaux du parti Baas indiquant les mesures de répression prises contre les insurgés. S. H. affirme que les accusés ont pu se défendre et que, de toute façon, leur répression était une affaire intérieure irakienne dans laquelle les Etats-Unis n’ont pas à s’ingérer.

La session du 30 mars porte essentiellement sur les Arabes des marais et les tentatives de drainer ces marais. Le dilemme, affirme S. H., est de sacrifier un peu la nature ou de sacrifier les êtres humains. Il fallait aussi drainer pour permettre la création d’une route stratégique vers Bassorah (face aux manœuvres iraniennes).

Dernière session formelle, le 1er mai, qui a été totalement censurée.

Des cinq conversations informelles tenues entre le 10 mai et le 28 juin, j’ai retenu ces deux passages.

Le premier est tiré de celle du 13 mai et concerne l’utilisation des armes de destruction massive par l’Irak. S. H. affirme que ces armes n’ont servi que quand la souveraineté de l’Irak était menacée, notamment durant la guerre contre l’Iran. En revanche, il ne les a pas utilisées durant la guerre contre les Etats-Unis car la souveraineté du pays n’était pas menacée.

Le second concerne les relations de l’Irak avec Al-Qaida (28 juin 2004). S. H. explique que, bien que croyant, il estimait que la religion et la politique ne devaient pas être mêlées, et que le parti Baas, fondé par un chrétien, n’était pas un parti à idéologie religieuse (ce qui ne l’empêchait pas de s’opposer à l’Occident). S. H. a confirmé que son pays n’avait pas collaboré avec Oussama Ben Laden. Quand son interlocuteur lui demande si « les ennemis de ses ennemis ne sont pas ses amis », S. H. répond que s’il avait voulu coopérer avec les ennemis des Etats-Unis, il aurait travaillé avec la Chine ou avec la Corée du Nord. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas condamné le 11-Septembre, et qu’on affirme que des éditorialistes irakiens auraient salué l’attaque, il dément ; il aurait lui-même écrit des éditoriaux hostiles à l’attaque, même s’il avait aussi expliqué pourquoi les hommes sont conduits à de telles actions. Il ne pouvait pas aller plus loin car l’Irak se considérait en guerre contre les Etats-Unis (à l’époque, le pays est sous embargo et régulièrement survolé et bombardé par l’aviation américaine).

Dans un article du Monde.fr du 4 juillet, Patrice Claude revient sur cette affaire, sous le titre « Quand Saddam Hussein s’expliquait ».

dimanche 12 juillet 2009, par Alain Gresh

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Saddam Hussein parle

The National Security Archive a publié le 1er juillet vingt interviews et cinq conversations avec le « détenu » Saddam Hussein, « Saddam Hussein Talks to the FBI ». Ces interrogatoires ont eu lieu durant l’année 2004. Il faut évidemment les prendre avec la prudence qu’exige la situation de Saddam, à l’époque prisonnier des forces américaines. Ils sont cependant intéressants et éclairent certains traits de sa politique.

Avant d’y revenir, notons d’autres articles sur le même site, articles qui indiquent aux Etats-Unis un degré de transparence que l’on aimerait bien trouver en France ou en Europe. L’accès à des documents officiels et secrets y est beaucoup plus large.

En août 2002, un document présenté à George W. Bush et Richard Cheney sur l’invasion de l’Irak prévoyait qu’il n’y aurait plus que 5 000 soldats américains dans ce pays en décembre 2006 (« Iraq War Plan Assumed Only 5,000 U.S. Troops Still There by December 2006 »).

Un autre texte, « State Department experts warned CENTCOM before Iraq war about lack of plans for post-war Iraq security - Planning for post-Saddam regime change began as early as October 2001 », explique qu’il n’existait aucun plan pour l’après-guerre en Irak et que les Etats-Unis se sont préparés à l’invasion de ce pays dès octobre 2001.

Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire irakienne récente trouveront là une masse d’informations de première main. Notons toutefois qu’un document est totalement censuré, celui du 1er mai. D’autre part, il est clair, selon la présentation, que tous les documents n’ont pas été transmis aux archives. « Ne sont pas incluses, notent les rédacteurs de la présentation, des questions particulièrement importantes pour ceux qui étudient les relations compliquées entre l’Irak et les Etats-Unis – notamment, le rôle de la CIA dans l’ascension du parti Baas au pouvoir, l’alliance complexe entre les Etats-Unis et l’Irak durant la guerre irano-irakienne et le point de vue des Etats-Unis sur l’utilisation par l’Irak d’armes chimiques durant ce conflit, alors que Washington avait connaissance de leur utilisation contre les Iraniens et contre les Kurdes ».

Revenons aux interrogatoires de Saddam Hussein. Il faudrait évidemment les décrypter tous, mais voici quelques éléments intéressants.

Dans son entretien du 7 février, l’ancien président affirme que ses plus grands succès concernent le développement social des citoyens irakiens, notamment l’école et les hôpitaux, ainsi que les divers secteurs de l’économie. Il dit que, en 1968 (date de la prise du pouvoir par le Baas), le peuple irakien n’avait pratiquement rien. Après avoir expliqué qu’il ne craint pas le jugement de son peuple ni de l’histoire, il dit, à plusieurs reprises, qu’il ne craint que le jugement de Dieu. Parmi ses succès, il note l’accord avec les Kurdes en 1970, la nationalisation du pétrole en 1972, le soutien à l’Egypte et à la Syrie durant la guerre de 1973 contre Israël, la survie de son pays après la guerre contre l’Iran et la guerre de 1990-1991, malgré un boycott qui aura duré plus de treize ans.

Dans son interrogatoire du 8 février, il revient sur la guerre avec l’Iran, en prétendant que celle-ci n’a pas commencé le 22 septembre 1980, comme le disent les Iraniens, mais le 4 septembre, par une série de provocations iraniennes, d’ingérences de l’Iran dans les affaires intérieures de l’Irak. Selon lui, Khomeiny pensait qu’il pourrait se débarrasser facilement des dirigeants irakiens comme il s’était défait du shah ; d’autre part, il voulait se venger d’avoir été expulsé d’Irak dans les années 1970. Interrogé sur l’usage d’armes chimiques par son armée, il a refusé de répondre, affirmant simplement qu’il n’était pas en train de perdre en 1984-1986 (quand ces armes ont été utilisées). Il affirme ensuite que l’Iran a utilisé des armes chimiques, mais refuse toujours de répondre pour l’Irak.

Dans la session du 10 février, Saddam Hussein répond surtout sur la Palestine et sur le conflit israélo-arabe. Il revient sur l’aide de Bagdad aux mouvements palestiniens.

La quatrième session se déroule le 13 février. S. H. nie absolument avoir utilisé des doublures comme les médias l’ont souvent rapporté. Puis l’interrogatoire porte sur les résolutions des Nations unies qui ont suivi la guerre de 1990-1991, et notamment l’obligation pour l’Irak de détruire ses armes de destruction massive. S. H. reconnaît qu’il a eu tort de détruire certaines de ces armes en l’absence d’inspecteurs de l’ONU. Il affirme que le président Bush aurait demandé une réunion sur un bateau après la guerre de 1991 pour recevoir la capitulation irakienne (comme cela s’était passé avec le Japon en 1945) et qu’il aurait refusé. A propos des inspections et de son refus de leur laisser visiter certains lieux, S. H. répond que les Etats-Unis ont utilisé des armes chimiques au Vietnam mais qu’ils ne permettraient jamais à des inspecteurs irakiens de fouiller la Maison Blanche. C’est une affaire d’honneur, explique-t-il.

La session du 15 février est consacrée à la prise de pouvoir du parti Baas en 1968. Il donne de nombreux détails sur le coup d’Etat et sur les relations avec divers « alliés » et dirigeants.

Session du 16 février. S. H. revient sur l’histoire et affirme qu’avant la prise du pouvoir, peu de gens du parti Baas s’occupaient de savoir qui était sunnite, qui était chiite, etc. ; que cette préoccupation n’est venue que plus tard. Il revient sur la tentative de coup d’Etat de Nadhim Kazzar en 1973. Il réaffirme que le moment le plus important de sa vie fut la nationalisation de l’industrie pétrolière en 1972 et la décision d’investir dans le développement d’une partie de Bagdad, Thawrah City, qui devait devenir Saddam City (aujourd’hui Sadr City).

La session du 18 février est consacrée aux problèmes internes qui ont suivi la prise de pouvoir par le Baas.

Celle du 20 février évoque l’ascension de S. H. vers le pouvoir total. Il affirme que le président Bakr, en principe le numéro 1 du régime, avait des problèmes de santé depuis 1973 et que c’est lui qui, en 1979, lui a fait part de sa décision d’abandonner ses responsabilités. S. H. revient ensuite sur la fameuse réunion de la direction du Parti où, en pleine session, plusieurs membres sont arrêtés et accusés d’avoir comploté avec la Syrie – cette session a été filmée et diffusée au membres du Baas en Irak, ainsi que dans les ambassades. S. H. refuse de dire comment le complot a été découvert.

La session du 3 mars concerne l’invasion du Koweït. S. H. revendique cette invasion (et la guerre qui a suivi), qu’il aurait planifiée (ce qui n’est pas difficile, précise-t-il, compte tenu de l’absence d’obstacles naturels). Il affirme que le peuple koweïtien espérait cette invasion, mais il ne dit pas comment cet espoir s’est exprimé. Il affirme que c’est lui qui a pris la décision de tirer des missiles Scud contre Israël. S. H. dit qu’il y avait deux raisons à la guerre de 1991, le pétrole et Israël ; il est convaincu que c’étaient les Israéliens qui poussaient le Koweït contre lui.

Au cours de la réunion du 5 mars, les discussions se poursuivent sur l’invasion irakienne du Koweït. S. H. évoque la réunion entre Tarek Aziz et James Baker à Genève en janvier 1991, affirmant que cette rencontre avait pour but d’éviter la guerre.

