samedi 6 février 2010, par Alain Gresh
Laïcité, le mot claque depuis quelques années comme un drapeau, celui qui flotte sur une forteresse assiégée par les hordes de nouveaux barbares, surtout ces barbares qui portent le foulard. Elles profanent les sanctuaires de la République, les services publics de la France fraternelle et égalitaire.
Cette offensive vise désormais les hauts lieux de la souveraineté populaire, comme le prouve la candidature d’une fille portant foulard du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) aux élections régionales. Et pourquoi pas demain, une femme voilée siégeant à l’Assemblée nationale ? Certes, cette auguste assemblée compte 85 % d’hommes mais, promis juré, ils sont tous féministes.
Pourtant, longtemps, ont siégé à l’Assemblée nationale de la République française (laïque) des prêtres portant l’habit sans que personne n’y trouve à redire. Deux cas, relativement récents puisqu’ils datent de l’après seconde guerre mondiale, sont célèbres, mais oubliés.
Le premier est le fameux abbé Pierre, le fondateur des compagnons d’Emmaus, qui fut député entre 1945 et 1951. Il ne quittait jamais sa soutane, ainsi que l’illustre ce reportage de France 2, qui le montre en 1949.
Plus près de nous, le chanoine Felix Kir, qui fut maire et député de Dijon (entre 1953 et 1967) : lui non plus ne quittait pas sa tenue religieuse, comme le montre ce reportage de 1960.
Si le problème ne se pose plus, ce n’est pas que l’Assemblée nationale a pris des mesures d’interdiction de l’habit religieux pour les députés, mais simplement parce qu’aucun prêtre n’est plus élu (et, de plus, depuis Vatican II, les membres du clergé ne sont plus tenus de porter l’habit). Evolution religieuse et sociologique à laquelle la loi (laïque) n’a eu nulle part.
Si l’habit ne fait pas le moine, fait-il le député ?
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