11 mars, poursuite de la même discussion. S. H. met en doute l’affirmation du Koweït selon laquelle la guerre aurait coûté à l’émirat 180 milliards de dollars. S. H. réaffirme sa position selon laquelle le Koweït est une province de l’Irak qui lui a été arrachée par les Britanniques. Il dit aussi que jamais les dirigeants irakiens n’ont envisagé d’utiliser leurs armes chimiques en 1991.

Le 13 mars, poursuite de la discussion. S. H. affirme que la tâche principale après la guerre a été de reconstruire le pays. Il développe ses idées sur les qualités nécessaires pour exercer des responsabilités. Il affirme que l’insurrection du Sud était un mélange d’éléments différents, de bandits, et surtout d’Iraniens. L’Iran voulait contrôler l’Irak, et comme il a échoué avec la guerre de 1980-1988, il a essayé à nouveau.

Le 16 mars, l’échange porte toujours sur l’insurrection du Sud. Discussion sur la notion de trahison et de révolution.

La session du 19 mars concerne l’insurrection dans le sud de l’Irak au printemps 1991, après la défaite de l’armée au Koweït. On montre au dirigeant irakien un documentaire fait à l’époque (dont S. H. conteste avant de l’avoir vu son caractère neutre). Il en regarde environ la moitié avant d’aller faire sa prière. Il déclare que les insurgés ont répondu à l’appel de Bush, d’un pays étranger, et sont donc des traîtres. Il affirme aussi que les images ont pu être prises n’importe où.

23 mars, poursuite de la discussion sur le documentaire. S. H. met en doute le chiffre de 300 000 morts chiites.

La session du 28 mars poursuit la discussion précédente. On lit à S. H. des documents de dirigeants locaux du parti Baas indiquant les mesures de répression prises contre les insurgés. S. H. affirme que les accusés ont pu se défendre et que, de toute façon, leur répression était une affaire intérieure irakienne dans laquelle les Etats-Unis n’ont pas à s’ingérer.

La session du 30 mars porte essentiellement sur les Arabes des marais et les tentatives de drainer ces marais. Le dilemme, affirme S. H., est de sacrifier un peu la nature ou de sacrifier les êtres humains. Il fallait aussi drainer pour permettre la création d’une route stratégique vers Bassorah (face aux manœuvres iraniennes).

Dernière session formelle, le 1er mai, qui a été totalement censurée.

Des cinq conversations informelles tenues entre le 10 mai et le 28 juin, j’ai retenu ces deux passages.

Le premier est tiré de celle du 13 mai et concerne l’utilisation des armes de destruction massive par l’Irak. S. H. affirme que ces armes n’ont servi que quand la souveraineté de l’Irak était menacée, notamment durant la guerre contre l’Iran. En revanche, il ne les a pas utilisées durant la guerre contre les Etats-Unis car la souveraineté du pays n’était pas menacée.

Le second concerne les relations de l’Irak avec Al-Qaida (28 juin 2004). S. H. explique que, bien que croyant, il estimait que la religion et la politique ne devaient pas être mêlées, et que le parti Baas, fondé par un chrétien, n’était pas un parti à idéologie religieuse (ce qui ne l’empêchait pas de s’opposer à l’Occident). S. H. a confirmé que son pays n’avait pas collaboré avec Oussama Ben Laden. Quand son interlocuteur lui demande si « les ennemis de ses ennemis ne sont pas ses amis », S. H. répond que s’il avait voulu coopérer avec les ennemis des Etats-Unis, il aurait travaillé avec la Chine ou avec la Corée du Nord. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas condamné le 11-Septembre, et qu’on affirme que des éditorialistes irakiens auraient salué l’attaque, il dément ; il aurait lui-même écrit des éditoriaux hostiles à l’attaque, même s’il avait aussi expliqué pourquoi les hommes sont conduits à de telles actions. Il ne pouvait pas aller plus loin car l’Irak se considérait en guerre contre les Etats-Unis (à l’époque, le pays est sous embargo et régulièrement survolé et bombardé par l’aviation américaine).

Dans un article du Monde.fr du 4 juillet, Patrice Claude revient sur cette affaire, sous le titre « Quand Saddam Hussein s’expliquait ».

dimanche 12 juillet 2009, par Alain Gresh

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10 ans de plus pour les centrales nucléaires !

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) donnait hier son accord de principe au passage de 30 à 40 ans de la durée d’exploitation maximale des réacteurs nucléaires français.

Cette prolongation fait suite au départ de la révision complète de la centrale du Tricastin, qui occupera pendant 3 mois plus de 1 500 personnes (1). Tricastin, 30 ans cette année, est la première d’une série de 34 révisions complètes concernant les réacteurs de 900 mégawatts du parc âgé d’en moyenne 27 ans. Elles sont conduites sous l’œil méticuleux de l’Autorité de sûreté nucléaire. Bien que l’agence ait donné son accord de principe, cette série de révisions a justement pour but de contrôler l’état des centrales nucléaires et prescrire une série de recommandations au cas par cas, allant de la fermeture jusqu’à la prolongation de 10 ans (2).

Le collectif Sortir du Nucléaire dénonce cette nouvelle, considérant que « cette communication de l’ASN vise à installer dans l’opinion l’idée que la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires français ne serait finalement qu’une formalité dont le résultat serait quoi qu’il arrive favorable à EDF » (4). Il faut dire que l’enjeu est important. L’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires ne coûterait, d’après le journal Les Echos (1), que 400 millions d’euros par centrale, une goutte d’eau comparée à la très controversée centrale EPR de Flamanville dont l’investissement représente un budget initial d’environ 4 milliard d’euros.

En Suède, aux États-Unis ou en Allemagne, cette question est aussi au cœur des débats, les deux premiers ont déjà autorisé la prolongation. Les Etats-Unis, sujets à de nombreuses difficultés d’ordre énergétiques ont même étendu cette durée d’exploitation à 60 ans pour 54 de leur 104 réacteurs.

D’après des études d’EDF, il n’y aurait pour l’instant aucun problème générique à l’ensemble des réacteurs (3) bien que tous construits sur le même modèle. EDF souhaiterait même étendre à 60 ans pour des raisons principalement économiques (3). L’ASN ne s’est pas encore prononcé, EDF n’ayant pas encore présenté de dossier technique à ce sujet (les échos).

Avec le vieillissement du parc nucléaire français, sa transition vers l’EPR et les possibilités de substitution (énergies renouvelables, EPR...), EDF est face à un défi de taille : essayer de trouver un équilibre entre rentabilité économique et sécurité. Espérons que cette dernière ne soit pas menacée par ces prolongations répétées.

Sources :
(1) Les Echos - Mercredi 8 juillet 2009
(2) Le Figaro
(3) Le Figaro
(4) JDD

par EEEtienne vendredi 10 juillet 2009

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10 ans de plus pour les centrales nucléaires !

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) donnait hier son accord de principe au passage de 30 à 40 ans de la durée d’exploitation maximale des réacteurs nucléaires français.

Cette prolongation fait suite au départ de la révision complète de la centrale du Tricastin, qui occupera pendant 3 mois plus de 1 500 personnes (1). Tricastin, 30 ans cette année, est la première d’une série de 34 révisions complètes concernant les réacteurs de 900 mégawatts du parc âgé d’en moyenne 27 ans. Elles sont conduites sous l’œil méticuleux de l’Autorité de sûreté nucléaire. Bien que l’agence ait donné son accord de principe, cette série de révisions a justement pour but de contrôler l’état des centrales nucléaires et prescrire une série de recommandations au cas par cas, allant de la fermeture jusqu’à la prolongation de 10 ans (2).

Le collectif Sortir du Nucléaire dénonce cette nouvelle, considérant que « cette communication de l’ASN vise à installer dans l’opinion l’idée que la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires français ne serait finalement qu’une formalité dont le résultat serait quoi qu’il arrive favorable à EDF » (4). Il faut dire que l’enjeu est important. L’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires ne coûterait, d’après le journal Les Echos (1), que 400 millions d’euros par centrale, une goutte d’eau comparée à la très controversée centrale EPR de Flamanville dont l’investissement représente un budget initial d’environ 4 milliard d’euros.

En Suède, aux États-Unis ou en Allemagne, cette question est aussi au cœur des débats, les deux premiers ont déjà autorisé la prolongation. Les Etats-Unis, sujets à de nombreuses difficultés d’ordre énergétiques ont même étendu cette durée d’exploitation à 60 ans pour 54 de leur 104 réacteurs.

D’après des études d’EDF, il n’y aurait pour l’instant aucun problème générique à l’ensemble des réacteurs (3) bien que tous construits sur le même modèle. EDF souhaiterait même étendre à 60 ans pour des raisons principalement économiques (3). L’ASN ne s’est pas encore prononcé, EDF n’ayant pas encore présenté de dossier technique à ce sujet (les échos).

Avec le vieillissement du parc nucléaire français, sa transition vers l’EPR et les possibilités de substitution (énergies renouvelables, EPR...), EDF est face à un défi de taille : essayer de trouver un équilibre entre rentabilité économique et sécurité. Espérons que cette dernière ne soit pas menacée par ces prolongations répétées.

Sources :
(1) Les Echos - Mercredi 8 juillet 2009
(2) Le Figaro
(3) Le Figaro
(4) JDD

par EEEtienne vendredi 10 juillet 2009

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Manipulations de l’opinion aux frais du contribuable

Un rapport de la Cour des comptes a révélé l’existence d’une convention, signée le 1er juin 2007, entre la présidence de la République et un cabinet d’études chargé de commander des sondages à l’institut Opinion Way « pour un coût avoisinant 1,5 million d’euros ». Sur les trente-cinq études facturées en 2008, au moins quinze, payées 400 000 euros par l’Elysée, ont aussi été publiées par Le Figaro — dirigé par M. Etienne Mougeotte, ancien PDG de TF1 — et LCI. Connu pour produire des sondages particulièrement complaisants à l’égard du chef de l’Etat, Opinion Way réalise ses « enquêtes » en ligne, ce qui fait encore chuter le crédit déjà très limité qu’on pouvait leur accorder (lire « Consécration pour les sondages en ligne », par Alain Garrigou, La valise diplomatique, 25 mai 2009).

Le cabinet en cause, Publifact, est dirigé par M. Patrick Buisson, proche conseiller de M. Nicolas Sarkozy. En 2008, Publifact a encaissé pour cette activité de conseil 10 000 euros d’honoraires mensuels. Directeur de la chaîne Histoire, M. Buisson est aussi l’ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute.

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Manipulations de l’opinion aux frais du contribuable

Un rapport de la Cour des comptes a révélé l’existence d’une convention, signée le 1er juin 2007, entre la présidence de la République et un cabinet d’études chargé de commander des sondages à l’institut Opinion Way « pour un coût avoisinant 1,5 million d’euros ». Sur les trente-cinq études facturées en 2008, au moins quinze, payées 400 000 euros par l’Elysée, ont aussi été publiées par Le Figaro — dirigé par M. Etienne Mougeotte, ancien PDG de TF1 — et LCI. Connu pour produire des sondages particulièrement complaisants à l’égard du chef de l’Etat, Opinion Way réalise ses « enquêtes » en ligne, ce qui fait encore chuter le crédit déjà très limité qu’on pouvait leur accorder (lire « Consécration pour les sondages en ligne », par Alain Garrigou, La valise diplomatique, 25 mai 2009).

Le cabinet en cause, Publifact, est dirigé par M. Patrick Buisson, proche conseiller de M. Nicolas Sarkozy. En 2008, Publifact a encaissé pour cette activité de conseil 10 000 euros d’honoraires mensuels. Directeur de la chaîne Histoire, M. Buisson est aussi l’ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute.

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L’Inde qui sait dire « non » à l’empire américain

La presse indienne n’a pas pu s’empêcher de commenter la tenue remarquablement modeste de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de sa récente visite à New Delhi. Sa chemise, a-t-on remarqué, était bien boutonnée jusqu’au cou. Ainsi va le destin des femmes puissantes dont les tenues et les coiffures sont souvent plus commentées que leurs idées et leurs actions.

On ne peut pas s’empêcher de penser pourtant que cette couverture médiatique de la visite de l’émissaire du président Barack Obama cachait symboliquement les habits neufs d’un empire qui, de plus en plus, se trouve frustré dans ses ambitions.

La secrétaire d’Etat a tout fait pour séduire les Indiens en évoquant l’importance des relations de « peuple à peuple », en passant moins de temps avec le premier ministre et son gouvernement qu’avec des chefs d’entreprises, des étudiants, une vedette de Bollywood, une association qui travaille avec les femmes pauvres et un institut de recherche agricole. Cela n’a pas suffi à obtenir ce qui est certainement l’un des objectifs les plus chers du président américain : des concessions indiennes sur la question de la réduction chiffrée des émissions de carbone. La réponse a été claire et nette : « Non ».

C’est un échec sérieux pour le président Obama. Il intervient au moment où, cherchant à faire passer au Sénat américain un projet de loi qui engagerait le pays à réduire un peu ses émissions – depuis longtemps les plus fortes au monde –, celui-ci rencontre une opposition de plus en plus vive du secteur privé et du Parti républicain. Les données sont connues de tous : un Américain émet en moyenne vingt tonnes cube de carbone par an ; un Indien, à peine une tonne – un Français en émet six.

L’Inde ne s’est pas contentée de dire non. Elle a invité Mme Clinton à se rendre dans un immeuble de bureaux construit par le groupe indien ITC selon des critères de l’architecture verte dernier cri. Un immeuble comme il n’en existe pas encore à New York. La secrétaire d’Etat américaine a gracieusement loué ce Taj Mahal vert, « monument au futur ».

Le message est clair : notre avenir, c’est nous qui le construirons, selon notre vision, à notre façon et en fonction de nos besoins. Les Indiens sont parfaitement conscients des conséquences du changement climatique. Ils savent bien qu’ils risquent d’être plus touchés que les Américains. C’est pour cela que l’Inde développe des énergies alternatives et prend de l’avance sur les Etats-Unis, toujours réticents à faire les sacrifices qu’il faudrait s’ils veulent réduire de façon suffisante leurs émissions de CO2. Ainsi, dans le National Action Plan on Climate Change de 2008, l’Inde a annoncé son intention de développer massivement l’énergie solaire. Elle fabrique déjà des voitures électriques, et celles qui ne le sont pas sont bien plus économes que les gros modèles qui dominent sur les routes américaines.

Il est vrai que, dans le même temps, l’Inde construit des centrales au charbon aussi rapidement que possible, et que la grande majorité de l’énergie qu’elle consomme avec de plus en plus d’avidité vient des énergies fossiles. Mais sa position est inflexible : nous sommes un pays toujours en voie de développement, avec une forte population très pauvre, et nous ne sacrifierons pas notre croissance économique pour un pays richissime dont chaque citoyen émet vingt fois le carbone émis par un des nôtres.

Une deuxième « révolution verte » Retour à la table des matières

Il importe de préciser que, durant la visite de Mme Clinton, ce « non » a été assorti de pas mal de « oui », pour adoucir le choc, mais aussi parce que New Delhi y trouve son propre intérêt, soit que cela flatte son ambition de « grande puissance », soit que, en l’occurrence, les intérêts des entreprises indiennes vont de pair avec ceux de leurs homologues américaines. Et si le succès d’un déplacement se juge par la quantité de contrats juteux signés, le voyage fut une réussite pour Mme Clinton. Elle a pu annoncer l’emplacement de deux centrales nucléaires réservées à la construction américaine – ce qui reste peu de chose par rapport aux six réacteurs bouclés par Areva, mais les Américains font ce qu’ils peuvent. Elle a obtenu le consentement indien pour que les Américains puissent surveiller la propagation des technologies militaires sensibles vendues aux Indiens, ce que le Sénat américain exigeait et qui élargit les possibilités de ventes d’armes par les gros constructeurs américains. Cet accord laisse notamment à Boeing et à Lockheed Martin les mains libres pour ce qui pourrait être un des contrats les plus importants de la décennie : la vente de 126 avions militaires, contrat qui aurait une valeur estimée de plus de 10 milliards de dollars.

Or, cette victoire est aussi un signe de nouvelles règles du jeu : c’est Washington qui fait la cour à New Delhi, et non l’inverse. Dans un monde dévasté par la crise économique, l’Inde reste l’un des rares clients à avoir en poche de quoi se payer de grosses babioles comme des centrales nucléaires et des avions militaires.

Pour autant, il ne faut pas sous-estimer les Américains. Préoccupés par les changements géopolitiques profonds qui menacent leur supériorité, ils entendent préserver et même développer leur puissance agricole, qui, dans les années d’après-guerre et pendant la guerre froide, leur a bien servi. Au contraire, ce fut une humiliation profonde pour l’Inde de devoir, dans les années 1950 et 1960, quémander auprès des Etats-Unis les céréales qui lui manquaient pour éviter la famine qui menaçait alors sa population. Les Etats-Unis, sous la présidence de Lyndon Johnson ou John Fitzgerald Kennedy [1], ont compris qu’ils pouvaient se servir de leur surproduction agricole comme d’une arme, notamment contre le communisme. Ainsi, la fameuse « révolution verte », propagée en Inde à la suite du Mexique, était vue comme une force capable de contrer d’autres sortes de révolutions, moins propices à l’expansion capitaliste américaine.

Aujourd’hui, la secrétaire d’Etat, prolongeant parfaitement une idée clef de l’ancien président George Bush, propose à l’Inde une « deuxième » révolution verte. A la différence de la première, celle-ci donnerait le premier rôle aux entreprises privées dans les domaines de la biotechnologie : la propriété intellectuelle des innovations, notamment dans le domaine de la modification génétique, serait strictement respectée. Lorsqu’un journaliste indien, évoquant la résistance du peuple indien à accepter des fruits et des légumes génétiquement modifiés, a posé la question des organismes génétiquement modifiés (OGM) à Mme Clinton, celle-ci a soigneusement évité de prononcer le mot « OGM », préférant parler vaguement des « technologies » et de leur importance pour inventer l’agriculture de demain afin de nourrir la population indienne, toujours croissante. Une curiosité à signaler : dans la transcription officielle de cet échange sur le site Internet du département d’Etat américain, chaque fois que le journaliste a prononcé le mot « OGM », on lit « inaudible ». Il faut aller dans l’article publié, après la conférence de presse, dans le Times of IndiaClinton harps on `technology’ to provide food security », par Rumu Banerjee, 20 juillet 2009) pour comprendre que la question portait sur les OGM.

Dans un monde où le changement climatique n’est que l’aspect le plus terrifiant d’une dégradation environnementale accélérée et où la crise agricole mondiale s’approfondit, ceux qui possèderaient le contenu génétique des graines devenues indispensables à la survie de l’humanité disposeraient d’une arme effectivement puissante. Cette arme, les Etats-Unis veulent la garder entre leurs mains.

Si, comme tous ses prédécesseurs, la secrétaire d’Etat américaine assume son rôle de défense des intérêts de son gouvernement, elle ne néglige pas ceux des entreprises. Ce qui n’est pas pour choquer le gouvernement indien, le plus libéral qu’ait connu le pays depuis son indépendance. Les Etats-Unis l’ont bien compris : l’India Inc. ambitionne de concurrencer la grosse machine capitaliste américaine, et l’Etat indien entend y contribuer.

Pour le moment, New Delhi parie qu’il y a plus à gagner qu’à perdre à collaborer avec les Etats-Unis pour le développement des nouvelles biotechnologies et la privatisation des éléments de base de l’agriculture. Mais, le jour où cette deuxième révolution verte, au profit des géants de l’agroalimentaire tels Monsanto, Wal-Mart (dont Mme Clinton a fait partie du conseil de gestion pendant plusieurs années), Cargill et Archer Daniels Midland, s’avérera désastreuse pour l’environnement, la santé et la cohésion sociale, l’Inde sera-t-elle encore en position de dire « non » ?

Mira Kamdar, chercheuse, World Policy Institute, New York ; auteure de Planet India : L’ascension turbulente d’un géant démocratique (Actes Sud, Arles, 2008).

Notes

[1] Lire John Fitzgerald Kennedy, « Aider l’Inde pour l’exemple », dans « Réveil de l’Inde », Manière de voir, n° 94, août-septembre 2007.


mercredi 29 juillet 2009, par Mira Kamdar

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L’Inde qui sait dire « non » à l’empire américain

La presse indienne n’a pas pu s’empêcher de commenter la tenue remarquablement modeste de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de sa récente visite à New Delhi. Sa chemise, a-t-on remarqué, était bien boutonnée jusqu’au cou. Ainsi va le destin des femmes puissantes dont les tenues et les coiffures sont souvent plus commentées que leurs idées et leurs actions.

On ne peut pas s’empêcher de penser pourtant que cette couverture médiatique de la visite de l’émissaire du président Barack Obama cachait symboliquement les habits neufs d’un empire qui, de plus en plus, se trouve frustré dans ses ambitions.

La secrétaire d’Etat a tout fait pour séduire les Indiens en évoquant l’importance des relations de « peuple à peuple », en passant moins de temps avec le premier ministre et son gouvernement qu’avec des chefs d’entreprises, des étudiants, une vedette de Bollywood, une association qui travaille avec les femmes pauvres et un institut de recherche agricole. Cela n’a pas suffi à obtenir ce qui est certainement l’un des objectifs les plus chers du président américain : des concessions indiennes sur la question de la réduction chiffrée des émissions de carbone. La réponse a été claire et nette : « Non ».

C’est un échec sérieux pour le président Obama. Il intervient au moment où, cherchant à faire passer au Sénat américain un projet de loi qui engagerait le pays à réduire un peu ses émissions – depuis longtemps les plus fortes au monde –, celui-ci rencontre une opposition de plus en plus vive du secteur privé et du Parti républicain. Les données sont connues de tous : un Américain émet en moyenne vingt tonnes cube de carbone par an ; un Indien, à peine une tonne – un Français en émet six.

L’Inde ne s’est pas contentée de dire non. Elle a invité Mme Clinton à se rendre dans un immeuble de bureaux construit par le groupe indien ITC selon des critères de l’architecture verte dernier cri. Un immeuble comme il n’en existe pas encore à New York. La secrétaire d’Etat américaine a gracieusement loué ce Taj Mahal vert, « monument au futur ».

Le message est clair : notre avenir, c’est nous qui le construirons, selon notre vision, à notre façon et en fonction de nos besoins. Les Indiens sont parfaitement conscients des conséquences du changement climatique. Ils savent bien qu’ils risquent d’être plus touchés que les Américains. C’est pour cela que l’Inde développe des énergies alternatives et prend de l’avance sur les Etats-Unis, toujours réticents à faire les sacrifices qu’il faudrait s’ils veulent réduire de façon suffisante leurs émissions de CO2. Ainsi, dans le National Action Plan on Climate Change de 2008, l’Inde a annoncé son intention de développer massivement l’énergie solaire. Elle fabrique déjà des voitures électriques, et celles qui ne le sont pas sont bien plus économes que les gros modèles qui dominent sur les routes américaines.

Il est vrai que, dans le même temps, l’Inde construit des centrales au charbon aussi rapidement que possible, et que la grande majorité de l’énergie qu’elle consomme avec de plus en plus d’avidité vient des énergies fossiles. Mais sa position est inflexible : nous sommes un pays toujours en voie de développement, avec une forte population très pauvre, et nous ne sacrifierons pas notre croissance économique pour un pays richissime dont chaque citoyen émet vingt fois le carbone émis par un des nôtres.

Une deuxième « révolution verte » Retour à la table des matières

Il importe de préciser que, durant la visite de Mme Clinton, ce « non » a été assorti de pas mal de « oui », pour adoucir le choc, mais aussi parce que New Delhi y trouve son propre intérêt, soit que cela flatte son ambition de « grande puissance », soit que, en l’occurrence, les intérêts des entreprises indiennes vont de pair avec ceux de leurs homologues américaines. Et si le succès d’un déplacement se juge par la quantité de contrats juteux signés, le voyage fut une réussite pour Mme Clinton. Elle a pu annoncer l’emplacement de deux centrales nucléaires réservées à la construction américaine – ce qui reste peu de chose par rapport aux six réacteurs bouclés par Areva, mais les Américains font ce qu’ils peuvent. Elle a obtenu le consentement indien pour que les Américains puissent surveiller la propagation des technologies militaires sensibles vendues aux Indiens, ce que le Sénat américain exigeait et qui élargit les possibilités de ventes d’armes par les gros constructeurs américains. Cet accord laisse notamment à Boeing et à Lockheed Martin les mains libres pour ce qui pourrait être un des contrats les plus importants de la décennie : la vente de 126 avions militaires, contrat qui aurait une valeur estimée de plus de 10 milliards de dollars.

Or, cette victoire est aussi un signe de nouvelles règles du jeu : c’est Washington qui fait la cour à New Delhi, et non l’inverse. Dans un monde dévasté par la crise économique, l’Inde reste l’un des rares clients à avoir en poche de quoi se payer de grosses babioles comme des centrales nucléaires et des avions militaires.

Pour autant, il ne faut pas sous-estimer les Américains. Préoccupés par les changements géopolitiques profonds qui menacent leur supériorité, ils entendent préserver et même développer leur puissance agricole, qui, dans les années d’après-guerre et pendant la guerre froide, leur a bien servi. Au contraire, ce fut une humiliation profonde pour l’Inde de devoir, dans les années 1950 et 1960, quémander auprès des Etats-Unis les céréales qui lui manquaient pour éviter la famine qui menaçait alors sa population. Les Etats-Unis, sous la présidence de Lyndon Johnson ou John Fitzgerald Kennedy [1], ont compris qu’ils pouvaient se servir de leur surproduction agricole comme d’une arme, notamment contre le communisme. Ainsi, la fameuse « révolution verte », propagée en Inde à la suite du Mexique, était vue comme une force capable de contrer d’autres sortes de révolutions, moins propices à l’expansion capitaliste américaine.

Aujourd’hui, la secrétaire d’Etat, prolongeant parfaitement une idée clef de l’ancien président George Bush, propose à l’Inde une « deuxième » révolution verte. A la différence de la première, celle-ci donnerait le premier rôle aux entreprises privées dans les domaines de la biotechnologie : la propriété intellectuelle des innovations, notamment dans le domaine de la modification génétique, serait strictement respectée. Lorsqu’un journaliste indien, évoquant la résistance du peuple indien à accepter des fruits et des légumes génétiquement modifiés, a posé la question des organismes génétiquement modifiés (OGM) à Mme Clinton, celle-ci a soigneusement évité de prononcer le mot « OGM », préférant parler vaguement des « technologies » et de leur importance pour inventer l’agriculture de demain afin de nourrir la population indienne, toujours croissante. Une curiosité à signaler : dans la transcription officielle de cet échange sur le site Internet du département d’Etat américain, chaque fois que le journaliste a prononcé le mot « OGM », on lit « inaudible ». Il faut aller dans l’article publié, après la conférence de presse, dans le Times of IndiaClinton harps on `technology’ to provide food security », par Rumu Banerjee, 20 juillet 2009) pour comprendre que la question portait sur les OGM.

Dans un monde où le changement climatique n’est que l’aspect le plus terrifiant d’une dégradation environnementale accélérée et où la crise agricole mondiale s’approfondit, ceux qui possèderaient le contenu génétique des graines devenues indispensables à la survie de l’humanité disposeraient d’une arme effectivement puissante. Cette arme, les Etats-Unis veulent la garder entre leurs mains.

Si, comme tous ses prédécesseurs, la secrétaire d’Etat américaine assume son rôle de défense des intérêts de son gouvernement, elle ne néglige pas ceux des entreprises. Ce qui n’est pas pour choquer le gouvernement indien, le plus libéral qu’ait connu le pays depuis son indépendance. Les Etats-Unis l’ont bien compris : l’India Inc. ambitionne de concurrencer la grosse machine capitaliste américaine, et l’Etat indien entend y contribuer.

Pour le moment, New Delhi parie qu’il y a plus à gagner qu’à perdre à collaborer avec les Etats-Unis pour le développement des nouvelles biotechnologies et la privatisation des éléments de base de l’agriculture. Mais, le jour où cette deuxième révolution verte, au profit des géants de l’agroalimentaire tels Monsanto, Wal-Mart (dont Mme Clinton a fait partie du conseil de gestion pendant plusieurs années), Cargill et Archer Daniels Midland, s’avérera désastreuse pour l’environnement, la santé et la cohésion sociale, l’Inde sera-t-elle encore en position de dire « non » ?

Mira Kamdar, chercheuse, World Policy Institute, New York ; auteure de Planet India : L’ascension turbulente d’un géant démocratique (Actes Sud, Arles, 2008).

Notes

[1] Lire John Fitzgerald Kennedy, « Aider l’Inde pour l’exemple », dans « Réveil de l’Inde », Manière de voir, n° 94, août-septembre 2007.


mercredi 29 juillet 2009, par Mira Kamdar

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Les ONG, instruments des gouvernements et des transnationales ?

par Julien Teil

Par définition les ONG (organisations non-gouvernementales) se présentent comme indépendantes des États et représentatives des citoyens. En réalité, elles sont de plus en plus souvent subventionnées par des gouvernements et financées par des entreprises transnationales. Bien que dénuées de légitimité démocratique, certaines ambitionnent de participer à la « gouvernance mondiale ». Julien Teil analyse ce phénomène à partir d’une étude de cas, l’association caritative CARE.

Icônes du désintéressement, les ONG sont entrées sur la scène politique mondiale depuis le début du XXe siècle. Certaines entendent désormais participer à la « gouvernance mondiale ». Mais quels intérêts représentent-elles exactement ? Pour répondre à cette question examinons un exemple révélateur, celui de l’une des plus importantes associations humanitaire au monde, CARE-International.

CARE-International est une association humanitaire fondée aux États-Unis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les fonds du Plan Marshall. L’association a commencé ses actions en envoyant des ravitaillements de nourriture, médicaments, et autres denrées nécessaires à une Europe déchirée par la guerre. Les premiers vingt mille paquets ont été expédiés au port du Havre le 11 mai 1946. La même année, plusieurs millions de familles, écoles et hôpitaux ont bénéficié de ces colis. CARE-France est l’une des 12 antennes nationales de l’association humanitaire CARE-International et a été fondée, entre autres, par le banquier Jean Guyot et l’avocat Jean Lisbonne.

CARE au sein de la construction Européenne et du Plan Marshall

C.A.R.E est l’acronyme de « Cooperative for American Remittances to Europe » puis de « Cooperative for American Relief Everywhere ». Dans l’optique du Plan Marshall, les Européens devaient être assistés et protégés, au besoin malgré eux, face à la menace soviétique. pour ce faire, ils devaient porter « les valeurs américaines » à la fois conservatrices et libérales et devenir des alliés inconditionnel des États-unis.

La CIA, à partir de 1948, et l’OTAN, à partir de 1949, mirent en place les réseaux stay-behind, chargés de prévenir l’arrivée des communistes au pouvoir et d’ organiser la résistance en cas d’invasion par l’Armée rouge [1]. Ils seront découverts ultérieurement et connus sous le nom générique de Gladio.
Dans la même veine, depuis les États-Unis l’ACUE (American Comittee on United Europe) subventionne toutes les organisations favorables à la construction européenne. Tandis que, côté européen, le « Comité d’action pour les États-Unis d’Europe » lui sert de relai. Il est présidé par le commissaire français au Plan, Jean Monnet. En outre, le Club de Bilderberg sélectionne et promeut les personnalités atlantistes en Europe. [2].

Jean Guyot, du Trésor français au capitalisme anglo-saxon

Attaché au cabinet de Jean Monnet avant d’être sous-directeur du Trésor, Jean Guyot assure la liaison entre le Plan Marshall (USA) et le Commissariat général au Plan (France).
Plus tard, en 1983, il fondera CARE-France avec le soutien du Plan Marshall comme CARE-International. Puis, en 1992, il créera la Fondation Hippocrène, reconnue d’utilité publique, « pour renforcer la cohésion entre jeunes Européens » [3].

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Jean Guyot

Vient le temps de la CECA, la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier, dont Monnet était le concepteur et Guyot le responsable financier.
Selon sa biographie officielle, « Il contribue à crédibiliser la première institution de l’histoire de l’Europe auprès des milieux financiers européens et américains en permettant à la Haute Autorité de la CECA de lancer des emprunts en son nom qui, à l’époque, ne signifiait que peu de chose, en particulier auprès des investisseurs américains » [4].
« Ces opérations sont réalisées avec l’aide d’un petit nombre de financiers dont André Meyer, associé de Lazard, David Rockefeller, qui dirige la Chase Manhattan Bank, et Siegmund Warburg. » [5].

Le haut fonctionnaire Guyot se rapproche ainsi des élites bancaires et financières internationales.
• André Meyer est un Français qui rejoignit la banque Lazard et s’installa aux États-Unis. Il devint « le plus important banquier d’investissement du monde occidental », selon sa nécrologie par le magazine Fortune [6].
• David Rockfeller, héritier de la Standard Oil, est à la fois la principale fortune des États-Unis et un homme d’influence. Il est notamment co-fondateur du Club de Bilderberg [7].
• Siegmund Warburg, fondateur de la principale banque d’investissement britannique, la S. G. Warburg & Co [8].

En 1955, Jean Guyot, sur les conseils de Jean Monnet, quitte la fonction publique et rejoint André Meyer à la banque Lazard, où il reste jusqu’en 2005. « La CECA accroît ainsi sa présence sur les marchés financiers internationaux et Lazard reste proche de l’institution européenne, dont la direction financière est assumée par Paul Delouvrier, successeur de Jean Guyot (…) Plus généralement, ce dernier œuvre en permanence pour la construction d’une Europe financière » [9].
Qu’en termes élégants ces choses là sont dites. Guyot banquier prête de l’argent aux institutions qu’il a dirigé lorsqu’il était haut fonctionnaire. Celles-ci s’endettent pour le plus grand profit de Lazard Frères.

ONG : Impartialité face aux gouvernements ?

Fondée en 1983 par Jean Guyot, CARE-France a été ultérieurement présidé par Marina de Brantes [10], et aujourd’hui par Arielle de Rothschild [11]. Elle est reconnue d’utilité publique par la République française. Sur son site internet, l’ONG se définit comme suit : « CARE est une association de solidarité internationale, non confessionnelle et apolitique ». Est-ce vraiment sûr ?

Prenons l’exemple de la Palestine occupée où CARE-France dépense 3 millions d’euros annuels, soit 20 % de son buget, officiellement pour l’assainissement de l’eau et l’approvisionnement en médicaments. Dans sa documentation, l’ONG s’abstient de toute prise de positions sur les conflits de cette région. Mais dans son rapport moral 2008, elle se vante d’avoir organisé une prestigieuse manifestation en France :
« Le Conseil Pasteur-Weizmann [12] et CARE se sont associés lors d’une soirée exceptionnelle à l’Opéra de Paris, en présence et en l’honneur de Shimon Peres, président de l’État d’Israël et Prix Nobel de la Paix, à l’occasion de sa visite officielle en France et sous la présidence de Simone Veil et de Lily Safra [13]. L’entière recette a été affectée à la recherche scientifique de Pasteur Weizmann et aux programmes humanitaires de CARE ».

On peut légitimement se poser la question de la nature des actions menées en Palestine occupée compte tenu des liens historiques de la famille Rothschild avec l’État d’Israël et du parrainage revendiqué par l’ONG à l’occasion de cette soirée de gala.

ONG et institutions intergouvernementales

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Helene D. Gayle, directrice de CARE-USA, au Forum de Davos, 31 janvier 2009.

À défaut d’assumer leurs liens avec des gouvernements, les ONG transnationales affichent volontiers leurs liens avec des institutions intergouvernementales. Cet aspect est souvent perçu comme un gage de compétence et d’impartialité. Mais cela est bien sûr ?

Ainsi, pour revenir à notre cas d’école, CARE-USA (la maison-mère) est administrée par une brochette d’anciens responsables de la Banque mondiale, à commencer par son président W. Bowman Cutter [14] et sa directrice générale Helene D. Gayle [15]. Selon le site internet de l’ONG [16], son activité principale est la lutte contre la pauvreté et la faim, dans la tradition de ce qu’elle a entrepris en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Elle revendique de pratiquer un intense lobbying auprès du Congrès et de l’administration Obama pour la mise en place d’un vaste programme public permettant de répondre à la crise alimentaire mondiale actuelle.

Or, la plupart des observateurs considèrent que cette crise alimentaire est imputable aux politiques imposées dans les années précédentes par la Banque mondiale pour imposer la globalisation économique [17]. Dès lors, l’activité humanitaire de CARE apparaît comme une tentative de limiter les effets sociaux dévastateurs de la politique impériale mise en œuvre par la Banque mondiale.

Impartialité face aux intérêts économiques ?

Revenons à Paris. En ce qui concerne la carrière personnelle d’Arielle de Rothschild, en beaucoup de points similaire à celle de ses prédécesseurs Jean Guyot et Marina de Brantes, elle indique une interview à BFM avoir travaillé pour le groupe Rothschild, puis avoir rejoint la banque Lazard. À ce titre, elle a organisé la privatisation de la banque Sahara en Libye (rachetée par BNP Paribas). Lorsque la journaliste lui demande si ses anciennes activités vont lui permettre de diriger CARE-France avec facilité. Elle confirme en indiquant : « Les interlocuteurs in fine sont les mêmes- » [18]

Les banques d’affaires sont des banques de capitaux au long terme, spécialisées dans le financement d’entreprises. Y travailler permet de tisser des liens étroits avec les hauts dirigeants des transnationales, les fameux « interlocuteurs » de Lazard et de CARE. C’est sans doute pourquoi on peut lire, sur le site internet de l’ONG :
« Pourquoi devenir [une entreprise] partenaire de CARE-France ?
• Parce que CARE est une des seules ONG de développement à pouvoir accompagner aussi les entreprises sur leur responsabilité sociale et environnementale
• Pour l’approche globale, partenariale et participative de CARE
• Pour l’approche « pro entreprise » constructive de CARE
• Pour la capacité de CARE à décliner des opérations/campagnes au niveau mondial ».

Partenariats ONG-entreprises

Les partenariats ONG-entreprises sont pour beaucoup d’entre-eux des partenariats ONG-transnationales. Ce mélange des genres ne fait l’unanimité parmi les associations. Il est régulièrement dénoncé, notamment en France par Survie [19] ou Attac [20]. Il existe même des collectifs qui réunissent ces protestataires pour des actions ponctuelles. Ainsi le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » a récemment dénoncé un partenariat entre Médecins du Monde, Sherpa et Areva.

Pour les entreprises transnationales concernées, ces partenariats sont l’occasion de faire oublier leur rôle politique contesté et de s’attacher la sympathie que le public éprouve pour l’action des ONG. Dans certains cas, la contradiction est totale entre la pratique des uns et les idéaux affichés par les autres. En d’autres termes, certaines ONG ne défendent pas les idéaux dont elles se réclament, mais servent à blanchir les transnationales qui les subventionnent. Pis, des ONG peuvent utiliser leur statut pour permettre à des entreprises transnationales de jouer un rôle politique masqué. Ce phénomène va croissant avec le développement du rôle des OSC (Organismes de la société civile) au sein de l’ONU [21].

Pour CARE, la liste des entreprises partenaires parle d’elle même : Orange, Sanofi-Aventis, Lafarge, EDF, Starbucks... ; des entreprises qui animent divers lobbies au sein de l’Union européenne, de l’OMS, de l’OMC.

Lafarge est un bon exemple. C’est un groupe français de matériaux de construction, leader mondial des cimentiers. Son activité est très polluante et il l’a développée en provoquant de sévères dommages à l’environnement. Aujourd’hui dirigée par Bruno Lafont, l’entreprise comptait il y a quelques années Hillary Clinton parmi ses administrateurs. À l’époque, la première dame des États-Unis était intervenue pour réduire de 60 % une colossale amende exigée de l’entreprise pour ses violations des lois pourtant laxistes aux États-Unis sur l’environnement. Lafarge est membre de puissants groupes de pression, tel que Entreprises pour l’Environnement (EPE) —que Bruno Lafont préside— ou le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), sans parler de l’European Roundtable of Industrialists (ERT). Et bien sûr, Bruno Lafont participait à la dernière réunion du Club de Bilderberg. Pour l’entreprise transnationale, associer son image à des actions humanitaires, comme celles de CARE-France, est une nécessité de communication.

Complexités du pouvoir et du contre-pouvoir dans la « gouvernance globale »

Il ne s’agit pas ici de minimiser l’apport des ONG sur la scène internationale, ni de les stigmatiser dans leur ensemble au prétexte de la dérive de quelques unes, fussent-elles les plus visibles. Cette réserve ne doit cependant pas nous priver de lucidité face à un phénomène de fond.

Après les États et les entreprises transnationales, c’est au tour des ONG de faire irruption sur la scène politique mondiale. Elles exercent un « soft power », selon l’expression du professeur Joseph Nye, c’est-à-dire une forme de pouvoir moral [22]. Mais constituent-elles pour autant un contre-pouvoir ? Ce n’est qu’exceptionnellement le cas. Plus généralement, les organisations non-gouvernementales agissent de manière autonome, mais sont subventionnées par des gouvernements ou financées par des entreprises parce que leur action prolonge leur politique.

Dans le cas de CARE-International, l’ONG est une création indirecte du gouvernement états-unien dans le cadre du Plan Marshall. Elle poursuit des objectifs particuliers qui s’incrivent dans ceux du Plan et renforcent l’image philanthropique de la politique des États-Unis pour la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. Son action caritative non-gouvernementale participe d’un plan de communication gouvernementale.
Aujourd’hui, sa branche française remplit toujours la même fonction, mais sur d’autres théâtres d’opération. Ainsi, son action caritative non-gouvernementale en Palestine occupée participe du plan de communication du gouvernement colonial israélien.
En outre, CARE-France est financée par des banques et des transnationales qui utilisent son image de bienfaisance pour faire taire les critiques qui les accusent de se comporter comme des prédateurs économiques plutôt que comme des créateurs de richesses.

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David Axelrod, le spécialiste de la création d’ONG pour le compte de transnationales, est aujourd’hui conseiller en communication de Barack Obama.

Aux États-Unis, le cabinet ASK Public Strategies s’est spécialisé dans la création d’ONG pour le compte de transnationales. Le but est de permettre aux entreprises de peser indirectement sur le débat public. Cette méthode suppose évidemment que l’on conserve secret le lien entre l’ONG et la transnationale qui la finance. La découverte de celui-ci peut s’avérer dangereux, comme lorsque la presse révéla que l’association de consommateurs pour une électricité fiable, CORE, était en réalité une création d’ASK Public Strategies pour le compte des centrales nucléaires civiles Excelon. Quoi qu’il en soit, le fondateur d’ASK Public Strategies, David Axelrod, est aujourd’hui le conseiller principal du président Barack Obama.

Au début du XXe siècle, le sénateur belge Henri La Fontaine créa l’Union des associations internationales [23]. Celle-ci joua un rôle dans la constition de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, et de l’Institut international de coopération intellectuelle, qui préfigura l’UNESCO. À l’époque, l’idée était que la paix n’était pas simplement affaire des gouvernements, mais concernait tout un chacun. Les associations se devaient de jouer un rôle éducatif.

Aujourd’hui, le Conseil économique et social des Nations Unies a accordé un statut consultatif à 3 195 ONG qui leur permet d’avoir accès aux conférences internationales à la fois pour s’y informer et pour pousser leur idées [24]. Leur liste constitue un inventaire à la Prévert. Bien sûr, aux côtés de CARE-International, on trouve des associations regroupant des entreprises transnationales (par exemple le Business Council for Sustainable Development cité plus haut ou le World Economic Forum de Davos) et des associations paravent de la CIA (comme la Ford Foundation [25] ou la Freedom House [26]). En d’autres termes, avec le temps, on s’est singulièrement éloigné du principe fondateur de participation des individus à la paix.

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Jacques Attali

Dans cette perspective, Jacques Attali [27] a proposé de créer une Organisation des Associations Unies, dotée d’un pouvoir décisionnaire et participant à une nouvelle « gouvernance mondiale » [28]. Les ONG tireraient leur légitimité de leurs « combats pour la mise en œuvre des fondements de la démocratie : la liberté d’expression, la protection des femmes et des enfants, la lutte contre la peine de mort, le droit au travail, le droit au crédit, le droit au logement » (sic).
Ce projet consacre la lente dérive de grandes ONG qui entendent utiliser leur image pour s’emparer de leviers de décision politique au détriment de la souveraineté des peuples.





[1] « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001. Les Armées Secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser, éditions Demi-lune, 2007.

[2] « Histoire secrète de l’Union européenne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 juin 2004.

[3] Voir le site internet de la Fondation Hippocrène.

[4] Op. cit.

[5] Op. cit.

[6] Financier - The Biography of André Meyer : A Story of Money, Power, and the Reshaping of American Business, par Cary Reich, John Wiley & Sons, 396 pp., 1983. Version française : Un financier de génie : André Meyer, Belfond, 293 pp., 1986.

[7] Mémoires, par David Rockefeller, Fallois, 507 pp., 2006.

[8] Un homme d’influence, biographie de Siegmund Warburg, par Jacques Attali, Fayard, 571 pp., 1992.

[9] Ces messieurs de Lazard, par Martine Orange, Albin Michel, 354 pp., 2006.

[10] Marina Sauvage de Brantes était l’épouse de Guy Sauvage de Brantes, qui fut associé-gérand chez Lazard Frères aux côtés de Jean Guyot, puis directeur du maroquinier Hermès. De ce fait, elle est aussi la belle-sœur d’Anne-Aymonde Giscard d’Estaing. Son fils Emmanuel de Brantes est chroniqueur mondain à la radio et à la télévision.

[11] Arielle Malard-de Rothschild est l’épouse du propriétaire du journal Libération, Edouard de Rothschild. Le couple était proche de Nicolas et Cécilia Sarkozy qui sont venus passer leurs vacances avec eux dans leur résidence de La Baule.

[12] L’association Pasteur Weizmann a été créée à l’initiative de Simone Veil lorsqu’elle était ministre de la Santé. Elle permet à l’institut Pasteur (France) et à l’Institut Weizmann (Israël) de mener ensemble des programmes de recherche contre le cancer.

[13] Lily Safra est le veuve du banquier libano-israélien Edmond Safra, mort assassiné à Monaco, en 1999. Il était, entre autres, le principal mécène de l’Institut Weizmann en Israël.

[14] W Bowman Cutter fut chargé de la réorganisation de la Banque mondiale en 1983 sous la présidence d’Alden W. Clausen. Durant l’administration Clinton, il est adjoint de Robert Rubin. À ce titre, il est l’un des pères des législations qui ont conduit à la financiarisation de l’économie et à la crise financière mondiale de 2008. Il a théorisé les bienfaits de la globalisation pour le Council on Foreign Relations. M. Cutter était un des responsables de l’équipe de transition Obama-Biden. Il a supervisé le choix des hauts fonctionnaires qui dirigent le Bureau du Budget.

[15] Le Dr Gayle est pédiatre. Elle a dirigé le département Santé de la Banque mondiale. Elle est administratrice du Council on Foreign Relations et du Center for Strategic and International Studies. En tant que médecin militaire, elle a le rang de contre-amiral dans l’U.S. Navy.

[16] Site officiel de CARE-USA.

[17] « Retour sur les causes de la crise alimentaire mondiale », par Damien Millet et Éric Toussaint, Réseau Voltaire, 7 septembre 2008.

[18] Interview BFM du 13 décembre 2008.

[19] Site officiel de Survie.

[20] Site officiel d’Attac-France.

[21] « Organisations non (?) gouvernementales », par Thibault Le Texier, La Lettre du Forum de Delphes, novembre 2007.

[22] Bound to Lead : The Changing Nature of American Power, par Joseph Nye, New York, Basic Books, 1990.

[23] Site officiel de l’UIA. L’Union des associations internationales est aujourd’hui présidée par le Française Anne-Marie Boutin, conseiller référendaire à la Cour des comptes.

[24] Site officiel du département ONG du Conseil économique et social de l’ONU.

[25] « La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA » et « Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 5 et 19 avril 2004.

[26] « Freedom House : quand la liberté n’est qu’un slogan », Réseau Voltaire, 7 septembre 2004.

[27] Jacques Attali est aujourd’hui président de la banque virtuelle PlaNet Finance, dont la direction est assurée aux USA par Pierre Albouy du groupe Rothschild et au Conseil consultatif de laquelle siègent Michael David-Weill, Jean-Marie Messier et Felix Rohatyn, les leaders historiques de la banque Lazard.

[28] « Discours au sommet mondial des ONG », par Jacques Attali, Réseau Voltaire, 10 septembre 2004.

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Les ONG, instruments des gouvernements et des transnationales ?

par Julien Teil

Par définition les ONG (organisations non-gouvernementales) se présentent comme indépendantes des États et représentatives des citoyens. En réalité, elles sont de plus en plus souvent subventionnées par des gouvernements et financées par des entreprises transnationales. Bien que dénuées de légitimité démocratique, certaines ambitionnent de participer à la « gouvernance mondiale ». Julien Teil analyse ce phénomène à partir d’une étude de cas, l’association caritative CARE.

Icônes du désintéressement, les ONG sont entrées sur la scène politique mondiale depuis le début du XXe siècle. Certaines entendent désormais participer à la « gouvernance mondiale ». Mais quels intérêts représentent-elles exactement ? Pour répondre à cette question examinons un exemple révélateur, celui de l’une des plus importantes associations humanitaire au monde, CARE-International.

CARE-International est une association humanitaire fondée aux États-Unis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les fonds du Plan Marshall. L’association a commencé ses actions en envoyant des ravitaillements de nourriture, médicaments, et autres denrées nécessaires à une Europe déchirée par la guerre. Les premiers vingt mille paquets ont été expédiés au port du Havre le 11 mai 1946. La même année, plusieurs millions de familles, écoles et hôpitaux ont bénéficié de ces colis. CARE-France est l’une des 12 antennes nationales de l’association humanitaire CARE-International et a été fondée, entre autres, par le banquier Jean Guyot et l’avocat Jean Lisbonne.

CARE au sein de la construction Européenne et du Plan Marshall

C.A.R.E est l’acronyme de « Cooperative for American Remittances to Europe » puis de « Cooperative for American Relief Everywhere ». Dans l’optique du Plan Marshall, les Européens devaient être assistés et protégés, au besoin malgré eux, face à la menace soviétique. pour ce faire, ils devaient porter « les valeurs américaines » à la fois conservatrices et libérales et devenir des alliés inconditionnel des États-unis.

La CIA, à partir de 1948, et l’OTAN, à partir de 1949, mirent en place les réseaux stay-behind, chargés de prévenir l’arrivée des communistes au pouvoir et d’ organiser la résistance en cas d’invasion par l’Armée rouge [1]. Ils seront découverts ultérieurement et connus sous le nom générique de Gladio.
Dans la même veine, depuis les États-Unis l’ACUE (American Comittee on United Europe) subventionne toutes les organisations favorables à la construction européenne. Tandis que, côté européen, le « Comité d’action pour les États-Unis d’Europe » lui sert de relai. Il est présidé par le commissaire français au Plan, Jean Monnet. En outre, le Club de Bilderberg sélectionne et promeut les personnalités atlantistes en Europe. [2].

Jean Guyot, du Trésor français au capitalisme anglo-saxon

Attaché au cabinet de Jean Monnet avant d’être sous-directeur du Trésor, Jean Guyot assure la liaison entre le Plan Marshall (USA) et le Commissariat général au Plan (France).
Plus tard, en 1983, il fondera CARE-France avec le soutien du Plan Marshall comme CARE-International. Puis, en 1992, il créera la Fondation Hippocrène, reconnue d’utilité publique, « pour renforcer la cohésion entre jeunes Européens » [3].

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Jean Guyot

Vient le temps de la CECA, la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier, dont Monnet était le concepteur et Guyot le responsable financier.
Selon sa biographie officielle, « Il contribue à crédibiliser la première institution de l’histoire de l’Europe auprès des milieux financiers européens et américains en permettant à la Haute Autorité de la CECA de lancer des emprunts en son nom qui, à l’époque, ne signifiait que peu de chose, en particulier auprès des investisseurs américains » [4].
« Ces opérations sont réalisées avec l’aide d’un petit nombre de financiers dont André Meyer, associé de Lazard, David Rockefeller, qui dirige la Chase Manhattan Bank, et Siegmund Warburg. » [5].

Le haut fonctionnaire Guyot se rapproche ainsi des élites bancaires et financières internationales.
• André Meyer est un Français qui rejoignit la banque Lazard et s’installa aux États-Unis. Il devint « le plus important banquier d’investissement du monde occidental », selon sa nécrologie par le magazine Fortune [6].
• David Rockfeller, héritier de la Standard Oil, est à la fois la principale fortune des États-Unis et un homme d’influence. Il est notamment co-fondateur du Club de Bilderberg [7].
• Siegmund Warburg, fondateur de la principale banque d’investissement britannique, la S. G. Warburg & Co [8].

En 1955, Jean Guyot, sur les conseils de Jean Monnet, quitte la fonction publique et rejoint André Meyer à la banque Lazard, où il reste jusqu’en 2005. « La CECA accroît ainsi sa présence sur les marchés financiers internationaux et Lazard reste proche de l’institution européenne, dont la direction financière est assumée par Paul Delouvrier, successeur de Jean Guyot (…) Plus généralement, ce dernier œuvre en permanence pour la construction d’une Europe financière » [9].
Qu’en termes élégants ces choses là sont dites. Guyot banquier prête de l’argent aux institutions qu’il a dirigé lorsqu’il était haut fonctionnaire. Celles-ci s’endettent pour le plus grand profit de Lazard Frères.

ONG : Impartialité face aux gouvernements ?

Fondée en 1983 par Jean Guyot, CARE-France a été ultérieurement présidé par Marina de Brantes [10], et aujourd’hui par Arielle de Rothschild [11]. Elle est reconnue d’utilité publique par la République française. Sur son site internet, l’ONG se définit comme suit : « CARE est une association de solidarité internationale, non confessionnelle et apolitique ». Est-ce vraiment sûr ?

Prenons l’exemple de la Palestine occupée où CARE-France dépense 3 millions d’euros annuels, soit 20 % de son buget, officiellement pour l’assainissement de l’eau et l’approvisionnement en médicaments. Dans sa documentation, l’ONG s’abstient de toute prise de positions sur les conflits de cette région. Mais dans son rapport moral 2008, elle se vante d’avoir organisé une prestigieuse manifestation en France :
« Le Conseil Pasteur-Weizmann [12] et CARE se sont associés lors d’une soirée exceptionnelle à l’Opéra de Paris, en présence et en l’honneur de Shimon Peres, président de l’État d’Israël et Prix Nobel de la Paix, à l’occasion de sa visite officielle en France et sous la présidence de Simone Veil et de Lily Safra [13]. L’entière recette a été affectée à la recherche scientifique de Pasteur Weizmann et aux programmes humanitaires de CARE ».

On peut légitimement se poser la question de la nature des actions menées en Palestine occupée compte tenu des liens historiques de la famille Rothschild avec l’État d’Israël et du parrainage revendiqué par l’ONG à l’occasion de cette soirée de gala.

ONG et institutions intergouvernementales

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Helene D. Gayle, directrice de CARE-USA, au Forum de Davos, 31 janvier 2009.

À défaut d’assumer leurs liens avec des gouvernements, les ONG transnationales affichent volontiers leurs liens avec des institutions intergouvernementales. Cet aspect est souvent perçu comme un gage de compétence et d’impartialité. Mais cela est bien sûr ?

Ainsi, pour revenir à notre cas d’école, CARE-USA (la maison-mère) est administrée par une brochette d’anciens responsables de la Banque mondiale, à commencer par son président W. Bowman Cutter [14] et sa directrice générale Helene D. Gayle [15]. Selon le site internet de l’ONG [16], son activité principale est la lutte contre la pauvreté et la faim, dans la tradition de ce qu’elle a entrepris en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Elle revendique de pratiquer un intense lobbying auprès du Congrès et de l’administration Obama pour la mise en place d’un vaste programme public permettant de répondre à la crise alimentaire mondiale actuelle.

Or, la plupart des observateurs considèrent que cette crise alimentaire est imputable aux politiques imposées dans les années précédentes par la Banque mondiale pour imposer la globalisation économique [17]. Dès lors, l’activité humanitaire de CARE apparaît comme une tentative de limiter les effets sociaux dévastateurs de la politique impériale mise en œuvre par la Banque mondiale.

Impartialité face aux intérêts économiques ?

Revenons à Paris. En ce qui concerne la carrière personnelle d’Arielle de Rothschild, en beaucoup de points similaire à celle de ses prédécesseurs Jean Guyot et Marina de Brantes, elle indique une interview à BFM avoir travaillé pour le groupe Rothschild, puis avoir rejoint la banque Lazard. À ce titre, elle a organisé la privatisation de la banque Sahara en Libye (rachetée par BNP Paribas). Lorsque la journaliste lui demande si ses anciennes activités vont lui permettre de diriger CARE-France avec facilité. Elle confirme en indiquant : « Les interlocuteurs in fine sont les mêmes- » [18]

Les banques d’affaires sont des banques de capitaux au long terme, spécialisées dans le financement d’entreprises. Y travailler permet de tisser des liens étroits avec les hauts dirigeants des transnationales, les fameux « interlocuteurs » de Lazard et de CARE. C’est sans doute pourquoi on peut lire, sur le site internet de l’ONG :
« Pourquoi devenir [une entreprise] partenaire de CARE-France ?
• Parce que CARE est une des seules ONG de développement à pouvoir accompagner aussi les entreprises sur leur responsabilité sociale et environnementale
• Pour l’approche globale, partenariale et participative de CARE
• Pour l’approche « pro entreprise » constructive de CARE
• Pour la capacité de CARE à décliner des opérations/campagnes au niveau mondial ».

Partenariats ONG-entreprises

Les partenariats ONG-entreprises sont pour beaucoup d’entre-eux des partenariats ONG-transnationales. Ce mélange des genres ne fait l’unanimité parmi les associations. Il est régulièrement dénoncé, notamment en France par Survie [19] ou Attac [20]. Il existe même des collectifs qui réunissent ces protestataires pour des actions ponctuelles. Ainsi le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » a récemment dénoncé un partenariat entre Médecins du Monde, Sherpa et Areva.

Pour les entreprises transnationales concernées, ces partenariats sont l’occasion de faire oublier leur rôle politique contesté et de s’attacher la sympathie que le public éprouve pour l’action des ONG. Dans certains cas, la contradiction est totale entre la pratique des uns et les idéaux affichés par les autres. En d’autres termes, certaines ONG ne défendent pas les idéaux dont elles se réclament, mais servent à blanchir les transnationales qui les subventionnent. Pis, des ONG peuvent utiliser leur statut pour permettre à des entreprises transnationales de jouer un rôle politique masqué. Ce phénomène va croissant avec le développement du rôle des OSC (Organismes de la société civile) au sein de l’ONU [21].

Pour CARE, la liste des entreprises partenaires parle d’elle même : Orange, Sanofi-Aventis, Lafarge, EDF, Starbucks... ; des entreprises qui animent divers lobbies au sein de l’Union européenne, de l’OMS, de l’OMC.

Lafarge est un bon exemple. C’est un groupe français de matériaux de construction, leader mondial des cimentiers. Son activité est très polluante et il l’a développée en provoquant de sévères dommages à l’environnement. Aujourd’hui dirigée par Bruno Lafont, l’entreprise comptait il y a quelques années Hillary Clinton parmi ses administrateurs. À l’époque, la première dame des États-Unis était intervenue pour réduire de 60 % une colossale amende exigée de l’entreprise pour ses violations des lois pourtant laxistes aux États-Unis sur l’environnement. Lafarge est membre de puissants groupes de pression, tel que Entreprises pour l’Environnement (EPE) —que Bruno Lafont préside— ou le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), sans parler de l’European Roundtable of Industrialists (ERT). Et bien sûr, Bruno Lafont participait à la dernière réunion du Club de Bilderberg. Pour l’entreprise transnationale, associer son image à des actions humanitaires, comme celles de CARE-France, est une nécessité de communication.

Complexités du pouvoir et du contre-pouvoir dans la « gouvernance globale »

Il ne s’agit pas ici de minimiser l’apport des ONG sur la scène internationale, ni de les stigmatiser dans leur ensemble au prétexte de la dérive de quelques unes, fussent-elles les plus visibles. Cette réserve ne doit cependant pas nous priver de lucidité face à un phénomène de fond.

Après les États et les entreprises transnationales, c’est au tour des ONG de faire irruption sur la scène politique mondiale. Elles exercent un « soft power », selon l’expression du professeur Joseph Nye, c’est-à-dire une forme de pouvoir moral [22]. Mais constituent-elles pour autant un contre-pouvoir ? Ce n’est qu’exceptionnellement le cas. Plus généralement, les organisations non-gouvernementales agissent de manière autonome, mais sont subventionnées par des gouvernements ou financées par des entreprises parce que leur action prolonge leur politique.

Dans le cas de CARE-International, l’ONG est une création indirecte du gouvernement états-unien dans le cadre du Plan Marshall. Elle poursuit des objectifs particuliers qui s’incrivent dans ceux du Plan et renforcent l’image philanthropique de la politique des États-Unis pour la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. Son action caritative non-gouvernementale participe d’un plan de communication gouvernementale.
Aujourd’hui, sa branche française remplit toujours la même fonction, mais sur d’autres théâtres d’opération. Ainsi, son action caritative non-gouvernementale en Palestine occupée participe du plan de communication du gouvernement colonial israélien.
En outre, CARE-France est financée par des banques et des transnationales qui utilisent son image de bienfaisance pour faire taire les critiques qui les accusent de se comporter comme des prédateurs économiques plutôt que comme des créateurs de richesses.

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David Axelrod, le spécialiste de la création d’ONG pour le compte de transnationales, est aujourd’hui conseiller en communication de Barack Obama.

Aux États-Unis, le cabinet ASK Public Strategies s’est spécialisé dans la création d’ONG pour le compte de transnationales. Le but est de permettre aux entreprises de peser indirectement sur le débat public. Cette méthode suppose évidemment que l’on conserve secret le lien entre l’ONG et la transnationale qui la finance. La découverte de celui-ci peut s’avérer dangereux, comme lorsque la presse révéla que l’association de consommateurs pour une électricité fiable, CORE, était en réalité une création d’ASK Public Strategies pour le compte des centrales nucléaires civiles Excelon. Quoi qu’il en soit, le fondateur d’ASK Public Strategies, David Axelrod, est aujourd’hui le conseiller principal du président Barack Obama.

Au début du XXe siècle, le sénateur belge Henri La Fontaine créa l’Union des associations internationales [23]. Celle-ci joua un rôle dans la constition de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, et de l’Institut international de coopération intellectuelle, qui préfigura l’UNESCO. À l’époque, l’idée était que la paix n’était pas simplement affaire des gouvernements, mais concernait tout un chacun. Les associations se devaient de jouer un rôle éducatif.

Aujourd’hui, le Conseil économique et social des Nations Unies a accordé un statut consultatif à 3 195 ONG qui leur permet d’avoir accès aux conférences internationales à la fois pour s’y informer et pour pousser leur idées [24]. Leur liste constitue un inventaire à la Prévert. Bien sûr, aux côtés de CARE-International, on trouve des associations regroupant des entreprises transnationales (par exemple le Business Council for Sustainable Development cité plus haut ou le World Economic Forum de Davos) et des associations paravent de la CIA (comme la Ford Foundation [25] ou la Freedom House [26]). En d’autres termes, avec le temps, on s’est singulièrement éloigné du principe fondateur de participation des individus à la paix.

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Jacques Attali

Dans cette perspective, Jacques Attali [27] a proposé de créer une Organisation des Associations Unies, dotée d’un pouvoir décisionnaire et participant à une nouvelle « gouvernance mondiale » [28]. Les ONG tireraient leur légitimité de leurs « combats pour la mise en œuvre des fondements de la démocratie : la liberté d’expression, la protection des femmes et des enfants, la lutte contre la peine de mort, le droit au travail, le droit au crédit, le droit au logement » (sic).
Ce projet consacre la lente dérive de grandes ONG qui entendent utiliser leur image pour s’emparer de leviers de décision politique au détriment de la souveraineté des peuples.





[1] « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001. Les Armées Secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser, éditions Demi-lune, 2007.

[2] « Histoire secrète de l’Union européenne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 juin 2004.

[3] Voir le site internet de la Fondation Hippocrène.

[4] Op. cit.

[5] Op. cit.

[6] Financier - The Biography of André Meyer : A Story of Money, Power, and the Reshaping of American Business, par Cary Reich, John Wiley & Sons, 396 pp., 1983. Version française : Un financier de génie : André Meyer, Belfond, 293 pp., 1986.

[7] Mémoires, par David Rockefeller, Fallois, 507 pp., 2006.

[8] Un homme d’influence, biographie de Siegmund Warburg, par Jacques Attali, Fayard, 571 pp., 1992.

[9] Ces messieurs de Lazard, par Martine Orange, Albin Michel, 354 pp., 2006.

[10] Marina Sauvage de Brantes était l’épouse de Guy Sauvage de Brantes, qui fut associé-gérand chez Lazard Frères aux côtés de Jean Guyot, puis directeur du maroquinier Hermès. De ce fait, elle est aussi la belle-sœur d’Anne-Aymonde Giscard d’Estaing. Son fils Emmanuel de Brantes est chroniqueur mondain à la radio et à la télévision.

[11] Arielle Malard-de Rothschild est l’épouse du propriétaire du journal Libération, Edouard de Rothschild. Le couple était proche de Nicolas et Cécilia Sarkozy qui sont venus passer leurs vacances avec eux dans leur résidence de La Baule.

[12] L’association Pasteur Weizmann a été créée à l’initiative de Simone Veil lorsqu’elle était ministre de la Santé. Elle permet à l’institut Pasteur (France) et à l’Institut Weizmann (Israël) de mener ensemble des programmes de recherche contre le cancer.

[13] Lily Safra est le veuve du banquier libano-israélien Edmond Safra, mort assassiné à Monaco, en 1999. Il était, entre autres, le principal mécène de l’Institut Weizmann en Israël.

[14] W Bowman Cutter fut chargé de la réorganisation de la Banque mondiale en 1983 sous la présidence d’Alden W. Clausen. Durant l’administration Clinton, il est adjoint de Robert Rubin. À ce titre, il est l’un des pères des législations qui ont conduit à la financiarisation de l’économie et à la crise financière mondiale de 2008. Il a théorisé les bienfaits de la globalisation pour le Council on Foreign Relations. M. Cutter était un des responsables de l’équipe de transition Obama-Biden. Il a supervisé le choix des hauts fonctionnaires qui dirigent le Bureau du Budget.

[15] Le Dr Gayle est pédiatre. Elle a dirigé le département Santé de la Banque mondiale. Elle est administratrice du Council on Foreign Relations et du Center for Strategic and International Studies. En tant que médecin militaire, elle a le rang de contre-amiral dans l’U.S. Navy.

[16] Site officiel de CARE-USA.

[17] « Retour sur les causes de la crise alimentaire mondiale », par Damien Millet et Éric Toussaint, Réseau Voltaire, 7 septembre 2008.

[18] Interview BFM du 13 décembre 2008.

[19] Site officiel de Survie.

[20] Site officiel d’Attac-France.

[21] « Organisations non (?) gouvernementales », par Thibault Le Texier, La Lettre du Forum de Delphes, novembre 2007.

[22] Bound to Lead : The Changing Nature of American Power, par Joseph Nye, New York, Basic Books, 1990.

[23] Site officiel de l’UIA. L’Union des associations internationales est aujourd’hui présidée par le Française Anne-Marie Boutin, conseiller référendaire à la Cour des comptes.

[24] Site officiel du département ONG du Conseil économique et social de l’ONU.

[25] « La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA » et « Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 5 et 19 avril 2004.

[26] « Freedom House : quand la liberté n’est qu’un slogan », Réseau Voltaire, 7 septembre 2004.

[27] Jacques Attali est aujourd’hui président de la banque virtuelle PlaNet Finance, dont la direction est assurée aux USA par Pierre Albouy du groupe Rothschild et au Conseil consultatif de laquelle siègent Michael David-Weill, Jean-Marie Messier et Felix Rohatyn, les leaders historiques de la banque Lazard.

[28] « Discours au sommet mondial des ONG », par Jacques Attali, Réseau Voltaire, 10 septembre 2004.

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